Les sous-marins de Jacques Chirac
Que fera Jacques Chirac en 2007 ? Question, rétorque la majorité de la presse. Pourtant, Chirac est actif comme jamais. Et plus entouré qu’on ne le dit...
Un homme qui a passé sa vie à jouer à la bataille navale ne peut pas, du jour au lendemain, se mettre à la réussite ou au solitaire. C’est tellement drôle de voir couler un bateau qui croyait arriver tranquillement au port...
Tout le monde nous dit que Jacques Chirac ne se présentera pas en 2007. Et pourtant, certains signes laissent penser qu’il pourrait bien en être autrement.
Son autorité sort renforcée du conflit du Liban. Sa cote de popularité a grimpé. Il a soigné tous les détails, posant dans son bureau de Brégançon devant les objectifs de Paris Match, pour montrer qu’il maîtrise la situation. De plus, les Français apprécient son musée du quai Branly et suivent avec compassion les aventures de ses ours pyrénéens.
Mais surtout, Jacques Chirac n’est plus isolé. Plusieurs personnages ont apparu (ou réapparu) sur la scène politique. Ils pourraient devenir des alliés précieux pour lui... et des sous-marins prêts à torpiller un bateau adverse...
Débats et des idées
Fin août, Alain Juppé est revenu. Retour d’un long voyage. Pas en enfer, au Canada. Souriant et affable comme à son habitude, l’ex-maire de Bordeaux a décidé de « reprendre son siège ». Lui, qu’on ne peut soupçonner de sympathie pour Nicolas Sarkozy, est un fidèle de Jacques Chirac. Il déclare : « Ce n’est pas parce que je n’ai pas d’ambition personnelle que je ne participerai pas au débat d’idées en vue des élections présidentielle et législatives de 2007. » Le débat promet d’être sans pitié...
Fin juillet, Nicolas Hulot a annoncé qu’il pourrait se présenter à l’élection présidentielle. Nicolas Hulot est un électron libre. Il n’est pas inféodé à Jacques Chirac, ni à personne d’autre. Mais c’est lui qui a inspiré au chef de l’Etat sa politique écologique. Il lui a glissé à l’oreille la formule « la maison brûle et nous regardons ailleurs », prononcée en 2002. Depuis, le conseiller a fait du chemin. Mais il reste tout de même un proche de Jacques Chirac. Un soutien pour « super écolo » en vue de 2007 ?
Voix féminine
Le week-end dernier, l’université d’été de l’UMP était censée s’absorber dans le culte du chef Sarkozy. Et pourtant, les admirateurs ont clairement entendu une voix féminine qui entonnait une autre partition. Ce n’était pas Cécilia mais Michelle Alliot-Marie, dans le rôle de l’empêcheuse de sarkozifier en rond. Elle s’est plue à jouer aux cassandres : « Je ne crois pas aux campagnes gagnées d’avance. Je ne crois pas que nous gagnerons en disant aux gens ce que nous imaginons que chacun d’entre eux veut entendre. » En bonne chiraquienne et ancienne chef du RPR, elle sait que c’est lorsqu’un parti semble uni que l’unité risque de se fissurer. Loi presque physique, que Jacques Chirac connaît bien. Lui qu’on dit féru de philosophie chinoise maîtrise les fluctuations du yin sera yang. Qui est yin sera yang, qui est au sommet des sondages perdra l’élection...
Enfin, faut-il ajouter un dernier nom ? Risquons-en un : Dominique de Villepin. Vous vous souvenez ? Le premier ministre qui devait démissionner. Le mort-vivant presque mort. Le bateau presque touché-coulé. Eh bien, il a passé de bonnes vacances. Il raconte à qui veut l’entendre que le chômage baisse et que la croissance grimpe. Ses chiffres sont incontestables. Sa cote de popularité augmente. Il maîtrise un peu le yin et le yang, et il doit tout à Jacques Chirac qui l’a maintenu malgré le naufrage du CPE. C’est pourquoi le mort-vivant se verrait bien « participer au débat » en 2007, comme dit Alain Juppé.
Mal à l’aise dans ses tongs
Bien sûr, Dominique de Villepin, Alain Juppé, Michèle Alliot-Marie ou Nicolas Hulot ne sont pas des sous-marins de Jacques Chirac destinés à couler le vaisseau amiral Sarkozy. Penser cela serait mépriser ces personnes et réduire la politique à un jeu. Fût-il aussi captivant que la bataille navale.
Mais il n’en reste pas moins que l’hégémonie sarkozyenne pose problème à ceux qu’on appelle les chiraquiens. D’autant qu’avec le programme tout-libéral que leur concocte Nicolas Sarkozy, certains « gaullistes » sont mal à l’aise dans leurs tongs.
C’est pourquoi on peut affirmer aujourd’hui :
- Jacques Chirac ira au bout de son mandat, ce qui n’était pas gagné il y a quelques mois
- Il n’est pas si isolé qu’on veut bien le croire, il est même très entouré
- Sa popularité, qui reste très faible, augmente
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