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Accueil du site > Actualités > Politique > Les succès de la démocratie illibérale d’Orbán Viktor

Les succès de la démocratie illibérale d’Orbán Viktor

Le 26 juillet 2014 lors de la traditionnelle université d’été organisée par les magyarophones roumains à Tusnádfürdő le premier ministre hongrois Orbán Viktor est invité à prendre la parole. Il déclare vouloir créer un nouveau type d’État, un État illibéral. Pour lui la démocratie libérale et son corollaire le multiculturalisme sont des échecs patents. Ils ne doivent pas servir d’exemple pour la Hongrie. Il estime que que 50 % au moins de l’économie de la Hongrie devraient être entre des mains hongroises et non plus dans celles des étrangers et il ambitionne de faire disparaître les cercles d’intérêts étrangers qui veulent influencer la vie politique hongroise.

 

En fait c’est dès son retour au pouvoir en 2010 qu’il a commencé à mettre en place sa démocratie illibérale. D’abord avec la mise en œuvre, au grand dam de l’Union européenne, d’une politique économique non standard. Par exemple la taxation exceptionnelle des banques et des grandes compagnies, l'étatisation des fonds de pension privés ou l'imposition à 98 % des parachutes dorés et indemnités de licenciement que les socialistes avaient généreusement distribués à leur amis avant leur cinglante défaite électorale. Puis la durée de versement des indemnités de chômage est réduite de 9 mois à 3 mois.

 

Il y eut ensuite une nouvelle constitution, un peu fourre-tout : elle reconnaît l’identité chrétienne de la Hongrie, indique que le mariage ne peut être conclu qu’entre un homme et une femme, remplace le droit au travail par une obligation de contribuer par son travail à la prospérité générale, mais aussi interdit les OGM ou encore fixe le taux unique d’impôt sur le revenu à 16 %, abaissé par la suite à 15 %. La modification de la constitution nécessite la majorité des deux tiers au Parlement.

 

Les juges ayant tendance à interpréter la loi de façon plutôt partiale, le gouvernement fait passer leur âge de départ à la retraite de 70 à 62 ans afin d’insuffler du sang neuf dans le système judiciaire. La lenteur de la justice permettant à certains délinquants d’être libérés avant leur procès, le Parlement instaure la détention provisoire illimitée pour les détenus passibles des plus lourdes peines. La Cour constitutionnelle s’opposant trop souvent aux lois votées par les élus du peuple, le gouvernement nomme dans un premier temps quelques juges supplémentaires, avant de réduire considérablement les pouvoirs de cette Cour.

 

Avant les élections de 2014 le gouvernement impose ce qu’il appelle la baisse des charges, c’est-à-dire une diminution de 10 % sur les factures de gaz, d’électricité et de chauffage urbain pour les particuliers. Les compagnies privées concernées protestent et tentent de faire annuler la mesure en se tournant vers l’UE mais le gouvernement ne cède pas. Mieux il réitère l’opération à deux reprises ce qui aboutira à une baisse de 25 % du prix de l’énergie pour les particuliers. Les socialistes pleurnichent car cela fait baisser la valeur des compagnies privées que le gouvernement pourrait ainsi renationaliser.

 

Le salaire moyen hongrois étant parmi les derniers de l’Union européenne le gouvernement impose deux hausses successives du salaire minimum – 15 % en 2017 puis 8 % en 2018 – et du salaire minimum garanti pour les ouvriers qualifiés – 25 % puis 12 % – sans que les entreprises ne bronchent trop. En contrepartie les charges dites patronales sont réduites et l’impôt sur les sociétés est abaissé à 9 %.

 

Dès 2015 l’illibéralisme montrera son efficacité sur la question migratoire. Alors que l’immense appel d’air créé par Angela Merkel fait passer des centaines de milliers d’immigrés illégaux à travers la Hongrie, Orbán décide d’ériger une clôture aux frontières sud de la Hongrie. C’est l’armée qui construit tandis que le fil de fer barbelé est fabriqué dans les prisons. Fin 2015, alors que 400 mille immigrés illégaux ont traversé la Hongrie depuis de début de l’année, la route des Balkans passant par la Hongrie est coupée. Cela n’empêche pas les passeurs plein d’imagination de trouver des failles mais les immigrés illégaux sont réexpédiés si leur arrestation s’effectue à moins de 8 km de la frontière (on sait d’où ils viennent) sinon emprisonnés. Il reste cependant possible pour un nombre restreint d’immigrés de faire une demande d’asile à la frontière. Ces demandeurs d’asile attendent le résultat de leur requête dans des camps situés à la frontière, au-delà de la clôture. Pas question les laisser se promener dans l’espace de Schengen et encore moins dans la Hongrie.

