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Les outre-mers et la République

Derrière de grandes démonstrations d'intérêt, des promesses de rupture et une communication active, l'action du gouvernement depuis 2007 vis-à-vis des outre-mers se résume à une vision stigmatisante : les outre-mers vivent d'assistanat, aux crochets de la métropole. Cette politique se traduit par une réduction des moyens et le maintien à distance de ces territoires, à la périphérie de la République. Le rapport de Terra Nova sur les outre-mers appelle à revenir à une politique plus respectueuse, à travers notamment une nouvelle philosophie du développement des outre-mers, le développement d'approches spécifiques et valorisantes en matière d'environnement, de biodiversité, d'énergies et de risques naturels, la recherche de la cohésion sociale, la valorisation des identités et cultures ultramarines dans la République, le respect des populations et des élus sur les questions statutaires et institutionnelles.

2007 a constitué une vraie rupture entre l’outre-mer et la République. Le candidat Nicolas Sarkozy l’avait promis, il l’a fait !
 
La doctrine du développement endogène inventée pendant la campagne des présidentielles s’est révélée être bien davantage qu’un slogan : une véritable philosophie d’action.
 
L’outre-mer coûte cher ! Il faut en finir avec l’assistanat ! Voilà pour le constat dressé par le Président de la République et son gouvernement.
 
Il faut donc opérer un repli mais il faut l’habiller politiquement ! Voilà pour la méthode.
 
Depuis cinq ans, les outre-mers sont donc l’objet de grandes démonstrations d’intérêt voire d’affection et, parallèlement, ils assistent impuissants au démantèlement des outils de soutien au développement économique et à des tentatives d’instrumentalisation des questions statutaires ou institutionnelles destinées à les repousser à la périphérie de la République.
 
Une observation superficielle de l’action gouvernementale vis-à-vis des outre-mers pourrait amener à conclure hâtivement que la législature qui s’achève dans un an aura été active. Du point de vue de la communication, elle l’a été en effet ! Une loi sur le développement économique des outre-mer, des états-généraux de l’outre-mer, un conseil interministériel de l’outre-mer, un projet de loi créant des collectivités uniques en Guyane et en Martinique, une année de l’outre-mer…
 
Cette action en direction des outre-mers a toutefois été marquée par une ligne directrice claire : réduire les coûts et maintenir à distance :
 
- La loi relative au développement économique des outre-mer a eu pour principales conséquences de réduire les avantages fiscaux liés aux investissements réalisés outre-mer, réduire les exonérations de cotisations sociales destinées à soutenir l’emploi, réduire l’effort budgétaire en direction de logement social, réduire les dispositifs de continuité territoriale, etc.
 
- Les états généraux de l’outre-mer, exercice plutôt utile en théorie et qui a permis de faire émerger quelques d’idées intéressantes, a débouché sur la tenue, en novembre 2009, d’un conseil interministériel de l’outre-mer qui a lui-même accouché de très nombreuses décisions dont 25 % seulement (les moins coûteuses) étaient mises en œuvre 18 mois plus tard ! L’opération, on le voit, était habilement destinée à calmer les crises sociales qui s’étaient manifestées outre-mer début 2009 mais elle n’a donné lieu à aucun effort supplémentaire pour le développement des outre-mers ;
 
- Sur le plan institutionnel, le Gouvernement n’a pu que donner suite à l’approbation par les électeurs guyanais et martiniquais de la création de collectivités uniques. Cette création qui, pour l’instant, n’entraîne pas de conséquences notables sur les rapports entre l’Etat d’une part, et la Guyane et la Martinique, d’autre part, est cependant perçue par certains responsables politiques comme une première étape vers une distanciation vis-à-vis de la République. En Guadeloupe, le Président de la République qui souhaitait que ce territoire oriente aussi son choix vers la création d’une collectivité unique a refusé les propositions sages d’adaptation de la loi de réforme des collectivités locales qui lui étaient faites par les élus locaux. A Mayotte, le Gouvernement n’a pu retarder davantage l’accès de la collectivité au statut de département mais, sans les moyens correspondants à ce changement de statut, les Mahorais se sont aperçus rapidement qu’il sera sans effet sur leur vie quotidienne et l’archipel traverse une grave crise sociale ;
 
- L’année de l’outre-mer ! Encore une belle idée… si elle ne s’était pas résumée à labelliser, quasiment sans moyens supplémentaires, des manifestations culturelles récurrentes qui auraient de toutes façons eu lieu avec ou sans année de l’outre-mer.
 
La gauche en 2012 devra donc revenir à une politique plus respectueuse des outre-mers. Les responsables politiques ultramarins acceptent de plus en plus mal qu’on leur présente des mesures de repli budgétaire comme des avancées ! Ils sont capables d’entendre que l’Etat doit faire des efforts de rigueur budgétaire mais il convient de les associer aux choix, de ne pas stigmatiser les outre-mers en les présentant comme des territoires assistés et de ne pas faire de la gesticulation le seul axe politique.
 
Le présent rapport du pôle outre-mer de Terra Nova fait donc le constat d’une décennie de politique de droite vis-à-vis de l’outre-mer, constat qui fait apparaitre une vraie rupture en 2007.
 
Il tente aussi, dans cinq domaines principaux, de tracer les lignes de force pouvant guider l’action de la gauche et formule un certain nombre de propositions concrètes (cf. vadémécum) :
 
- Revisiter la philosophie du développement économique des outre-mers :
 
Les économies ultramarines, structurellement fragiles, souffrent davantage de la : crise mondiale, de la crise des finances publiques françaises et des crises sociales que les entreprises de l’Hexagone. Les répercussions de ces crises, en termes de pouvoir d’achat, sont difficilement supportables pour des populations qui, ainsi, s’appauvrissent.
 
Dans ce contexte, le recyclage « à la baisse » des outils qui permettaient jusque-là de soutenir l’économie des outre-mers, produit un effet multiplicateur des crises.
 
Aussi, il conviendra de renouveler le discours vis-à-vis des outre-mers en cessant de les stigmatiser et de les présenter à longueur de discours comme des territoires assistés vivant aux crochets de l’Hexagone. Une relance des investissements publics pour contribuer au rattrapage du retard encore très net en matière d’équipements, un recentrage des aides sur les outils les plus efficaces, la stabilité de ces outils et une lutte plus déterminée contre les facteurs de hausse des prix à la consommation devront être au cœur d’une nouvelle approche économique des outre-mers.
 
- Développer des approches spécifiques et valorisantes en matière d’environnement, de biodiversité, d’énergies et de risques naturels :
 
La politique environnementale ne peut évidemment pas se concevoir de la même façon dans l’Hexagone et outre-mer. Les outre-mers sont des espaces à la fois fragiles du point de vue environnemental et très riches en termes de biodiversité et de potentialités énergétiques. Il convient donc de valoriser leurs atouts par des politiques adaptées. C’est le cas par exemple en matière de biodiversité, dont les inventaires devront être enfin achevés pour en mesurer toutes les opportunités économiques et pour mieux la protéger. Une nouvelle approche des risques naturels devra également prévaloir pour tenir compte des risques nouveaux (élévation du niveau de la mer par exemple) spécifiques aux outre-mers.
 
Dans le domaine énergétique, il conviendra de mieux valoriser les atouts des outre-mers par des politiques plus constantes et plus cohérentes de développement des énergies renouvelables.
 
- Retrouver le chemin de la cohésion sociale outre-mer :
 
Dans les DOM, l’égalité des droits et l’égalité sociale ont été obtenues au terme d’un long processus d’une cinquantaine d’années qui a débuté avec la loi de départementalisation de 1946. Pour autant, l’égalité réelle n’est pas achevée dans la mesure où le chômage est beaucoup plus élevé, où le PIB est encore plus faible que dans l’Hexagone, et où des nombreux critères sociaux sont moins bons (illettrisme, décrochage scolaire, services à la personne, santé, pauvreté…).
 
Un effort particulier devra être porté sur l’éducation et sur la jeunesse, notamment en matière de lutte contre le chômage des jeunes.
 
Des actions volontaristes devront être engagées en matière de santé, en particulier pour lutter contre les addictions et les mauvaises habitudes alimentaires, facteurs de maladies graves.
 
Le logement social, en panne, devra être relancé.
 
Un effort particulier devra être fait pour faciliter l’intégration des Français originaires des outre-mers vivant dans l’Hexagone.
 
- Valoriser les identités et les cultures des outre-mers, dans la République  :
 
Les identités et les cultures des outre-mers se sont souvent construites selon des processus spécifiques de « créolisation » qui en font la richesse.
 
La diversité des cultures des outre-mers participent incontestablement à la richesse de la culture française. L’Etat doit appréhender ainsi cette diversité et la valoriser tant dans les outre-mers eux-mêmes que dans l’Hexagone.
 
Une telle valorisation est nécessaire pour renforcer le « vouloir vivre ensemble » et pour réconcilier des mémoires encore douloureuses.
 
A ce titre il conviendra notamment de préserver les patrimoines culturels des outre-mers, de promouvoir les expressions culturelles ultramarines localement, dans l’Hexagone et au niveau international.
 
- Sur les questions statutaires et institutionnelles, respecter les populations et leurs élus :
 
Les questions statutaires et institutionnelles sont très sensibles pour les élus ultramarins parce qu’elles sont au cœur d’enjeux de pouvoir.
 
Les populations des outre-mers sont, en général, moins intéressées par ces questions.
 
L’Etat doit donc se garder d’instrumentaliser ces sujets pour des raisons politiciennes car ils sont facteurs de division. Il ne doit pas non plus laisser croire que seules les adaptations statutaires et institutionnelles peuvent résoudre les difficultés des outre-mers.
 
Par ailleurs, il n’y a pas « une » solution statutaire et institutionnelle, mais il convient d’adopter une approche par territoire, et seul le respect des principes démocratiques et républicains doit guider l’action de l’Etat en la matière.
 
Au niveau de l’organisation de l’Etat, la pleine prise en considération des outre-mers nécessite une administration solide, compétente et politiquement forte.
 
Lire le rapport complet

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7 réactions à cet article    


  • Scorsonère noire géante de Russie 28 décembre 2011 09:51

    J’espère ( j’en doute ) que chacun est conscient de la stratégie de nos pseudo-socialistes pour diviser le peuple français. Ils sont en panique et doivent sauver leurs têtes et celles de leurs sponsors et commanditaires. Aussi misent-ils sur l’horizontalité des luttes, tous contre tous, de manière à éviter une lutte verticale qui aboutirait à l’abolition de leurs privilèges. Terra nova, fuyez ! Vous êtes cuits !


    • Prometheus Jeremy971 28 décembre 2011 13:09

      Droite comme gauche à l’approche des élections promettent beaucoup à l’outre mer et font très très peu...

      L’outre mer c’est plus de 2 685 705 d’habitants et autant d’électeurs, de quoi vous faire gagner une élection serrée.

      Après l’erreur des politiciens est de privilégier le tourisme, l’hotellerie, et la restauration dans ces îles qui sortent chaque année des cadres, des ingénieurs, des entrepreneurs.

      Résumé l’outre mer à des cocotiers, et des vacances dans un projet économique c’est réducteur.

      Créer des pôles de recherche, créer des structures pour la recherche et l’éducation, obliger enfin les compagnies aériennes à respecter la continuiété territoriale. Voilà ce qui serait intéressant.

      L’outre mer en veut, et si les politiciens étaient plus malins chaque euro dépensé se transformerait en dix euros gagnés.


      • jak2pad 28 décembre 2011 16:26

        quel tissu de blagues !

        que des mots creux, des affirmations sans preuves, des contre-vérités, des voeux pieux qui ne se réaliseront jamais.

        Terra Nova est le grand laboratoire à bla-bla du PS, et nos pisse-copies fraîchement diplômés de Sciences Po peuvent enfin écrire quelque chose.

        Moi, si quelqu’un me démontre que Mayotte, par exemple, est autre chose qu’un gouffre à fric et une filière de plus pour l’immigration clandestine, eh bien je lui exprime toute mon admiration.
        Ils faudrait tous les rendre indépendants, du premier jusqu’au dernier, et arrêter ces rêves de grandeur sortis tout droit du 18° siècle, c’est fini tout ça.


        • christian pène 28 décembre 2011 16:47

          Il est évident que la départementalisation de MAYOTTE n’a rien à voir avec un quelconque clientélisme , surtout si leurs droits sont meiux alignés à partir du 01 janvier 2012 sur ceux de la métropole......c’est par mécontentement envers Sarkozy qu’ils se sont révoltés à peine départementalisés.....pour obtenir « toujours plus , et plus encore »......évidemment HOLLANDE candidat imbécile ne saurait rien faire de tel.....il aurait demandé aux métropolitains et autres « zoutremers » s’ils voulaient de MAYOTTE avec eux.....

          comme on dirait en Nouvelle Calédonie , c’est « une affaire NICKEL »


          • Dolores 28 décembre 2011 17:29

            Terra Nova est une sous-m...d’un PS qui n’est plus socialiste.
            Pour un « think tank », il « tank » peut-être mais il ne ’think" pas beaucoup !


            • ddacoudre ddacoudre 28 décembre 2011 21:26

              bonjour terra nova

              je ne suis pas particulièrement au fait source sujet mais je ne vois pas comment notre président aurait pu faire autre chose que ce qu’il a fait en métropole déstructurer.

              La doctrine du développement endogène inventée pendant la campagne des présidentielles s’est révélée être bien davantage qu’un slogan : une véritable philosophie d’action.

              c’est un président sens pensé politique.
              ddacoudre.over-blog.com
              cordialement


              • vanvoght 29 décembre 2011 03:48

                les dom sont la proprietée des BEKES avant tout .
                90 % de la distribution alimentaire et autre est a eux
                80 % des terres cultivables aussis .
                TOUTES les subventions de la france tombent dans leurs poches . rien que pour la banane 200 milions d’euros .
                leur puissance :
                 - le plus important peu se permetre de virer une grande enseigne pour en faire s’installer une autre ( carefour ) et exiger en retour d’en ’etre actionnaire .
                - l’europe voulait suprimer l’octroi de mer , illegal et obsolete . ils montent a bruxel et le font prolonger de 10 ans .
                - pour leur bananes , ils obtiennent derogations sur derogation de la par du ministre de l’agriculture , autorisation de l’ependage par elicos de pesticides , autorisation d’utiliser un nouveau pesticide interdit ailleur ; alors qu’avec le chlordecone ils ont rendu inutilisable des milliers d’hectare de terre . et ils remetent ça avec l’aprobation de l’etat .
                - etc .............
                quel politicien auras le courage de s’opposer a eux ?
                le peuple antillais est toujour esclave des memes et refusent de le reconaitre .

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