Les renoncements d’#Hollande, 3ème épisode : les collectivités
Les renoncements de François Hollande s’accumulent depuis le 6 mai. Il suffit de lire ses 60 engagements de campagne pour réaliser, non sans un certain effroi, à quel point les virages opérées le sont à 180°, avec dérapages totalement incontrôlés. Tellement incontrôlées que c’est au ministre de l’intérieur qu’il revient désormais la charge de calmer “la grogne” sociale qui enfle et de manière musclée. Ainsi figurait en 3eme position des promesses présidentielles l’obligation pour les entreprises de rembourser les aides publiques en cas de délocalisation, mais également la mise en place d’un taux d’imposition à trois étages en fonction de leur taille. A la place, nous avons eu l’épisode des geonpis et le crédit d’impôt de 20 milliards que même Sarkozy n’avait pas osé mettre en place lors de son premier mandat. A la place, les syndicalistes et les grévistes, qui refusent les licenciements souvent boursiers auxquels on assiste, sontles cibles prioritaires des forces de l’ordre.http://agauchepourdevrai.fr

Le renoncement qui, ce jour, a retenu l’attention d’A gauche pour de vrai ! est passé presque inaperçu. Pourtant il s’agît d’un renoncement qui coûtera 3 milliards aux collectivités locales et territoriales, excusez du peu. Car notre désormais cultissime ministre du budget, également appelé Picsou par ses proches, Jérôme Cahuzac, les a minutieusement comptés les sous. Et il s’est aperçu qu’il manquerait à l’état 10 milliards en raison d’une petite largesse de 20 milliards octroyée aux entreprises du CAC 40 sous la pression du Medef. Et comme la tendance n’est vraiment pas de demander aux entreprises de participer à l’effort budgétaire mais bien plus de leur en faire “croquer”, Monsieur picsou a donc eu l’idée de se retourner vers les collectivités locales et territoriales. Ainsi, la promesse 54 de notre président, qui assurait la péréquation afin de permettre aux collectivités d’assumer leurs missions de plus en plus nombreuses, ne sera pas tenue ! Précisons que Fleur Pellerin, en charge des assises de l’entrepreneuriat qui se sont tenues à la mi janvier, entend poursuivre la politique d’allègement fiscal des entreprises. A ce rythme, les geonpis vont tellement grossir qu’ils deviendront rapidement des oies bien grasses… pour eux, pas question de “règle d’or” mais plutôt de champagne et de caviar.
Une telle décision, devrait, en théorie, mettre les élus et responsables socialistes en situation de révolte. Car à l’époque de Sarkozy, ils dénonçaient, à juste titre, l’étranglement des collectivités qui réalisent pourtant 70% des investissements publics du pays, investissements indispensables au maintient d’une relative activité. Ils allaient même jusqu’à voter des budgets en déficits, c’est à dire se mettre hors la loi, car une collectivité a l’obligation d’équilibre budgétaire. L’actuel président de l’Assemblée Nationale était hier président du conseil général de la Seine-Saint-Denis. Et c’est lui qui avait levé la fronde des élus locaux contre cette logique budgétaire qui conduit les collectivités à l’endettement, donc à l’étranglement. Il manque cette année, à ce même département, plus de 30 millions pour boucler son budget. Va-t-il, aujourd’hui comme hier, opter pour la révolte ? Ce serait logique non ?
Plus sérieusement, la véritable logique de cet étranglement budgétaire des collectivités est la privatisation des services publics de proximité. Pas une ville, pas un département, pas une région n’échappent à présent aux “délégations de services publics”. C’est ainsi que les entreprises privées réalisent ce que les collectivités ne peuvent plus financièrement assumer : distribution de l’eau, restauration scolaire, vigils de surveillance… Le tout dissimulé derrière un cahier des charges qui, assure-t-on, permet à la collectivité de garder le contrôle…En réalité, il suffit de voir comment il devient quasiment impossible de comprendre et donc de contrôler la manière dont certaines entreprises privées réalisent, entretiennent puis exploitent la distribution de l’eau par exemple, pour comprendre que le contrôle n’existe pratiquement plus. Les partenariats publics privés se multiplient comme les petits pains il y a 2000 ans. Et là, on ne peut plus se cacher derrière un cahier des charges car l’entreprise privée “partenaire” de la collectivité ou de l’état oeuvre à l’exploitation du service public et en détient des parts.
En réalité, il ne suffit pas d’être contre la peine de mort, pour le PACS ou pour le mariage pour tous pour être de gauche. Si tel était le cas, Chirac, Bachelot ou Apparu seraient des militants “gauchistes” avérés. Lorsqu’un gouvernement favorise la privatisation des services publics il est de droite. Lorsqu’un gouvernement allège la fiscalité des entreprises et alourdit la pression financière sur les collectivités, il est de droite. Lorsqu’un gouvernement envoie les forces de l’ordre maltraiter des salariés et accède dans le même temps à toutes les revendications du patronat, il est de droite. Lorsqu’un gouvernement transfère le financement de la sécurité sociale sur la consommation, il est de droite. Mais arrêtons là cette liste pour ne pas faire souffrir plus que de raison ces militants socialistes qui s’imaginent encore aujourd’hui être encartés dans un parti de gauche. Qu’ils sachent, en revanche, qu’ils ne pourront pas dire, à la veille de l’affrontement entre le rouge et le brun, qu’ils n’avaient pas vu leur parti virer au bleu vif. Leurs responsables gouvernementaux, qui sont aussi ceux de tous les Français, en acceptant la règle d’or, en l’inscrivant dans la constitution, en s’agenouillant devant l’autel des 3% de déficit, ont définitivement tué le Parti Socialiste. Leurs responsables ont définitivement rompu avec l’héritage d’un certain Jaurès. Les nouveaux mythes des dirigeants socialistes se nomment “David Ricardo”, “Adam Smith” et “Milton Friedman”.
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