Ma main droite blâme ce que n’a pas fait ma main gauche !
Les allemands et l’Europe vertueuse craignaient que Pierre Moscovici fasse preuve de laxisme et d’indulgence envers les objectifs budgétaires de la France quand d’autres pays, après des années d’austérité douloureuse, continuent de batailler pour atteindre les critères fixés par Bruxelles.
Qu’ils se rassurent les nouveaux repentis sont les pires jusqu'au-boutistes et pères fouettards.
La preuve : la France a été mise en garde à vue et en résidence surveillée par notre nouveau commissaire européen aux Affaires économiques et financières devenu le chantre de l’orthodoxie budgétaire.
Oubliées les déclarations d’un ancien ministre de l’Economie ne respectant pas les règles budgétaires de l'Union européenne et place aux discours enflammés fustigeant le déficit public français, problème qu’il connait sur le bout des doigts pour en avoir été un acteur appliqué et s’être fait le Hérault de la méthode Coué.
Ne déclarait-il pas en juin 2012 à Bruxelles : « La France parviendra à ramener son déficit public à 3% en 2013 sans mesure d'austérité »
Et bis repetitas en 2014 : « Pour tenir l’objectif de 3% en 2014 nous avons déjà décidé un certain nombre de mesures d’économies. Le gouvernement déploie sa stratégie pour muscler notre économie et renouer avec une croissance plus forte, plus solidaire ».
Je me contorsionne à gauche, je me tortille à droite ! Je girouette selon mes intérêts ?
Mais non, contrairement aux apparences, il n'y a pas de contradiction, Pierre Moscovici a simplement changé d'employeur !
La politique est devenue un métier et les hommes politiques sont devenus de bons professionnels. Au même titre qu’un cadre ou patron d’entreprise privée passé à la concurrence, ils font et disent, sans états d’âme, le contraire de ce qu’ils disaient ou faisaient hier, assumant d’autant mieux ce nouveau rôle qu’il est bien mieux rémunéré.
Et si à l’origine les indemnités législatives avaient été instituées pour permettre aux classes populaires d’accéder à la représentation nationale, elles sont aujourd’hui devenues quelque peu dévoyées par le cumul des mandats et autres indemnités pas toujours transparentes.
La politique est devenu un métier qui par le jeu des carrières électorales a secrété une caste de professionnels de la politique phagocytant ainsi le jeu démocratique. Et cette élite professionnalisée nourrit le malaise grandissant qui existe entre représentés et représentants.
Le problème est que la politique est censée être autre chose qu’un métier, c’est d’abord un engagement citoyen. La mission d’Etat ne devrait pas être un vain mot, une coquille vide et abstraite mais bien un devoir qui astreint l’homme politique à s’investir au nom du bien de la nation et du projet collectif pour contribuer à un avenir meilleur pour la société et le citoyen.
Et ce avec conviction et vision, ce qui sous-entend qu’à l’instar des dirigeants d’entreprise présentant leur démission à leurs actionnaires pour mauvais résultats, les politiciens malchanceux aient eux même la décence ou à défaut se voient contraints de démissionner.
Evidemment, il n’en est rien. Alors, comment croire aujourd’hui en l’homme politique qui ne croit plus en ce qu’il dit et en ce qu’il fait, changeant d’opinion et de discours au gré de son intérêt propre, privilégiant sa carrière au détriment de ses convictions et de la mission que les citoyens lui ont confié par les urnes.
Non, ça ne marche plus et tout cela finit par lasser.
Aujourd’hui les français expriment leur désillusion dans le rejet de l’Europe et dans l’abstention mais demain ce vote sanction pourrait tomber dans l’escarcelle des populistes d’extrême droite au risque de détruire nos valeurs républicaines.
Et puisque Pierre Moscovici joue les métamorphosés, souhaitons qu’il mette autant d’énergie à convaincre ses « ex employeurs » qu’il en a mis à essayer d’aveugler « ses nouveaux maitres » et que ses nouvelles croyances nous soient utiles pour exhorter la France à effectuer les réformes structurelles indispensables et cruciales pour augmenter le niveau de vie, abaisser les déficits publics, équilibrer les systèmes sociaux et enfin faire repartir la machine France.
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