Ma réponse à la lettre de Macron
Cher président,
J’ai lu votre lettre de candidature et me permets d’y répondre en tant que citoyen militant engagé. Ma situation personnelle et professionnelle est plutôt confortable et j’aurais pu être de ceux qui aurait voté pour vous si je n’avais pas regardé autour de moi et pris un peu de recul. Je « ne peux pas vivre heureux dans un océan de malheur » comme disait si bien un célèbre orateur politique. Mon début d’engagement date de l’été 2018 lorsque j’ai découvert votre projet de privatisation des barrages hydroélectriques. L’exemple de la privatisation des autoroutes soldées à des concessions privées (valorisées 25 milliards d’€ d’après la cours des comptes mais cédées pour 15 milliards €) alors qu’elles étaient pratiquement amorties tout comme nos barrages, le manque à gagner des collectivités qui ne toucheraient plus une partie des bénéfices de ces barrages, la forte probabilité de revente de l’électricité au plus fort lors des pics de consommation électrique etc.. m’ont tout simplement scandalisé. Et quelques mois plus tard en automne, un rapport du GIEC nous alertant de la nécessiter d’engager 5 % de notre PIB chaque année pour mener de front la bataille contre le changement climatique, venait me conforter dans mon idée.
Je reprends donc quelques extraits et je souhaitais y répondre.
« nous avons pu investir dans nos hôpitaux et notre recherche »
Je me questionnais sur les secteurs hospitaliers dans lesquels les investissements ont été faits. Peut-être dans les sacs poubelles dont le personnel soignant se couvrait lors du premier confinement ? Ou encore les filtres à café pour confectionner les masques que vous aviez dans un premier temps réservés aux usines Renault et Airbus, qui sont bien sûr des maillons essentiels dans la lutte contre une pandémie.
Concernant la recherche, la cour des comptes a déjà sorti un rapport indiquant que le CICE a servi principalement les banques et la grande distribution.. Là encore je me questionne sur la pertinence de ce type de recherche quand dans le même temps tous les investissements sur la recherche fondamentale rétrécissent comme peau de chagrin.
Quand au CICE, qu’a-t-il apporté en cette période de pandémie ? Notre « champion pharmaceutique national » SANOFI qui n’a toujours pas sorti de vaccin contre le Covid, trop préoccupé à distribuer la moitié de ses bénéfices plutôt que d’investir dans la recherche pour l’intérêt commun. Mëme un de ses anciens directeurs l’avouait de lui-même. Alors que des mollécules développées par 2 de leurs centres de recherche en France avaient rapporté plusieurs dizaines de milliards d’euros, la direction actuelle s’obstine à supprimer des postes de chercheurs dont elle aurait bien eu besoin
« les transformations engagées durant ce mandat ont permis à nombre de nos compatriotes de vivre mieux »
Comment peut-on se permettre ce genre d’affirmation lorsqu’on sait que l’observatoire de la pauvreté a été supprimé durant votre quinquennat. En cassant le thermomètre il est évident qu’on ne peut plus déceler la moindre fièvre !
Le salaire moyen n’a pour moi aucune signification. Lorsque j’ai démarré ma carrière professionnelle en 2000, 30 % des salariés gagnaient plus de 3000€/mois. Actuellement ce pourcentage s’est réduit à 20 %, démontrant que le nombre de privilégiés fondait comme neige au soleil.
Quant à la part du nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté, elle est allée croissante durant votre mandature. C’est très certainement moins la crise sanitaire qui en aura été responsable, que les coups de sabre portés avec dextérité depuis des décennies contre notre système social. Votre doctrine économique que vous et vos prédécesseurs suivez aveuglément, met à mal tous les amortisseurs qui permettait jusqu’alors d’atténuer les effets négatifs des crises.
Par conséquent, lorsque vous affirmez « les crises que nous traversons depuis deux ans montrent que c’est bien ce chemin qui doit être poursuivi. » je ne peux être qu’en totale désapprobation
Je n’oublie pas les ordonnances de début de mandat où la notion de pénibilité a été supprimée pour fléxibiliser et précariser encore plus les « premiers de corvée ». Il suffirait pourtant de voir ce qu’il se passe par exemple dans les entrepôts de LIDL où on y porte 8 tonnes par faction, et où on ne prononce que 3 mots répétés à longueur de temps durant son temps de travail. « une machine à fabriquer des estropiés » d’après certains médecins et qui conduit à voir des personnes de moins de 30 ans finir avec un corps détruit très longtemps avant l’âge de départ à la retraite que vous persistez à vouloir reculer !
