Les français et l’axe gauche-droite 1/3 : un reflet des résultats nationaux et du potentiel électoral du Centre
Une nouvelle analyse de l'auto-positionnement des français sur l'axe politique gauche-droite vient d'être publiée par l'Institut CSA pour Atlantico. Encore me direz-vous ? Effectivement, mais à la vitesse à laquelle les situations électorales évoluent, il est intéressant de continuer à suivre cette question.
Ce qui est particulièrement bien vu dans cette publication, c'est de constater l'ajout d'une proposition différente de celles que l'on a pu voir dans d'autres éditions de ce type. En effet, nous avions déjà vu la possibilité de se positionner "ni de gauche, ni de droite" mais plus rarement celle de n'être "ni de gauche ni de droite ni du centre."
Nous avons donc 6 positions avec le résultat suivant.
Les sous-totaux "A gauche" et "A droite, sachant qu'ils incluent au moins 4 partis ou plus : les partis d'extrême gauche (PC, PG, NPA...), le PS et EELV d'un côté, l'UMP et le FN (au moins) de l'autre, ils n'ont donc pas une vraie signification électorale, si ce n'est pour certaines situations de second tours, et encore. En revanche, en ajoutant "ni du centre" nous avons pour la première fois (ou comme rarement) un bonne idée de ce que représente le centre en terme d'adhésion volontaire.
Avec 14%, on voit donc que le potentiel d'un parti unique au centre serait d'être très solidement ancré comme troisième force politique incontestable.
Quid des 30% qui ne se reconnaissent dans aucune des positions de l'axe ou ne se prononcent pas ? L'interview de Yann-Marie Cann - Directeur Opinion de l'Institut CSA - ne le mentionne pas de cette façon, donc je vais faire quelques hypothèses sur le comportement électoral de ce groupe dans un ordre qui reflète sans doute les proportions du plus grand au plus petit nombre :
- L'Abstention : il faudrait donc ajouter une subtilité la prochaine fois en séparant NSP - ceux qui ne parviennent pas à se situer par manque d'intérêt par exemple- des "ni-ni-ni" qui expriment peut-être ainsi une certaine colère et/on un rejet de la classe politique
- Le Front National : on le voit solidement à 9% et on peut facilement imaginer qu'une partie de ces électeurs "non-identifiés" se tourne vers le FN expliquant ses scores élevés récents (en plus de ceux de droite et même d'autres courants qui peuvent se laisser tenter, mais dans une moindre mesure)
- Le Centre : c'est l'effet inverse, plus haut que ses scores électoraux le laisseraient entendre, mais qui pourrait trouver dans ce groupe une "réserve d'électeurs" qui veulent dépasser les catégories, bien que le centre soit inclus dans le triple "ni"
- Autres : y compris les nouveaux partis citoyens comme Nous Citoyens ou Nouvelle Donne bien que ces derniers doivent aussi intéresser les centristes et peut-être droite modérée pour le premier, et la gauche pour le second). Un potentiel non-négligeable pour eux.
Au vu de ces résultats il me semble que l'on retrouve les principales tendances électorales actuelles :
Les abstentionnistes potentiellement premier parti de France
- La gauche et la droite (PS et UMP) qui entrent dans l'arène avec une mise de départ de 20% de français qui votent un peu de manière manichéenne
- Le centre beaucoup plus souhaité que ces résultats ne le laisseraient croire
- L'extrême droite qui n'est toujours pas un mouvement fort d'adhésion
- L'extrême gauche qui est un vestige du passé
Ceci me renforce dans l'idée souvent répétée sur mon blog Des Mots Crates que le Centre uni ET indépendant AVEC un corpus d'idées clairement énoncé, s'adressant directement aux français plutôt que de considérer les alliances avec la droite (ou la gauche qui n'en veut pas) comme indispensables pourrait devenir une force politique majeure voire majoritaire, répondant ainsi à l'attente de nombreux français.
Ce sondage est extrêmement riche en information. Pour ne pas faire trop long, je poursuivrai donc cette analyse dans deux autres billets en utilisant les données qui évaluent l'influence de facteurs sociaux (sexe, âge, classe sociale, proximité politique) sur la capacité des électeurs à se situer sur l'échiquier politique (billet 2/3), et la correspondance de cet auto-positionnement avec leurs valeurs et leurs priorités (billet 3/3).
Méthodologie du sondage :
13 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON