Les silences de Dord
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L134xH98/dord-a34f9.jpg)
Le nouveau trésorier de l’UMP, et peut-être bientôt ministre, ne serait pas si irréprochable que Xavier Bertrand l’affirme.
Dominique Dord, député-maire d’Aix les Bains, aujourd’hui trésorier de l’UMP, en remplacement de « Woerth l’irréprochable » et peut-être futur ministre, suivant les bruits qui courent en Savoie, aurait déjà quelques casseroles.
Cet élu est classé « député godillot » par quelques uns de ses confrères.
Un député godillot, rapport ironique à Alexis Godillot, ce fabricant de brodequins militaires, est un député qui marche sans discuter, et qui fait là ou on lui dit de faire. lien
L’UMP n’en finit donc pas d’accumuler les contreperformances.
Elu en mars 2001 à la Mairie d’Aix les Bains, cette pimpante petite ville bourgeoise au bord du lac du Bourget, Dominique Dord serait au cœur de plusieurs affaires douteuses.
La première a été évoquée tout d’abord par un journal satirique : « l’AIXaspérant » en avril 2007.
Elle aurait d’étranges ressemblances avec l’affaire Woerth-Bettencourt-UMP et concernerait des soupçons de financements de campagne électorale illicites.
Autre ressemblance, Dominique Dord a été précédemment salarié de l’Oréal, l’entreprise chère à la femme la plus riche de France, Liliane Bettencourt.
Il a en effet été « directeur produits » pour la fabricante de cosmétiques de 1985 à 1987.
Dord s’est d’ailleurs amusé de la coïncidence en en rajoutant une couche, précisant qu’il dormait parfois chez sa belle mère, laquelle habite le même immeuble que Patrice de Maistre, gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt.
Y aurait-il une malédiction qui frappe tous les trésoriers de l’UMP ?
En effet, le 1 septembre dernier, « Rue 89 » a montré du doigt l’intéressé, qui dément de toutes ses forces. lien
C’est ce que relève aussi « Médiapart » dans son édition du 11 octobre 2010. lien
De quoi s’agit-il ?
Le 9 janvier 2007, Il aurait, moyennant 95 000 € acheté un terrain, par l’entremise de la SCI (société immobilière civile) DG, dont il est le co-gérant, et l’aurait revendu le lendemain pour 150 000 €, faisant un coquet bénéfice de 55 000 €. lien
Or la loi interdit aux parlementaires de gérer des SCI lucratives.
C’est clairement stipulé dans l’article LO146 du code électoral.
« sont incompatibles avec le mandat parlementaire les fonctions de gérant exercées dans les sociétés ou entreprises à but lucratif dont l’objet est l’achat ou la vente de terrains destinés à la construction… »
Dord s’en tient à prétendre être la cible de « certains détracteurs bien connus localement faisant circuler des rumeurs » et ajoute que le bénéfice de l’opération ne serait que de l’ordre de 8 700 €. lien
Cette SCI offre une autre particularité : elle est comme par hasard propriétaire des locaux de la fédération UMP de Savoie à Chambéry. lien
Fabrice Maucci, ex-conseiller municipal, et géographe, a quitté la vie politique en 2008.
Il témoigne en décrivant Dord comme quelqu’un « flirtant avec la droite la plus dure sur le plan des valeurs (…) on est face à quelqu’un qui a dilapidé le patrimoine foncier de la ville pour des projets qui sont purement immobiliers à très bas prix (…) on se disait que ce renouveau ferait du bien (il a été élu maire à 41 ans), que le dialogue avec l’opposition serait meilleur. On a vite déchanté ».
La ville est actionnaire principal (cas unique en France) de la S.A. (société anonyme) du « Cercle » qui gère deux casinos, une boite de nuit, et un restaurant.
Or c’est aussi interdit par la loi (article L2 253-1).
Une collectivité publique ne peut détenir plus de 33% d’une S.A.
D’ailleurs la Chambre Régionale des Comptes l’a signalé dans son rapport du 30 mai 2002 et l’a notifié le 12 juin 2002.
