Les sondages ont-ils fait l’élection ?
Une chose est sûre : pour une grande partie des français, l'enjeu majeur de ces élection était de virer Sarkozy une bonne fois pour toute. Ayant bénéficié de la bienveillance des médias depuis le début de sa campagne, Hollande est donc arrivé, sans grande surprise, en tête au premier tout, avec près de 3 points de plus d'avance que le candidat sortant.
Après le cirque médiatique des sondages, cette sorte de plus grand cabaret du monde où l'on a vu défilé jongleurs fous et équilibristes de tout genre, la question de pose de déterminer quel rôle ils ont joué dans le score final du premier tour. rôle qui, selon moi était déterminant.
Même s'ils appartiennent pour la plupart à des grands groupes financiers proches du pouvoir, - à l'image de la vice-présidence de l'IFOP par laurence parisot - on peut imaginer que les instituts de sondage sont de bonnes foi et totalement honnêtes.
Partant de ce constat, il devient très difficile d'excuser la médiocrité intellectuelle du peuple de France, lorsque l'on voit, par exemple la fulgurante remontée de Sarkozy en même pas deux semaines suite à une allocution télévisée de 2 ou 3 faits divers...
Sans parler de la fabrication médiatique de la "vague bleue marine" juste après les primaires socialistes, fabrication concrétisée par une immédiate montée du FN dans les sondages. sans ces instituts, ni Marine, ni Nicolas n'aurait eu autant de points. Tout simplement.
Mais plutôt que d'admettre l'effarante avanie française, je préfère me dire que les instituts de sondages ne sont que ce qu'ils sont : un groupe de jongleurs numéraires, totalement vendus au pouvoir médiatico-politique.
Vous me direz sans doute "oui, évidemment qu'ils sont vendus, mais ça importe peu, car le libre arbitre permet à chacun de faire la part des choses !" et ce faisant, vous abonderez dans le sens de l'enseignement de science politique (du moins celui que j'ai reçu) expliquant, par un mécanisme douteux, que les sondages sont neutres dans la détermination des votes puisqu'ils créent deux réaction contraires, miraculeusement égales entre ceux qui soutiendront le candidat fort et ceux qui s'y opposeront. C'est beau la théorie politique...
Mais, car il y a un mais, je suis fermement convaincu (sans doute par une légère influence déterministe, probablement par une simple étude de bon sens de la campagne) que les sondages ont joué un rôle crucial dans l'élection. Pour s'en convaincre, regardons rapidos un petit historique du contexte de la campagne :
-au début il n'y avait que l'échec incontestable de Sarkozy, et la chute de DSK. bien.
-sont venues les primaires socialistes, avec Hollande élu candidat du ps (sans grande surprise, vu la motivation d'Aubry à se présenter à l'élection.)
. -puis, voilà venue la vague bleu marine ! création médiatique de toute pièce, suite à une succession au FN orchestrée dans un timing parfait, et bim, Le Pen serait un candidat fort. C'est dit.
-pendant ce temps Hollande flotte au dessus de la masse, à plus de 30 points, alors que Sarko frôlait à peine les 20.
-mais, coup de théâtre, après une intervention médiocre et dégoulinante de félonie, ce dernier remonte dans les sondages, il fait même un bond avec une tuerie crapuleuse dont chacun s'accorde à dire que la résolution de cette histoire était plus que douteuse, au passage chapeau bas à Guéant, qui, une fois que les élections l'auront mis sur le banc de touche a une reconversion toute tracée en temps qu'envoyé spécial, et pourquoi pas journaliste sportif ?
- surprise, sarko est à égalité de Hollande, voire en tête pour certains sondages ! je n'ai toujours pas compris comment il a fait, et n'arrive pas à me dire que les français soient si bêtes que les sondages le disent.
-bim bam boum énième surprise : Mélenchon aux alentours des 17%, devant Le Pen, à une semaine de l'élection, ça présageait du bon ! Sa montée à lui était compréhensible, vu la médiocrité des autres candidats.
Et c'est vendredi soir que tout a changé : pour une bonne partie des français une chose était sûre : tout sauf sarko. Beaucoup de gens se sont interrogés sur la possibilité de prostituer la démocratie au nom du vote utile afin, louable intention, de garantir l'alternance et d'en finir avec cette droite calamiteuse.
Avec les estimations de la fin de semaine dernière, mélenchon dépassant Le Pen, il n'y avait pas d'inquiétude quant à cela puisque les voix prises à hollande par celui-ci ne feraient que creuser son écart avec Le Pen et nous protéger d'un second tour Sarko/Lepen, le vote utile devenant par la même voter mélenchon, moi ça m’allait très bien, allant même jusqu'à me faire espérer chimériquement de voir un second tour avec une vraie gauche !
Mais c'est là que le génie de la manipulation médiatique s'est révélé dans toute sa splendeur ! Comme vous le savez, vendredi soir à minuit, plus aucun sondage ne devait être publié, de ce qui suit que les dernières estimations seraient celles que les français auraient en tête au moment d'aller aux urnes.
Et là, coup de théâtre : Sarkozy à égalité avec Hollande, et Mélenchon qui perd près de 4 points et se retrouve à un petit 14. Pour l'électeur stratège, plus de doutes : Mélenchon ne sera pas devant Le Pen, il fallait donc voter Hollande pour éviter qu'un scénario à la 2002 se reproduise !
Après un week end où la quenelle a pu mariner dans la béchamel, le tour était joué. résultat : écrasante victoire de Hollande, et 11% pour Mélenchon. voilà comment on vole une élection : le dernier sondage publié ! Merci aux sondeurs !
Je suis absolument convaincu que s'il n'y avait eu aucun sondages durant toute la campagne, le résultat aurait été tout autre !
Mais ne nous relâchons pas, rien n'est encore joué, avec ses 20% Le Pen peut encore faire mal, alors allons voter le 6 mai pour sauver les meubles, parfois un pâté en croûte vaut mieux qu'une quenelle de 22 !
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