Les vrais dessous de l’immigration en France
Certains ont dû tomber de haut en apprenant la nomination de l’ancien socialiste Eric Besson à la tête du ministère de l’immigration et de l’identité nationale, en remplacement de Brice Hortefeux.

PS et UMP seraient donc aussi d’accord sur ce point ? Mais comment est-ce possible ? Moi qui pensais que la gauche était laxiste, et que la droite au contraire se montrait restrictive, qu’elle avait mis en place une politique ferme et efficace de reconduites à la frontière des clandestins...
Voilà ce qu’ont dû se dire certains.
Et pourtant ! Rien de surprenant à cette nomination. Rien d’étonnant à ce que l’ancien soutien de Ségolène Royal, député socialiste pendant 10 ans de 1997 à 2007, succède à Brice Hortefeux, pour mener la même politique.
Tout simplement parce que sur l’immigration comme sur la plupart des autres sujets, PS et UMP appliquent le même programme, celui que leur dicte la mondialisation libérale et son relais l’Europe de Bruxelles.
Les oppositions là-aussi ne sont que de façade. La réalité des pratiques et des chiffres nous le démontre.
Que les choses soient claires en effet. Depuis les années 1960, et plus encore à partir des années 1970 et l’installation dans le marasme économique, le premier demandeur d’immigration est le grand patronat. Les rapports du grand patronat français et européen sur le sujet foisonnent. Il faut plus d’immigration en France nous répétent-ils depuis des décennies.
La raison est bien simple : en faisant appel à la main d’oeuvre immigrée, le grand patronat crée une concurrence entre les travailleurs, concurrence sur les salaires et les droits sociaux.
Le résultat escompté est de faire pression à la baisse sur les salaires et de remettre en cause ces droits.
Faites venir des immigrés habitués à être dociles, à ne jamais rien revendiquer, et à être payés une misère, et vous aurez des travailleurs "modèles", le rêve de tous les patrons.
Les ouvriers furent les premières victimes de cette politique dans les années 1970. Depuis quelques années, les ingénieurs et les métiers plus qualifiés commencent à en pâtir eux-aussi.
Conjugué aux délocalisations, l’appel à l’immigration agit comme une formidable pression sur des travailleurs contraints d’accepter la stagnation des salaires et les reculades sociales pour conserver leur emploi, dans le meilleur des cas.
Un argument souvent opposé à cette réflexion consiste à faire remarquer que des secteurs d’activité ne trouvent pas preneurs en France, comme la restauration et la construction. L’appel à l’immigration est alors présenté comme une solution des plus naturelles, quasi incontournable.
Et pourtant, rien de naturel ici non plus. Si ces secteurs sont délaissés, c’est en raison de la faiblesse des salaires qu’ils proposent, au regard de la forte pénibilité souvient associée aux métiers.
L’appel à l’immigration apparaît dès lors pour ce qu’il est : un moyen pratique d’éviter toute hausse des salaires.
Aujourd’hui, le patronat reste sur la même position. Qu’on se tourne du côté du Medef ou de Business Europe, le Medef européen dirigé par le baron Seillière, toujours le même discours. Même chose à la Commission européenne, où l’on recommande régulièrement de faire venir plusieurs dizaines de millions d’immigrés d’ici 2050. Même chose enfin dans le rapport Attali qui prône la relance de l’immigration pour, je cite, "faire face à un marché du travail en tension". Une solution parmi d’autres au milieu du catalogue de mesures libérales qu’il propose.
En réalité sur l’immigration comme sur la plupart des sujets, il n’y a pas eu de rupture avec Nicolas Sarkozy. Depuis plus de 30 ans, les gouvernements successifs appliquent la même politique migratoire de pression sur les salaires, aujourd’hui baptisée "immigration choisie", hier autrement.
Même sur les reconduites à la frontière, les différences sont minimes.
Brice Hortefeux nous annonce fièrement 30 000 reconduites en 2008. Ce chiffre cache cependant un gonflement des reconduites volontaires (évaluées à plus de 10 000), qui concernent essentiellement des Bulgares et des Roumains, plus nombreux qu’avant en raison de l’adhésion de leurs pays à l’Union européenne en 2007, et qui acceptent de rentrer -provisoirement- contre un petit pécule et un voyage aux frais de la République.
On dit même que certains reviendraient en France avec pour seul objectif de se faire une nouvelle fois reconduire à la frontière, au bénéfice des deux parties : de l’administration qui ajoute une petite croix dans ses statistiques, quitte à compter deux fois la même personne, et du clandestin qui empoche une deuxième fois le petit magot...
En réalité, le nombre de reconduits non volontaires stagne depuis des années, et a même légèrement diminué en 2008 (19724 contre 19885)
De toutes les manières, ces chiffres sont dérisoires quand on sait que le Bureau International du Travail estime à au moins 400 000 le nombre de clandestins en France, et qu’il ajoute que ce nombre aurait doublé en l’espace de quatre ans.
Ces quelques réflexions devraient être au coeur d’un vrai débat sur l’immigration. On devrait pourvoir en parler sereinement.
Mais est-ce vraiment possible en France ?
http://www.levraidebat.com
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