Et quid de l’ISF supprimé suite à « une réunion secrète » d’après le site francetvinfo ? Quels effets positifs cette mesure a-t-elle réellement apporté au regard des 20 milliards d’euros qui ne sont pas entrés dans les caisses durant votre quinquennat ? Le comité d’évaluation des réformes de la fiscalité a déjà indiqué que cette réforme a conduit à un versement plus accrue des dividendes, moins taxés du fait de la « flat tax », ce qui conduit à un accroissement des inégalités.
« Je suis candidat pour inventer avec vous »
Alors que le Grand Débat, que vous aviez vous-même organisé, avait livré entre autre dans sa synthèse que les citoyens réclamaient plus d’intervention en court de mandat d’un élu. Vous aviez alors annoncé vouloir proposer des « ric locaux » pour les municipales qui suivaient. Celà a ensuite été bien vite oublié et aucune candidature larem ne l’a ensuite porposé.
Vous aviez aussi monté une convention citoyenne pour le climat de « 150 personnes issues de la « société civile ». Après en avoir lu la synthèse vous aviez trouvé leurs idées admirables mais vous n’en avez gardé qu’une infime partie en rejetant tout le reste, et ce alors ques les rapports du GIEC se montrent de plus en plus alarmistes !
Mais comment aurait-il pu en être autrement lorsqu’on observe le fonctionnement de l’Assemblée Nationale et du Sénat ? Durant toute votre mandature, les propositions ont été commandées par le gouvernement pendant que la majorité, acquise à la cause de ce dernier, votait en cadence sans possibilité de dialogue. La réforme des retraites en a été un illustre exemple ! Alors que des députés du Parlement mettaient en évidence toutes les failles de ce système à points. On en est arrivé au 49,3 bien tranchant qui a mis fin au débat. Il ouvre clairement une voie à la retraite par capitalisation vu qu’un seuil de 200 000€ annuel a été fixé. Sur ce point il sera inutile de chercher à nier face à ceux qui connaissent cette histoire d’ouverture de capital d’EDF/GDF alors qu’à l’époque on nous jurait la main sur le coeur que ces entreprises resteraient publiques.. Depuis GDF est devenue ENGIE 100 % privée et les prix de l’énergie ont explosé
Comment pourriez-vous inventer quoi que ce soit avec nous quand il est évident que vous n’écoutez que vous, et les intérêts d’un groupe restreint de riches lobbyistes
« En chaque lieu, j’ai perçu le désir de prendre part à cette belle et grande aventure collective qui s’appelle la France. »
Avez-vous aussi perçu le désir de ceux qui voulaient aussi en prendre part mais qui ne le pouvaient du fait du phénomène accroissant des inégalités ? Avez-vous seulement regardé les Gilets Jaunes sous un autre prisme que celui rendu par nos « grands médias » BFM et Cnews qui nous rabâchaient à longueur d’antenne que ce n’étaient que des casseurs, des factieux, des séditieux et tout un tas d’autres sobriquets absurdes. Pourtant, dans la majorité des cas, des gens se rencontraient sur les rond-points, ils discutaient, faisant progresser leur conscience politique. Des assemblées constituantes se formaient, j’ai aussi vu des cahiers de doléances dont l’assemblée se saisissait pour en extraire une synthèse. Mais tout cela a été balayé par des interventions musclées policières qui n’avaient pas lieu d’être, des gazages, des mutilations et nombre d’exactions qui ont même été condamnées par le Parlement Européen. Ces gens aimeraient aussi « prendre part à cette belle et grande aventure collective » et pourraient amener une belle part ! Mais le problème est qu’ils en sont empêchés soit par des accidents de la vie, soit par un niveau de vie insuffisant qui leur oblige à survivre du fait d’un revenu trop bas, soit parce que là encore depuis des décennies, les gouvernements successifs n’ont eu de cesse de casser les amortisseurs économiques en sabrant dans le système social. Au passage on nous parle trop souvent du fardeau des impôts en confondant taxes et cotisations. Ces dernières existent tout autant aux Etats-Unis mais sont prélevées par le privé et avec des montants plus importants car ne vous en déplaise, le privé coûte toujours plus cher que le public !
Votre inaction climatique a été aussi sanctionnée par le Conseil d’État quand les institutions condamnaient lourdement des personnes pacifiques juste parce qu’en réponse à vos non décisions, elles avaient décroché votre portrait
« Cette élection présidentielle déterminera les directions que le pays se donne à lui-même pour les cinq années à venir et bien au-delà. »
Quoi qu’il arrive et « quoi qu’il en coûte », vous n’écoutez que vous monsieur le Président, alors comment pourrions-nous croire ne serait-ce qu’un instant que vous pourriez inventer quoi que ce soit avec nous ?
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, mes salutations distinguées
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