 

Orbán Viktor refuse aussi le quota attribué à la Hongrie dans le cadre de la relocalisation de 160 mille immigrés décidée par l’UE. Il estime que c’est à la Hongrie de décider qui elle doit accueillir chez elle. Il considère que la plupart des immigrés illégaux sont des immigrés économiques qui ne cherchent qu’à profiter du système social généreux des pays occidentaux. Et, bien plus grave, la plupart des immigrés sont des musulmans, ils apportent une culture incompatible avec celle des pays chrétiens. Il ne cesse de pointer du doigt l’échec du multiculturalisme dans l’Ouest européen. Il ne veut pas de cela pour la Hongrie.

 

Orbán s’attaque aussi aux ONG qui ressemblent trop souvent à des Organisations Anti Gouvernementales financées par l’étranger, en particulier par le spéculateur financier Soros. Dorénavant les ONG recevant plus de 24 mille euros de financement étranger devront se faire enregistrer et indiquer le nom des donateurs étrangers avec les sommes versées. Quand aux ONG facilitant l’immigration illégale, elles se verront imposer au taux de 25 % sur les dons provenant de l’étranger. L’impôt ainsi recueilli servira au renforcement de la protection des frontières.

 

Est-ce que cela donne des résultats probants ? Lorsque vous vous promenez à Budapest vous voyez clairement que vous êtes dans une ville européenne, vous vous sentez à l’aise et en sécurité. Il existe bien un peu de délinquance mais les policiers agissent avec fermeté sans crainte d’être rappelés à l’ordre par une inspection des polices. Les juges ne sont pas tendres avec les délinquants et les peines de prison sont exécutées. Il n’existe aucune zone de non-droit en Hongrie. Ajoutons aussi que les tziganes (7 % de la population), pourtant beaucoup moins bien traités que les immigrés vivant en France, ne brûlent aucune voiture, n’incendient aucun bâtiment public.

 

Et du point de vue économique ? Examinons simplement les prévisions de l’OCDE pour l’année 2018. On apprend que les salariés hongrois devraient voir leur salaire réel augmenter en moyenne de 4,9% cette année. Une conséquence due au boom économique dans le pays avec une croissance attendue à 4,3% en 2018 et un taux de chômage parmi les plus bas du monde à 3,8% de la population active.

 


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20 réactions à cet article    


  • Diogène diogène 24 janvier 2018 16:54

    Ce que l’auteur présente sous le néologisme d’« illibéralisme » n’est qu’une nouvelle variante de nationalisme fascisant qui présente certains points communs avec celui qui sévit en Pologne.


    Efficace ou pas ? Chacun se fera l’opinion qu’il veut.

    Mais la question subsidiaire n’est pas sans intérêt : les fameux critères de convergence dont les ténors de la commission européenne se gargarisent quand il s’agit d’aligner les implementations socio-économiques sur les moins-disant sont-ils respectés dans les cas de la Hongrie et de la Pologne ? On pourrait même se poser la question de savoir si ce n’est pas ce modèle que souhaitent instaurer les gens de Bruxelles !

    • Diogène diogène 24 janvier 2018 17:11

      @diogène

      pendant qu’on est là, est-ce que quelqu’un pourrait me dire ce que signifie le message que m’a envoyé par e-mail un ancien collègue qui est retourné vivre en Serbie d’où ses parents avaient émigré : «  јебати своју мађарску мајку » ?

    • Zolko Zolko 25 janvier 2018 13:06

      @Jelena : « Pour la traduction : « J’encule la mère-patrie hongroise ». »
       
      ah non, ça c’est le premier prix ! (c’est la chute d’une blague)


    • Olivier Perriet Olivier Perriet 24 janvier 2018 16:56

      Un illibéralisme, avec le parapluie et les gros bénéfices de l’appartenance à l’UE (subventions + délocalisations + travailleurs détachés) et à l’OTAN (pas trop d’armée).

      Une façon d’avoir le beurre, l’argent du beurre, et tout ce qui va bien.

      Le modèle de Laurent Wauquiez...sauf que, c’est pour cela que Les Républicains sont ridicules, nos vieux pays sont de moins en moins riches avec tout ça : nous avons la même chose...mais en négatif.

      Je suis pour faire comme Trump, qu’on mette les choses sur le tapis.


      • melanix 24 janvier 2018 19:13

        La democratie « illiberale » ressemble beaucoup á celle que Ion Iliescu appelle democratie « originale »


        Des politiciens formattés á la sauce totalitariste en quete d’originalité . Une fois le mur de Berlin tombé, on passe d’un extreme (gauche) á un autre (droite).