Pour n’être pas en reste, le « Canard Enchainé » du 8 septembre 2010 relate que Dord prétend que la chambre régionale des comptes n’a jamais eu un mot sur les opérations immobilières réalisées par celui-ci. lien
Or le rapport du 19 octobre 2005 ne consacre pas moins de 3 pages aux « anomalies » concernant les opérations immobilières. lien
Des lors comment expliquer que l’intéressé, affirmant l’inexistence de ce rapport, ait répondu à la cour des comptes en affirmant que :
« La municipalité à pris note des remarques de la Chambre sur les anomalies ponctuelles et a mis en œuvre un certain nombre de mécanisme afin qu’elles ne se reproduisent plus ».
D’autres rapports de la cour des comptes concernant la gestion de la ville d’Aix les Bains sont à découvrir sur ce lien
Ils pointent du doigt une gestion plutôt discutable des intérêts de la commune.
Ce qui est cocasse, c’est que Dominique Dord distribue partout aux frais du contribuable aixois un tract intitulé : « rapport de la chambre régionale des comptes : un bilan très satisfaisant ».
La CRC (chambre régionale des comptes) a fait un bilan plutôt mitigé sur la gestion de la commune :
la ville d’Aix les Bains doit rembourser, pour payer sa dette, 46,3% de plus que les villes de même catégorie.
Elle déplore que la municipalité soit en train de vendre ses propriétés pour rembourser les dettes.
Elle remarque le taux élevé d’imposition, + 22% en 2002, quelques mois après l’élection du maire, même si elle observe un léger tassement actuel (0,5%).
Elle constate que la commune est toujours dans l’illégalité en restant actionnaire du casino dans des proportions non acceptées par la loi.
Il parait donc plutôt aventureux de la part du député maire de qualifier de « satisfaisant » le bilan que la CRC fait de sa gestion.
« Le journal » d’Aix les Bains en a rajouté une couche en relatant le 28 septembre 2010 un « curieux circuit touristique de 3 millions d’euros ».
L’office du Tourisme invite la Jet Set a venir y faire des escapades à partir de 62,50 € promotionnels, en offrant pour ce prix une chambre, un petit déjeuner, un diner gastronomique (hors boissons) et 10 € en jetons pour aller « tenter sa chance » au casino. lien
En effet la ville d’Aix les Bains semble détenir un record, celui du plus gros budget d’un office de tourisme : 4,2 millions d’euros, ce qui fait tout de même 420 € par foyer fiscal.
Si l’on compare avec celui de Nice, dont j’avais raconté la discutable gestion, sous la houlette de Christian Estrosi, le « bébé médecin », et peut-être futur ministre de l’intérieur, Nice, pourtant dispendieuse, est battu à plate couture par Aix les Bains avec « seulement » 80 € par foyer fiscal. lien
Si l’on regarde les évènements de plus près, il apparait que la délibération n° 17 alloue une subvention de plus de 3 millions d’euros à l’office du tourisme…sauf que quelques mois auparavant la même décision avait été prise, et la subvention avait été déjà versée.
Dans l’opposition, et même dans la majorité du conseil, on s’interroge sur ce que le benjamin du conseil, Thibaut Guigue à qualifié de « mascarade », avant de quitter l’assemblée.
La Chambre régionale des comptes réclame des explications, d’autant qu’il y a une différence de près d’un million d’euros entre les subventions votées, et les dépenses correspondantes.
Aujourd’hui, le mystère reste entier. lien
Çà tombe mal pour le secrétaire général de l’UMP, Xavier Bertrand, qui avait présenté Dominique Dord comme « quelqu’un de particulièrement rigoureux, de sérieux ». lien
Voila qui ne va pas faire l’affaire de notre nimpérial président, qui, d’après des sources bien informées songeait à Dord comme ministre (du Budget ?) lors du remaniement ministériel reporté maintenant en novembre.
Allons nous faire bientôt une « sarkoverdose » doivent s’interroger les citoyens responsables de ce pays ?
Car comme dit mon vieil ami africain : « un petit gland peut devenir un magnifique chêne, mais il peut aussi rester un petit gland toute sa vie ».
L’image illustrant l’article est tirée de « tétu.com »
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