Les dés sont pipés !

Ces jours-ci, je rencontre de nombreux amis découragés, souvent au 36e dessous. Ils ne digèrent pas ou mal les résultats du premier tour des législatives. Je les comprends mais je ne partage pas leur analyse. Un examen rapide confirme la volée de bois vert du parti sarkozien et à contrario le succès du parti du président Hollande. Résultat normal du quinquennat établi par L.Jospin dont nous vérifions la cohérence désastreuse pour la démocratie. Les deux grands partis éliminent la présence de tous les autres. C'est "l'effet aspirateur". Partout dans le pays, les candidats non labellisés Hollande ont subi ce "gros temps". Dans ce cadre, les candidats Front de gauche non seulement ont résisté mais dans presque toutes les circonscriptions, ils progressent, souvent très fortement. Avec près de 8 %, le front de gauche gagne 500 000 voix. Performance remarquable quand tous les autres partis ( Modem, Europe Ecologie Les Verts, Debout la république, Nouveau centre, extrême gauche etc..) sont laminés et que le Front National se partage les restes des voix de droite avec l'UMP. Dans un vote marqué par une abstention massive et record !

Les médias tentent de masquer ce fait majeur : la remontée du front de gauche. Après les résultats des européennes, des cantonales, de la présidentielle, les résultats des législatives confirment qu'il faudra compter avec le front de gauche. Le paradoxe de cette élection c'est que la gauche mélenchonnienne aura moins d'élus alors qu'elle progresse. Iniquité du système électoral fabriqué pour entraver le changement. Faut dire que le découpage électoral était digne d'un charcutier. Tout était fait pour que les élus sortants communistes ne le soient plus bien qu'ils assurent une progression sensible dans leur ville.

Autre constat : les électeurs souhaitaient se débarrasser de Sarkozy. ils l'ont fait et bien fait le 6 mai. Après, ils veulent assurer la majorité au président qu'ils ont élu. Probablement le 17 juin, ils donneront la majorité absolue à F.Hollande. Quand à M.Lepen, alors que les commentateurs la donnaient élue avec un groupe FN, elle sera très loin de son objectif car elle même risque d'être battue si la gauche se rassemble à Hénin Beaumont ce qui semble être le cas. Le FN aura au pire un élu et au mieux pour les gens aucun représentant à l'assemblée nationale. Par contre, les électeurs de droite et ceux du FN vont se mélanger comme le souhaitent leurs dirigeants et la recomposition d'une droite plus extrémiste va s'en trouver accélérée.

Un mot sur l'abstention. Près d'un électeur sur deux ne s'est pas déplacé contrairement au 6 mai. Regrettable car ce sont les députés qui voteront les lois qui codifient notre vie. Chose très importante, ce sont les ouvriers qui s'abstiennent à 49%, les employés à 53% et les jeunes de moins de 25 ans à 66%. Les forces vives, les forces du travail, les forces qui ont le plus intérêt au changement social se sont détournées du scrutin. Terrible sous-estimation de la situation. Pourtant c'est la réserve naturelle du front de gauche. Quand ces électeurs reprendront le chemin des urnes, le plus tôt sera le mieux, ils pèseront dans les choix de transformation.

Revenons à l'essentiel de ce vote : le front de gauche sur lequel personne ne misait un kopeck il y a huit mois devient la deuxième force de la gauche et la quatrième force politique du pays. Impressionnante irruption dans le jeu politique. Personne ne peut l'ignorer. Surtout pas au moment où la crise financière s'approfondit et que les politiques d'austérité minent les pays européens dont notre pays. Le vote dimanche amplifiera certainement les résultats du 1er tour. Les socialistes auront la majorité absolue. Le front de gauche ne participera pas au gouvernement. La droite se réorganise autour des idées du FN. Une nouvelle histoire se met en place.