Les réfugiés syriens au Liban
Suite à l’afflux des réfugiés syriens, le Liban passe par une période jugée délicate. Il fait face à des contraintes qui viennent s’ajouter à la longue liste de problèmes auxquels il est déjà confronté. Malgré de grandes aides fournies par des organisations internationales, plus précisément l’ONU, et de certains pays, le poids de la crise des réfugiés reste un lourd fardeau à porter en raison des diverses difficultés qui s’accroissent au fil du temps. Avec plus d’1.3 million et près d’ 1.5 million de réfugiés déjà présents, et un grand nombre qui continue d’émerger, le Liban s’embourbe.
Quel est le réel impact des réfugiés syriens sur le plan économique, sociale, politique, démographique, et sur l’ensemble de la sécurité du pays ?
Le conflit syrien, aussi prénommé « l’horreur à huis-clos », a débuté le 15 Mars 2011 suite au mouvement de contestation auquel le régime syrien de Bachar Al-Assad a répondu par l’utilisation d’armes. Ses manifestations se sont déroulées suite aux révoltes arabes qui se sont développées parallèlement dans les autres pays durant le mois de Février 2011. Le bilan de morts et de blessés ne cessait de s’alourdir et le conflit a par la suite mis la moitié de la population hors de son foyer et a ouvert la voie à l’avancée de l’Etat Islamique, puis, à sa montée en puissance. Le peuple syrien a ensuite entamé son immigration vers des pays voisins ou même lointains tels que les pays arabes, dont le Liban, les pays d’Europe et les pays du continent Américain, sans oublier l’Australie. Tous les pays n’ont cependant pas le même nombre de réfugiés en raison de leur politique jugée parfois sévère concernant les prises de positions renforcées sur l’accueil des réfugiés syriens.
Concernant le Liban, dont l’hospitalité est caractérisée d’exceptionnelle, est aujourd’hui, mis à rude épreuve. Il est considéré comme la plus grande concentration de réfugiés dans le monde avec un taux de 40%. Depuis le mois d’Avril 2011, un nombre assez considérable de réfugiés soit plus de 2000 avaient déjà été accueillis sur le territoire Libanais, un mois après le début du conflit et ne cessent d’affluer jusqu’à nos jours. Des statistiques réalisées par l’UNHCR, « l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés », permettent de comptabiliser le nombre de réfugiés arrivés au Liban depuis 2011. C’est ainsi que le nombre de réfugiés à ce jour, est estimé à a peu près 1.5 million. On compte aujourd’hui 1 syrien pour 4 libanais.
Pour commencer, la majorité des réfugiés syriens, qu’ils soient enfants, jeunes ou adultes, vivent soit sous des tentes, dans des camps informels, soit même dans des batiments délabrés ou encore des abris de fortunes tels que des garages, des fermes, ou des écoles abandonnées. Malgré le manque de sécurité, et les conditions de vie insalubres, ils sont contraints de payer des loyers dont le montant ne correspond pas à l’etat des locaux. Dans la vallée de la Békaa, l’installation d’une tente est aussi payante. Les champs ont été séparés en parcelles de cinq mètres sur cinq, et les loyers sont recoltés tous les six mois. Les abris sont non seulement payants, mais aussi construits par les réfugiés même. Cette attitude est justifiée par le refus du gouvernement de créer des camps de réfugiés, ce qui pousse les citoyens Libanais à profiter de la crise. La plupart des réfugiés n’ont pas de travail, et ne dépendent que des ressources des agences humanitaires qui leurs sont versées. La plupart d’entre eux ne peuvent pas se permettre de vivre dans des appartements en ville, ce qui les oblige à se retrouver dans des camps de réfugiés aux conditions de vies très dûres surtout durant l’hiver. Les risques sont très élevés durant cette période de l’année, dû à la non solidité de leurs abris. Ils sont en constante peur que les tentes s’envolent, mais aussi de ne pas pouvoir se réchauffer. Les moyens pour se réchauffer restent restreints et très souvent peu efficaces. Certains syriens clament que le plus important pour eux est de garder en vie leurs enfants et que faire face au froid, reste plus facile que résister aux canons et aux bombardements. En 2015, environ 70 % des réfugiés vivaient au-dessous du seuil libanais de grande pauvreté ce qui fait preuve d’une grande augmentation par rapport à 2014, où le pourcentage n’était que de 49 %. Selon des communiqués de l’ONU, l’insécurité alimentaire ne cesse de s’aggraver, puisque les réfugiés ne vivent qu’avec moins de 3,84 dollars par jour. Les raisons du manque de fonds et de moyens des ONG, vient en partie du fait que fin 2014, le gouvernement Libanais a restreint leurs accès au marché du travail ce qui ont réduit leurs chances de travailler et de pouvoir subvenir à leurs besoins de façon autonome afin que les ONG disposent de plus de moyens. Selon plusieurs rapports, la situation est qualifiée de plus en plus critique et les réfugiés sont menacés d’atteindre une pauvreté extrême, qui donnera suite à des conséquences très peu envisageables. L’UNHCR est en continuelle relation avec divers donateurs, qu’ils soient traditionnels ou privés, tels qu’une série d’organismes gouvernementaux, d’ONG, et d’autres petites organisations individuelles. Malgré l’intensification incessante de dons qui sont passés de 13.7 millions de dollars en 2011, à 471,9 millions de dollars en 2014, les besoins financiers recommandés par l’HCR au Liban restent très élevés. Le budget pour 2015 avait été fixe à 556.8 millions de dollars mais une fois de plus, ce montant reste insuffisant, soit en raison des dons promis mais non versés, soit en raison de la continuelle augmentation de réfugiés au Liban qui paralyse le suivi de tous. Ces aides couvrent l’enregistrement des réfugiés, même si un grand nombre demeure non enregistrés, les soins, qui au Liban, sont largement privatisés, ce qui empêche un suivi médical raisonnable, les frais d’éducations, la fourniture d’abris, la surveillance et la protection générale, et enfin, la distribution d’aides en espèces. Lors de l’arrivée des aides et de leur distribution, des réunions par petits nombres sont organisées afin d’expliquer aux réfugiés le déroulement de la distribution et l’usage des différents produits afin d’éviter une forte consommation. L’ONU a annoncé en Janvier 2015, qu’il n’avait pas reçu de la communauté internationale, la totalité des dons qui lui ont été promis et a par la suite annoncé qu’ils ne pourront plus poursuivre le programme de dons d’achats alimentaires pour quelques 900 000 réfugiés syriens présents au Liban. Selon une étude révélée par l’ONU, il y aurait que 3% d’enfants réfugiés âgés de 6 à 17 mois, qui bénéficieraient d’un régime alimentaire adapté et acceptable. Plusieurs personnalités montrent constamment leur indignation à l’égard de l’indifférence de la communauté internationale face aux sorts des réfugiés syriens. Plusieurs figures politiques, mais aussi plusieurs artistes de renommées internationales font le déplacement jusque dans les camps de réfugiés, pour observer le déroulement de la vie quotidienne de ces familles et essayer de leur redonner de l’espoir. Malgré la décision du 5 Janvier 2015, qui était de limiter l’accueil des réfugiés syriens en renforçant les frontières et en imposant des visas, les réfugiés ne cessent d’arriver. Le Liban a cependant annoncé, que malgré cette décision, aucune personne déjà présente sur le sol Libanais, ne sera expulsée du pays.
De plus, parmis les réfugiés Syriens, on retrouve un nombre élevé d’enfants, démunis de tout, en manque de repères, et pour la majorité, vivants dans des conditions de vie précaire. D’après l’UNHCR, les enfants représentent la moitié de l’ensemble des réfugiés syriens dans le monde, et au Liban même. La plupart de ces enfants se sont fait enlever leur enfance et pour certains leur jeunesse voire leur avenir. Ces enfants de la révolution syrienne sont couramment déscolarisés et contraints de travailler pour subvenir à leur besoin et à ceux de leur famille ce qui fait de l’éducation, un enjeu majeur. C’est ainsi qu’un enfant a expliqué a une envoyée de l’Unicef Liban, Soha Boustani, qu’il travaillait dans les champs de pommes de terre afin de nourrir sa famille tout en livrant un témoignage assez poignant où il lui confiait : « Regardez mes mains, ce ne sont pas des mains d’enfants. Ce sont des mains de vieux ». C’est ainsi qu’un grand nombre de ces enfants sont aussi constamment apperçus dans les rues de Beyrouth, livrés à eux même et mendiants à longueur de journée. On retrouve aussi parfois des garçons, cireurs de chaussures, ou vendeurs de chewing gum, et des filles, vendeuses de fleurs et de mouchoirs. Au Liban, malgré la gratuité de l’enseignement et le fait qu’il soit obligatoire, les capacités d’acceuils dans les écoles ont été dépassées. Selon l’UNHCR, plus de 400 000 enfants sont en âge scolaire, mais en 2014, seul prêt de 100 000 enfants syriens ont été scolarisés en raison, bien evidemment, du manque excessif de moyens. Certains enfants en raison de la guerre, ont perdus le niveau d’études adaptés a leur âge, ce qui fait que des enfants âgés, se retrouvent en classe avec des enfants d’un plus petit âge. Ils ont aussi pour la plupart, du mal a s’adapter au système scolaire libanais dont l’enseignement des plus importantes matières, est très souvent soit en francais, soit en anglais.
En addition à celà, les « petits réfugiés » manquent aussi d’intégration et sont très souvent victimes de discrimination, ce qui vient s’ajouter aux traumatismes psychologiques déjà présents compte tenu des horreurs qu’ils ont vues ou encore même vécues. Les enfants syriens ont très souvent du mal a se faire des amis libanais et se sentent rejetés de la societe. Mais, ils ne sont pas les seuls victimes de cette discrimination et de ce manque d’integration puisqu’ une grande partie des réfugiés syriens, qu’ils soient issus de milieux favorisés ou même défavorisés, témoignent de la difficulté d’intégration et des divers problèmes qu’ils rencontrent en tant que réfugiés ou en tant que syriens tout court. Une grande majorité témoignent d’être victimes d’incessantes agressions verbales, et d’injustices de tous genres. Des couvres feux, des agressions et des insultes, tels sont les mauvais traîtements que subissent la majorité des réfugiés. Certes nous ne pouvons pas mettre tout le monde dans le même sac, mais une grande partie des libanais se plaignent de l’afflux des réfugiés syriens en les blâmant d’avoir accès à des postes de travail qui devraient revenir aux libanais même. Un libanais a, lors d’une interview, rapporté : « Il faut mettre une limite aux syriens car ils n'en connaissent pas (...) Ils prennent le boulot des Libanais. Ce n'est pas grave si on leur donne des leçons de temps à autre ». Telle est la façon de penser de la plupart des Libanais, ce qui rend encore plus difficile l’adaptation des syriens et leur complète intégration. Cependant, plusieurs syriens ont avoués ne passer par le Liban que temporairement, ce qui laisse mieux comprendre le fait qu’ils ne veuillent pas totalement s’intégrer et investir de différentes manières dans leurs vies actuelles sur le sol Libanais pour essayer par la suite, d’avoir accès à d’autres pays, une fois en possession des ressources nécessaires et en mesure de s’en aller.
Pour finir, malgré les difficultés parfois insurmontables et dévastatrices rencontrées par l’ensemble des réfugiés, leur impact reste pénible sur l’ensemble des différents domaines du pays. Tout d’abord, le Liban vit un choc démographique inédit. L’afflux des réfugiés syriens risque en effet de déstabiliser un pays déjà fragile. Le phénomène était relativement discret jusque-là, mais on le ressent de plus en plus. Avec un nombre de syriens qui dépasse plus d’un quart de la population libanaise, le Liban est en surpopulation et ce phénomène affecte plusieurs facteurs du pays. Ceci se traduit par exemple par une accentuation des embouteillages, ce qui pose problème pour les déplacements réguliers et quotidiens. On remarque aussi que dans certains villages, le nombre de réfugiés est plus élevé que le nombre de citoyens libanais. Du point de vue économique, les réfugiés sont peut-être un fardeau, mais aussi une opportunité économique pour le Liban. De nombreux réfugiés font en sorte de monter leurs propres affaires afin de faire face à leurs divers besoins financiers et pour éviter de se retrouver sans travail. Le marché immobilier lui aussi est stimulé, surtout grâce aux syriens aisés qui investissent de manière accrues soit dans la construction, soit dans l’achat de bâtiments ou même dans les locations à prix élevés. Concernant les ouvriers, la main d’œuvre syrienne elle, est aussi considérée comme un élément clé dans le système économique du Liban. Concernant la sécurité du pays, le Premier Ministre, Tamam Salam, a annoncé qu’en raison du grand nombre de réfugiés syriens, le taux de criminalité est en hausse compte tenu du chômage et de la pauvreté. D’après lui, ceci serait une menace pour la sécurité du pays qui est déjà vulnérable. Les actions militaires du Hezbollah aux côtés de Bachar el Assad et son implication en Syrie, posent aussi un réel danger sur le Liban, qui peut être victime de répercussions à tout moment, ce qui toucherait aussi la politique du pays. On en a eu la preuve dans le dernier attentat qui s’est déroulé à Burj el Barajneh, fin 2015, et ou les enquêtes ont révélées l’implication de plusieurs kamikazes Syriens.
En définitive, les réfugiés syriens ayant fuient la guerre et ayant trouvé refuge au Liban, ont un sérieux impact qui est considéré majoritairement négatif et qui empêche le bon déroulement du pays tout en compliquant l’amélioration des problèmes auxquels le Liban fait déjà face. Plusieurs articles parlent des réfugiés syriens, en tant que « bombe à retardement ». Le Liban, toujours dans l’attente d’un Président, est un pays d’ores et déjà fragilisé politiquement et économiquement. Les réfugiés syriens ont certes du mal à subvenir à leurs besoins quotidiens, mais le Liban, déjà accablé par ses propres problèmes, ne peut être plus productif dans ses aides. L’ouverture totale et généreuse de ses frontières est une façon de rendre la pareille sachant l’accueil en Syrie qui a été fait au Libanais durant la guerre de 2006. Ces deux pays, ont une longue tradition migratoire, malgré leur long passé et leurs relations complexes. Le problème donne l’impression de s’éterniser, et n’est pas près de se régler dans les plus brefs délais. L’arrivée de réfugiés persiste, et les difficultés sont de plus en plus complexes.
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