        • berry 24 janvier 2018 20:05

          @melanix
          Dans le genre totalitaire, je verrais plutôt l’ancienne communiste Merkel.
          De quel droit veut-elle obliger les pays européens à recevoir des millions de clandestins musulmans et africains, contre la volonté des européens et sans consultation populaire sur le sujet ?

          Il n’y a pas que la Hongrie, les trois autre pays du groupe de Visegrád, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie refusent également les quotas d’immigrés imposés par Bruxelles et ils ont fermé leurs frontières. Leur politique a été une réussite totale : zéro immigré, pas de délinquance supplémentaire ni d’attentats, pas de baisse du niveau scolaire, pas de parasitage des aides sociales. Aucun des problèmes que nous connaissons.
          La France et l’Allemagne voudraient que ces pays prennent leur part « du fardeau » (sic). Ils reconnaissent ainsi que cette immigration est un fardeau, c’est un aveu d’échec après des décennies de propagande immigrationniste (les « chances pour la France » des années socialistes). C’est un fardeau mais alors pourquoi nous l’imposer et vouloir l’imposer aux autres ? C’est fou !
           
          En Europe de l’Est, il y a encore des politiciens honnêtes et intelligents qui travaillent dans l’intérêt de leurs peuples.
          Ca change des traitres et des idéologues mondialistes qui monopolisent le pouvoir chez nous.


        • Olivier Perriet Olivier Perriet 24 janvier 2018 21:32

          @berry

          Salut Richard,

          Tu peux nous jurer les yeux dans les yeux qu’à immigration 0, problème 0 ?

          Merci d’avance pour ta franchise et ton argumentation


        • Zolko Zolko 25 janvier 2018 00:50

          @Olivier Perriet : vous n’avez pas (encore) compris le principe de logique élémentaire suivant : si on a 2 propositions P et Q, le contraire de P=>Q n’est pas que !P=> !Q, mais !Q=> !P.
           
          dans votre cas, la proposition P est « il y a beaucoup d’immigration » et la proposition Q est « il y a beaucoup de problèmes ». Ce que berry (et Orbán) dit c’est que P donne Q, c.à.d. que beaucoup d’immigration donne beaucoup de problèmes. Donc si on veut avoir peu de problèmes, il faut au minimum commencer par avoir peu d’immigration. Mais ça ne veut pas dire qu’aucune immigration ne donne aucun problème, car les problèmes peuvent être aussi causés autrement que par l’immigration.
           
          Je vous invite à regarder cette petite video éducative qui explique ceci pour les élèves de 2nde (ça devrait être dans vos cordes) :

          https://www.lesbonsprofs.com/espace/seconde/generale/mathematiques/raisonnem ent-mathematique/1164/reciproque-et-contraposee-1901


        • Olivier Perriet Olivier Perriet 25 janvier 2018 09:17

          @Zolko

          Sans vidéo éducative, je dirais que l’immigration ne fait que révéler ou aggraver des problèmes qui existent largement en dehors d’elle, ce qui change tout.

          Pour prendre un exemple intéressant :
          le délire anti sioniste / anti israélien est clairement aggravé par la présence de maghrébins, qui lui donnent un poids numérique certain, mais il est aussi largement porté par de révolutionnaires de salons bien de chez nous (tel le triste sire qui danse la Guigue tous les jours sur AV)

          Au fait, pour continuer sur la remarque de Richard, s’il peut expliquer quel est le système de protection social qui est vachement performant en Hongrie, puisqu’il n’y a pas d’immigré suceur de sang ? ça m’intéresserait


        • Zolko Zolko 25 janvier 2018 13:04

          @Olivier Perriet : « l’immigration ne fait que révéler ou aggraver des problèmes qui existent largement en dehors d’elle »
           
          pas d’accord : l’immigration de masse venant de pays ayant une culture hostile à la culture locale crée tout un tas de problèmes inexistants sans cela. Les mots-clefs étant en gras. Les Portugais ou Italiens n’avaient pas la haine de la France, pas plus que les Polonais ou Hongrois aujourd’hui.
           
          « le délire anti sioniste / anti israélien est clairement aggravé par ... »
           
          ... le comportement criminel en toute impunité d’Israël.


        • Olivier Perriet Olivier Perriet 26 janvier 2018 10:02

          @Zolko

          Finalement vous avez au moins un point commun avec « cette immigration hostile de masse » :
          Vous n’aimez pas Israël .... alors qu « un bon français » pourrait/devrait s’en cogner.

          Tout cela ne vole pas très haut


        • Zolko Zolko 26 janvier 2018 11:15

          @Olivier Perriet : comme je l’ai clairement dit, ce que je n’aime pas est le comportement criminel d’Israël. Comme je n’aime pas le comportement criminel des USA en Irak, celui de la France en Libye, ...
           
          Quant-à ce petit bout de désert insignifiant qu’est la Palestine, je m’en moque éperdument. Par contre, ceux qui cherchent à méler ce petit bout de désert insignifiant à toutes les sauces me gonflent grave (comme vous ici sur un sujet sur la Hongrie : quel rapport avec Israël, et pourquoi la ramenez-vous ici ?)


        • melanix 26 janvier 2018 17:22

          @berry
           Comme vous l’avez bien décrit , les visegrád ne sont autres que des pays ex-communistes. 70 ans de formatage totalitariste.

          Pour votre info , Viktor Orban a accepté d’heberger 1800 refugiés en 2017 .Tout juste le quota demandé par l’UE. Evidemment les medias muselés par le regime ont passé sous silence l’information, ce qui prouve bien qu’on est en dérive totalitaire.
          D’apres votre description , ces pays dits de visegrád ressemblent á un paradis sur terre ! Il faut tout de meme mentionner le fait que la corruption qui gangrene les institutions de l’état ,reste le fleau numeros un. 
          Demographiquement, la reussite n’est pas au rendez-vous, il y a plus de morts que de naissances en 2016 par exemple. La population vieillit, il faut « importer » des immigrants pour les cotisations sociales. Il y a plus 40.000 chinois en Hongrie actuellement, c’est une immigration en croissance, il faut peut-etre introduire le chinois comme 2eme langue dans le systeme educatif hongrois.

        • Olivier Perriet Olivier Perriet 28 janvier 2018 00:28

          @Zolko

          Quel rapport avec la Hongrie ? Aucun.

          C’était un exemple à peu près objectif de sujet biaisé / enflé par une certaine immigration. Sujet qui fait aussi les choux gras de certains Francais bien de chez nous, hormis toute immigration


        • Zolko Zolko 25 janvier 2018 01:00

          La démocratie libérale, je vois ça un peu ce que Obama ou Hollande pratiquaient : guerres d’agression, exécutions arbitraires sur la planète entière (par des drones armés), soutient aux terroristes variés, soumissions aux banques, surveillance généralisée par des services secrets hors-contrôle, limitation de la liberté d’expressions et punition des donneurs d’alerte (Snowden, Lux-leaks, Dieudonné), enrichissement des 1% plus riches et explosion des inégalités ...
           
          Perso, ça ne me plaît pas beaucoup, alors je suis assez d’accord pour tenter autre-chose. 


          • Diogène diogène 25 janvier 2018 13:53

            @Zolko

            « ...alors je suis assez d’accord pour tenter autre-chose. »

            C’est vous qui voyez !

            Yen a qu’ont essayé !

            Ils ont eu des problèmes !

          • Buzzcocks 25 janvier 2018 14:14

            La Hongrie ne connait pas l’immigration mais l’émigration.... c’est à dire que dès qu’un jeune est formé et parle anglais, il se barre de ce « paradis illibéral ».
            Sacrée réussite qu’un pays vieillissant parce sa jeunesse se barre bosser en Allemagne ou faire hôtesses à bar à putes à Paris ou Londres.
            Vous ajoutez un faible taux de natalité et le pays ne sera plus habité que par des vieux.... donc oui, le chômage peut être faible quand on n’a pas d’actifs sur son sol !
            La Hongrie, c’est 11 millions d’habitants en 1985, et plus que 9.8 millions actuellement.


            • berry 25 janvier 2018 15:26

              @Buzzcocks
              Un pays ruiné par 45 ans de communisme ne peut pas se relever en un claquement de doigts.


            • Buzzcocks 25 janvier 2018 16:09

              @berry
              Bien vu mec de 1960 à 1990, la population ne fait que croitre et depuis que le mur est tombé, elle ne fait que baisser et ça s’accélère sous Orban.
              Donc oui, vous avez raison, les jeunes profitent de la chute du mur pour se barrer du pays... ce qu’ils ne pouvaient probablement pas faire avant.
               


            • waymel bernard waymel bernard 25 janvier 2018 17:21

              @Buzzcocks l’Occident avait fait croire aux hongrois qu’après la chute du communisme ils vivraient dans un monde d’abondance, un monde merveilleux, que leur niveau de vie s’alignerait rapidement celui de l’ouest européen. Mensonges bien entendu. Alors que des jeunes, pas nécessairement bien formés (les prostituées expatriées sont essentiellement des tziganes) s’expatrient, cela est compréhensible. Il y aurait environ 500 mille hongrois travaillant à l’étranger. Remarquons toutefois que notre charmante France, où il fait si bon vivre, compte environ 2,5 millions d’expatriés.

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