Les incohérences du candidat Hollande à l’épreuve de son projet européen
On croyait l’homme prisonnier de son aile écologiste. Mais le carcan du candidat Hollande est peut être bien plus vaste, et pourquoi pas, inextricable que cela. Dernier exemple en date : sa proposition de renégocier l’accord européen récemment trouvé sur la question de la dette. Car à bien regarder on se demande comment il va pouvoir concilier tant d’inconciliables.

Sa cure d’austérité médiatique n’aura pas duré plus de deux mois, et voilà François Hollande revenu sur le devant de la scène médiatique, sur un sujet éminemment d’actualité : les conditions de sortie de crise pour la zone euro.
Préférant, à juste titre, prendre de la hauteur vis-à-vis de ses « camarades » socialistes se dénonçant entre eux à qui est le plus contestable dans ses méthodes de séduction des candidats, le vainqueur de la primaire socialiste avance, pas à pas, les termes, toujours plus précis, du projet qu’il entend défendre à la présidentielle.
« Négocier ou renégocier l’accord européen »
Dernière proposition avancée en ce sens, celle concernant l’avenir qu’il entend donner aux dernières avancées européennes.
Et là l’élu de Corrèze n’y va pas avec le dos de la cuillère sur la question. Sa proposition concernant l’accord arraché de « haute lutte » lors du dernier sommet européen viserait, carrément, à en renégocier les termes.
Projet ambitieux s’il en est qui a toutes les apparences de l’extrême difficulté, voire de l’impossibilité, et ce d’autant qu’on sent le candidat désespérément sans parti derrière lui.
Pour se justifier d’une telle ambition l’ancien candidat socialiste avance plusieurs arguments. En ligne de mire pour lui un implicite idéologique : celui du choix de la rigueur pour sortir de la crise, là où, selon lui, l’option d’une politique de relance avait encore des chances de se montrer efficace.
D’où cette déclaration récente sur RTL au sujet de cet accord : "Pour redonner la confiance et pour soutenir la croissance, ce n'est pas la bonne réponse".
Comprenons : les choix « monétaristes » de l’Europe ne seront pas les siens, puisque lui est keynésien, bien qu’il s’en défende.
Automaticité, politique de relance et eurobonds
Cette déclaration fait, d’ailleurs, échos aux propos de Jérôme Cahuzac, en charge des questions de fiscalité et d’économie dans l’équipe de campagne de Hollande, lors du grand jury RTL le monde. En effet le député du Lot-et-Garonne y précisait la ligne de réflexion du candidat Hollande : refus, affirmé, des politiques de relance, mais tout en refusant le principe d’une inscription de cette obligation dans le champ constitutionnel français (à travers l’instauration d’une règle d’or), mais surtout dans le champ européen ( à travers le refus de l’accord européen tel que récemment trouvé).
Ligne de crête idéologique complexe consistant à refuser toute nouvelle dépense publique non pas tant par que les textes l’interdisent, mais beaucoup plus car les possibilités de soutenabilité de plus de dettes sont impossibles à honorer pour la France.
C’est toute cette presque hypocrisie qu’abrite la volonté de François Hollande de renégocier les récents accords européens. Son idée étant de rester à ce que disait Maastricht, c'est-à-dire le refus de trop de déficits publics, mais sans les mesures de sanction automatiques, pour qui en enfreindrait l’exigence, comme le prévoit le nouveau traité à venir.
Petit bémol en forme de reniement sur cette question du refus, supposé, des politiques de relance de la part du possible président Hollande : le fait que Cahuzac, lui-même, avoue vouloir utiliser les fonds du FSE pour financer des politiques de grand emprunt à l’attention de certains secteurs économiques.
On le voit donc la cohérence et la sincérité du projet socialiste peine encore à percer sous le feu des déclarations émanant des différents acteurs de la candidature Hollande. Mais quoiqu’il en soit chacune de ces prises de position fait état d’une logique assez labyrinthique. On peut même aller jusqu’à parler de drôle de gymnastique intellectuelle visant à dire : « on est d’accord sur le fait qu’on ne peut décider autre chose, mais il fallait le faire sans inscrire l’automaticité de la sanction ». Oubliant que c’est parce que ce dernier point n’existait pas, jusqu’à présent, que l’endettement s’est creusé.
Enfin ultime proposition du candidat Hollande : la question des eurobonds, dont on se demande bien comment il peut être pour s’il refuse tout principe de règle d’or et d’automaticité de sanction. Sans compter que de moins en moins de monde s’accorde à penser qu’il s’agit là de la solution convenant à tous les problèmes.
On peut se poser les mêmes questions lorsqu’il réaffirme son souhait, très pro-Montebourg comme par hasard, de mutualiser la dette des Etats européens.
http://www.rtl.fr/emission/le-grand-jury/ecouter/jerome-cahuzac-invite-du-grand-jury-7740567171
Grégory VUIBOUT le 13-12-11
13 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON