Les Patrons sont sympas
Devant l'apathie de nos concitoyens, les patrons pourraient proposer de revenir à 10 H par jour, 2 semaines de congés par an et diminuer les salaires de 30% ; ils n'auraient qu'à dire qu'avec la mondialisation on ne peut pas faire autrement : « la conjoncture économique nous oblige à prendre des mesures radicales » ! Ils pourraient aussi repousser l'âge de la retraite à 75 ans, supprimer la sécurité sociale, et nous obliger à faire 8 jours de travail de solidarité !
L'utopie du patronat n'est pas la même que la notre, c'est sûr, mais la leur gagne du terrain. Une entreprise qui licencie et qui distribue des supers bonus à ses cadres, c'est la réalité. Une banque au bord de la faillite, soutenue par de l'argent public et qui donne des primes exorbitantes à ses tradeurs, ça existe. Des biens publics qui sont bradés à des copains, c'est vrai. Un président de la république arrivant au pouvoir en annonçant que les caisses sont vides et qui en même temps se double son salaire : c'était du domaine de l'impensable, et pourtant ...
Il y a 20 ans dans un conseil d'administration, un actionnaire a dit : il nous faut une rentabilité à deux chiffres. Tous ceux qui étaient présent ont dit, ce n'est pas possible, c'est de l'utopie ! Et bien, les utopistes du capital ont prouvé à leurs semblables que l'utopie n'était qu'une question de volonté : recul de l'âge de la retraite pour les salariés, privatisation des entreprises publiques, démantèlement de l'école et de la santé, gel des salaires pour les pauvres et allégements fiscaux pour les plus riches, …
Plus leur utopie avance, et plus nos libertés reculent. Nous sommes capables d'être violent envers quelqu'un qui nous vole notre voiture, mais nous acceptons que des gens pleins aux as, qui nous méprisent et nous exploitent précarisent notre avenir et celui de nos enfants ! Beaucoup acceptent sans bouger que l'on nous prive de nos droits, de notre système de santé simplement parce que certain l'ont décidé. Leur explication est simple : on ne peut pas faire autrement !
Rappelons à ceux qui nous rebattent les oreilles que la financiarisation est source de progrès favorisant l’investissement, l’emploi et l’innovation, rappelons leur qu'avant la dérèglementation financière, sans les tradeurs, les fonds d'investissement et les rendements à 20%, la croissance était de 5%, le chômage et la dette nulle ou presque. Rappelez-vous, c'était il y a à peine 30 ans !!!
Ce qui était impossible pour eux il y a 30 ans est super facile aujourd'hui. Grâce aux luttes et aux legs de nos anciens, notre génération a été pour beaucoup à l'abri du besoin, le monde du travail était soumis à des règles, la protection sociale développée, les prix encadrés et l'avenir ouvert. Nous nous sommes donc laissé endormir. Pendant ce temps le capital et le grand patronat n'a jamais cessé de lutter contre cet état de fait. Nous, nous avons baissé les bras.
Nous nous sommes contentés de vivre et de consommer. Nous leur avons abandonné le terrain politique, leur télévision et leur propagande ont fait le reste.
Nous livrons nos enfants à ceux qui aujourd'hui nous exploitent, en nous contentant de leur dire : « c'est comme ça, on ne peut pas faire autrement ! »
Article publié sur Conscience Citoyenne Responsable
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