Les héritiers du général de Gaulle
40 ans que le général de Gaulle a quitté les français. L’homme de la Libération, de la Ve République, de la guerre d’Algérie et du suffrage universel reste la figure politique majeure du siècle dernier. Hommages indirects à sa disparition, des membres de “sa famille” politique se sont distingués, chacun dans leur style. Il y a le fils Jacques, et les petits enfants, Dominique l’aîné, et Nicolas le dernier.
Cet enfant du général a ramené la flamme du gaullisme à l’Élysée en 1995, plus de 20 ans après la mort de Georges Pompidou. Il est celui qui a fondé l’UMP et le RPR, deux partis de droite assumant l’héritage du général de Gaulle. Il est surtout celui qui a le plus usé des spécificités de la république du grand Charles. Trois cohabitations : deux en tant que 1er ministre et la troisième comme président. Une dissolution du Parlement (aidé par Dominique) et deux référendums constitutionnels (pour le quinquennat et le traité européen).
C’est à la rubrique judiciaire qu’on entend parler de Jacques ces derniers temps. Soupçonné dans plusieurs affaires du temps de la mairie de Paris, il doit désormais affronter son statut de justiciable. Début octobre, le procureur Courroye avait demandé l’annulation de l’enquête sur les emplois fictifs de Nanterre datant de 1998. Manque de bol pour Jacques, le juge d’instruction Gazeaux le renvoie pour “prise illégale d’intérêts”, accusations qui se rajoutent aux emplois fictifs de Paris.
Les enfants gâtés
Dominique va être couvé par “son père politique”. Secrétaire général de l’Élysée durant 7 ans, il est promu ministre des affaires étrangères lors du 1er quinquennat de la Ve. Ses points forts : le charisme et le maniement du verbe. D’ailleurs, il en a fait profiter l’assemblée de l’ONU lors de son discours réfutant la participation de la France à la guerre en Irak. Ainsi avec Jacques, ils ont renforcé la souveraineté de la France face à l’empire américain. Le général serait fier de ses bambins.
Les points de concordance ne s’arrêtent pas là, Domi va également faire face à la pression de la jeunesse pour connaître “son Mai 68″ en 2006, avec le contrat premier embauche (CPE). Beaucoup y voient une manoeuvre de son frère de l’Intérieur, Nicolas, afin d’anéantir son crédit politique pour les présidentielles de 2007. Nico, lui, avait été écarté de la Chiraquie lorsqu’il s’était rallié à Balladur, l’autre candidat de la droite en 1995.
L’affaire politico-médiatique Clearstream va dissiper les derniers espoirs de candidature de Dominique pour 2007, ultime 1er ministre de l’ère Chirac. DDV, rejugé en mai 2011, va jouer son avenir politique dans cette affaire. Cela ne le décourage pas pour autant. Sorti de l’UMP, il a crée son mouvement, République Solidaire afin d’être à l’heure des présidentielles de 2012. Ainsi, Dominique ferait son grand baptême, lui qui ne s’est jamais présenté à une élection (je n’ai pas vérifié son parcours scolaire). Ce qui peut l’handicaper (en dehors de la justice), c’est que Dominique vilipende Sarkozy à tout bout de champ. Il en a encore fait la preuve cette semaine, en réitérant dans les médias que “Nicolas Sarkozy est aujourd’hui un des problèmes de la France”.
L’enfant délaissé
“Si la France m’a appelé à lui servir de guide, ce n’est certes pas pour présider à son sommeil”, citation choisie par Nicolas pour honorer “son grand-père” et justifier la présidentialisation de son quinquennat. Naturellement, les personnalités de sa majorité lui revendiquent pleinement cet héritage. Pourtant, des trois héritiers, il est celui qui s’est le plus écarté de la ligne du gaullisme.
D’un point de vue économique, il est le plus libéral et son activité au sein du G20 durant la crise économique l’a prouvé. Il a également mené le traité de Lisbonne à son terme, là où Chirac était resté sur un refus du peuple. Il s’est également mué en VRP international, omettant les valeurs françaises, telles que les droits de l’homme, notamment au cours de la visite du président chinois, Hun Jintao.
Côté politique, il réclame l’héritage de la volonté d’action, faisant allusion aux retraites, Nicolas évoque Charles “qui n’avait jamais reculé devant la nécessité de décider, parce qu’il savait qu’en repoussant la décision, les souffrances seraient plus grandes encore.” En revanche, il n’a trouvé aucune justification au sujet du bal ministériel de Matignon où il n’a toujours pas désigné sa cavalière.
En faisant revenir la France dans le giron de l’OTAN, Sarkozy s’est écarté définitivement de la ligne édictée par le général de Gaulle. Seul Villepin semble pouvoir revendiquer la filiation du gaullisme. Mis à part eux, reste-t-il des descendants capables de l’incarner ?
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