Les CRS tuent dans l’œuf une manifestation en faveur de l’avortement
Samedi 15 novembre, à 14h30, devant Notre-Dame à Paris, l’association pro-life « SOS Tout-Petits », a manifesté en toute légalité contre l’avortement. Une contre-manifestation spectaculaire simultanée, à l’initiative du collectif nouveau-né « Ces chieuses de féministes », a été interrompue par les CRS, qui ont retenu les militants pendant plus de deux heures.
Un faux avortement, ça se prépare. En revanche, ça ne se demande pas à la préfecture. C’est du moins ce que pensaient les militants du collectif « Ces chieuses de féministes », qui, pour protester contre les réactionnaires de « SOS Tout Petits », avaient décidé d’organiser une contre-manifestation au même moment. Ce rassemblement, qui comprenait lycéens, étudiants, punks, communistes, anarchistes et tout simplement féministes hommes et femmes, voulait interpeller l’opinion publique pour pointer du doigt tout le ridicule des antiques revendications de « SOS Tout-Petits ». Pour ce faire, Pauline, militante féministe, s’est improvisée faiseuse d’anges en simulant un avortement avec des cintres sur un ami complice, « enceint ». Aussitôt, les CRS ont encerclé les contre-manifestants quand ils ont compris de quoi il s’agissait, afin de protéger les bigots. « Si vous entrez dans le cercle, vous ne pourrez plus sortir », prévient un CRS. Qu’à cela ne tienne, voilà les militants pro-choice (c’est-à-dire en faveur de l’IVG) encadrés par les forces de l’ordre, puis lentement déplacés vers un parc proche. La centaine de contre-manifestants bêle littéralement de désarroi.
Tandis que « SOS Tout-Petits » manifeste tranquillement, distribuant probablement les joyeux tracts que l’on peut voir sur leur site (« Planning familial, le bras armé de la culture de mort » ; « Ouganda, seul pays d’Afrique où le sida est en régression : fidélité, chasteté, maîtrise de soi », « Pilule du lendemain : ils ont voté la mort », etc.) les défenseurs du droit à l’IVG sont prisonniers des CRS. Ils scandent à leur attention : « Plus de caresses, moins de CRS ! » mais ces derniers restent imperturbables. Ils ne donnent aucune information quant à la durée de la séquestration : eux-mêmes ne le savent pas. C’est seulement à l’attention des touristes, qui amusés, prennent des photos depuis leur bateau-mouche, que les prisonniers s’époumonent : « Machos, fachos, cathos, lâchez-nous le clito ! », « Priez pour nous, nous baisons pour vous », et le désespéré : « Appelez la police ! » Un jeune homme pensif s’interroge : « Les cathos, s’ils se prennent un coup de matraque, ils tendent l’autre jambe ? »
Vers 16h30, après 2h de rétention, les gardiens laissent sortir les « fauteurs de trouble » au compte-goutte, c’est-à-dire deux par deux toutes les trois minutes, la manifestation de « SOS Tout-Petits » achevée. Les contre-manifestants doivent se retrouver secrètement un peu plus loin, une fois tout le monde libéré. Seulement, grâce aux portables, ceux qui sont encore bloqués bénéficient d’une information de taille : les « fafs », skinheads fachos, qui ne manquent pas une occasion de venir en découdre avec les anarchistes, sont non seulement au courant de la réunion secrète, mais sont en plus déjà sur place. Une dispersion stratégique paraît donc plus sage, d’autant plus que le talkie-walkie d’un CRS grésille un « Ils se rassemblent » qui n’augure rien de bon.
Moralité de l’histoire : si on veut protéger la loi (en l’occurrence, la loi n° 75-17 du 17 janvier 1975 relative à l’interruption volontaire de la grossesse), mieux vaut avoir une autorisation préfectorale pour ne pas rester deux heures bloqués par les CRS avec des pancartes « Mon corps m’appartient encore » et « La vie c’est bien, le choix c’est mieux. » Cependant, il paraît peu probable qu’une contre-manifestation soit autorisée, étant donné les échauffourées que cela pourrait entraîner. Mais au fait, pourquoi accorder tant d’importance à ces mouvements minoritaires réactionnaires, étant donné que la loi est encore (pour l’instant) du côté des pro-choice ?
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