Attentat de Karachi : coup de
tonnerre !
Nous venons d’apprendre que, pour
protéger le clan Balladur – Sarkozy – Léotard, les services de
renseignements français ont menti à la justice !
Vendredi 13 novembre 2015 :
Attentat de Karachi : le
témoignage qui révèle les mensonges de la DST.
Personne ne connaît son nom. Dans le
dossier d’instruction de l’attentat de Karachi, qui a fait quinze
morts dont onze employés français de la Direction des constructions
navales (DCN) le 8 mai 2002 au Pakistan, il apparaît sous son
seul alias : « Verger ». Verger est un ancien agent
de la Direction de surveillance du territoire (DST), l’ancêtre de
la DGSI. Il n’avait encore jamais été entendu par la justice.
C’est désormais chose faite. A la faveur d’un tour de
passe-passe inédit, les magistrats instructeurs sont parvenus à
contourner le secret-défense qui leur est opposé depuis le début
de cette enquête.
DEPUIS 2009, LE JUGE MARC TRÉVIDIC
CHERCHE À SAVOIR SI LE MOBILE POLITICO-FINANCIER A ÉTÉ
VOLONTAIREMENT ÉTOUFFÉ AU PROFIT DE LA PISTE ISLAMISTE
Le témoignage de Verger, que Le Monde a pu consulter,
a été déclassifié par le ministre de l’intérieur, Bernard
Cazeneuve, le 23 octobre. Il vient confirmer
des informations longtemps tues par les responsables des services de
renseignement : la DST, chargée en 2002 de l’enquête
sur l’attentat, avait bel et bien travaillé dès les années 1990
sur un certain Ali Ben Moussalem, aujourd’hui considéré comme un
personnage clé de l’affaire.
Depuis 2009, le juge Marc Trévidic – chargé de l’enquête
jusqu’à son départ du pôle antiterroriste en août 2015 –
cherche à savoir
si la DST a enquêté sur cet homme et le lui a caché. En d’autres
termes si le mobile politico-financier a été volontairement étouffé
au profit de la piste islamiste. Les anciens responsables des
services qu’il a auditionnés sur ce sujet se sont systématiquement
retranchés derrière le secret-défense. Et ses innombrables
requêtes en déclassification concernant Ali Ben Moussalem se sont
jusqu’ici heurtées à la même réponse : la DGSI, qui a
succédé à la DST, ne retrouve aucune trace de ce travail dans ses
armoires.
Ce cheikh saoudien était à la tête d’un réseau
d’intermédiaires – dont faisait partie Ziad Takieddine –imposé par le gouvernement Balladur dans plusieurs marchés
d’armement en 1994 : la vente des sous-marins français
Agosta au Pakistan et des frégates Sawari II à l’Arabie
saoudite. Il est le pivot de la thèse selon laquelle l’attentat
serait une mesure de rétorsion après l’interruption des
commissions prévues par ces contrats. Quelques mois après son
accession à la présidence de la République en 1995, Jacques
Chirac avait décidé de mettre
fin aux versements, qu’il soupçonnait d’avoir financé la
campagne de l’ancien premier ministre Edouard Balladur, devenu son
rival dans la course à l’Elysée.
Ali Ben Moussalem – qui est mort en 2004 – est considéré
comme la principale victime de cette décision, avec un préjudice
estimé à 120 millions d’euros. Ses connexions avec les
services secrets pakistanais et la mouvance terroriste en font, pour
les tenants de la thèse politico-financière, un suspect potentiel.
« Merci pour la France, elle vous
le rendra »
Le témoignage de Verger ne suffit pas à étayer
le mobile financier de l’attentat. Il confirme en revanche que le
renseignement intérieur a bien observé des transactions entre Ben
Moussalem et des membres du gouvernement Balladur dans les années
90. La scène qu’il relate a été immortalisée par des
« sous-marins » de la DST, des véhicules placés devant
la boutique Arije – qui occupait le rez-de-chaussée de la
permanence de campagne de Balladur à Paris
– en face de l’hôtel Prince de Galles, propriété de Ben
Moussalem :
« En 1994-1995, je me suis intéressé aux
activités de cheikh Ali Ben Moussalem et de son bras droit, Ziad
Takieddine. Gérard Willing [le correspondant de la DST dont
Verger était l’officier traitant] m’avait indiqué que la
boutique Arije était une plaque tournante de trafics en tout genre
et d’armes en particulier. La DST a placé cette boutique sous
surveillance. A notre grande surprise, la campagne électorale étant
lancée, nous avons observé que des membres du parti républicain de
François Léotard [ministre de la défense du gouvernement
Balladur] se rendaient dans l’immeuble abritant Arije. (…)
Donnedieu de Vabres [chargé de mission auprès de François
Léotard] aurait rencontré Ben Moussalem à l’hôtel Prince de
Galles. Ce dernier lui aurait remis deux valises, pleines, selon
Gérard Willing, d’argent. Donnedieu de Vabres aurait alors
remercié Ben Moussalem en lui disant : “Merci pour
la France, elle vous le rendra.” »
Aucune trace de cette surveillance n’a été retrouvée dans les
archives de la DGSI. Ce témoignage tend ainsi à confirmer les
soupçons des parties civiles, convaincues depuis des années que
l’appareil d’Etat leur cache la vérité. « Soit la
DGSI ment à la justice et à son ministre de tutelle, soit les
souvenirs de cet épisode peu reluisant de la rivalité entre Chirac
et Balladur ont été détruits », explique Me Marie Dosé,
avocate de plusieurs parties civiles.
http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2015/11/13/attentat-de-karachi-le-temoignage-qui-revele-les-dissimulations-de-la-dst_4808707_1653578.html