Macron disciple d’Aristote ?
C’est ce que suggère un article paru dans le Figaro[1]. Progressons dans la définition des termes.
En effet, après avoir appris que « la loi Macron obéissait à un concept simple : réveiller l'activité », on nous rappelle que celui qui doit se sentir bien seul - étant donnée sa supériorité intellectuelle sur les autres membres du gouvernement - a été secrétaire de Paul Ricoeur (1913-2005). Pour mémoire, rappelons brièvement qui est cet intellectuel touche à tout, considéré comme un « philosophe » respectable. Eclectique, on peut tout de même définir ses axes principaux qui s’inspirent de l'existentialisme et de son corollaire la phénoménologie. Ses écrits sur l'herméneutique et la philosophie analytique le classe sans problème chez les relativistes[1].
On s’étonne dés lors de lire cet étonnant rapprochement entre le disciple Macron (« J’ai rencontré Paul Ricoeur qui m’a rééduqué sur le plan philosophique ») et Aristote, philosophe réaliste qui s’appuie sur une loi naturelle universelle et nécessaire. « La politique sans la philosophie n'est qu'un cynisme, un nihilisme. » (Le 1) nous rappelle le jeune économiste formé à l’anglo-saxonne.
Bigre ! Il a l’air bien le petit ! Finalement, Emmanuel Macron, c’est un philosophe de la vie. Même s’il a surtout travaillé la définition de celle-ci dans les bureaux feutrés de la banque d’affaires Rothschild après s’être vu validé ses qualités intellectuelles par l’ENA... Il y occupe divers postes : « analyst », « manager », « assistant director », puis « director », « managing director » et « partner , etc.
Le but de ses missions ? Conclure les deals (dans le jargon des banques d’affaires : « exécution ») : vendre une filiale, fusionner avec une entreprise, etc. Quand des emplois sont en jeu, on parle alors de « doublons ». Ah ! Les mots !
Dans son livre-enquête « Rothschild, une banque au pouvoir » (éd. Albin Michel, 2012), Martine Orange cite Macron qui reconnaît lui-même que les analystes suivent des réflexes acquis : « Le métier de banquier d’affaires n’est pas très intellectuel. Le mimétisme du milieu sert de guide. »
Il semble assez clairvoyant : dans un article publié par le journal américain Wall Street Journal, Emmanuel Macron résume son ancienne activité de banquier d'affaires : « On est comme une sorte de prostituée. Le job, c'est de séduire »
Le positivisme est une philosophie de valet. L’activisme de ces tartuffes éblouit notre grisaille quotidienne de travailleurs-esclaves. Mais travaillons aussi notre jugement.
Car encore faut-il définir précisément à quoi sert cette fougue. Pour progresser en ce sens, nous conseillons le tout récent article de notre collègue « Nouvelles du Front » sur la vraie utilisation de l’article 49.3 concernant la loi dite « Macron ».
Peut-être va-t-on bientôt nous présenter Hollande disciple de Platon et Valls disciple de Jésus-Christ… En attendant, ce sont de petits exécutants au service des financiers qui mènent le monde. Leur arrogance inhumaine apparaît de plus en plus au grand jour, tout comme celle de leurs maîtres. Il faut entendre Christine Lagarde réclamer des « adultes » aux groupes de discussion avec la Grèce…
Il peut sans doute arriver à Emmanuel de parler de philosophie, de parler d’Aristote, mais par pitié, monsieur Vincent Tremolet de Villers, n’en faites pas un disciple d’Aristote. Vous participez là à la défiguration de la philosophie.
[1] Son l’influence est toujours grande dans les milieux intellectuels contemporains. Il a en outre exposé les relations entre options religieuses et exégèse dans Lectures, III. Son herméneutique philosophique est essentiellement subjectiviste et immanentiste : il reste en cela fidèle aux options protestantes de ses origines familiales. De la part d’un philosophe positiviste, on ne s’en étonnera pas. Mais il est un des maîtres à penser des exégètes positivistes actuels.
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