Made in France, le commerce équitable franchouillard
“La version négative de la démondialisation est juste une couverture politique et pseudo-intellectuelle pour le racisme, la xénophobie et l’autarcie” W. Bello inventeur du concept de démondialisation dans philosophie Magazine de septembre 2011
Le “Made in France” comme seule réponse à la désindustrialisation du territoire, aux ravages de la mondialisation, cette bienfaitrice. On s’en remet, et ce n’est pas nouveau, aux psalmodies des agences de communication. De B. Le Maire à F. Bayrou, en passant par le Parti socialiste normalisé à la sauce P. Lamy. Face à la crise économique et à la paupérisation massive des foyers français, les élites politiques ressortent la vieille antienne.
Mais les réponses concrètes manquent. S’en remettre à l’impossibilité de faire autrement (type TINA), conduit à annoncer la mort du Politique. En période électorale c’est suicidaire. D’autant plus que M. Le Pen et les souverainistes occupent le terrain et surtout proposent quelque chose…
Comment faire du neuf avec de l’antique, du clinquant avec du ressassé ? C’est à cette triste besogne que se livre la fine fleur de l’économie française. Tentant de réussir le grand écart entre la totale soumission au modèle de globalisation économique, et une réponse au malaise de plus en plus prégnant des dévastations sociales qu’elle induit. Même si le cercle de la raison n’est pas impacté par la baisse du niveau de vie, il ne peut ignorer que la montée du chômage, mais surtout l’absence totale de perspective conduisent le pays sur des sentiers dangereux. Trente années de mondialisation (dite) heureuse, pour constater, édifié, que l’automobile hexagonale, ce fleuron, ferme ses pôles de R&D. Sur la longueur, l’entourloupe commence à se voir.
Pour faire bonne figure, on ne trouve rien de mieux que le slogan « acheter français ». Un badge, un sticker, une cocarde épinglée au produit pour rappeler au consommateur de se comporter en citoyen : préserver l’emploi hexagonal. Une sorte de commerce équitable franchouillard.
On imagine que les foyers dont le pouvoir d’achat tend à diminuer achèteraient des produits plus onéreux “sur la base du volontariat” comme se plaisent à le signifier les communicants. Après avoir inculqué pendant des décennies la froide concurrence par les prix et les vertus économiques du salarié à bas coûts, mineur et sans protection sociale.
La situation en deviendrait saugrenue si elle n’était pas sordide.
Finalement, le “made in France” comporte beaucoup d’avantages. Les propriétés du nationalisme, bien en vogue, sans en avoir les contraintes. Elle permet à moindres frais de flatter le cortex reptilien tricolore, de s’occuper de la mondialisation, sans rien y changer dans le fond. C’est-à-dire d’en faire porter la charge aux mêmes, consommateurs, classe moyenne, classe populaire.
L’hypothèse protectionniste a été écartée par les élites dirigeantes pour raisons de cryptoxénophobie. Pourtant une hypothèse qui nait d’une volonté de rééquilibrage du commerce mondial, hors du présupposé nationaliste et égotique (Relire W. Bello). Appliquer une taxe européenne à l’entrée du territoire pour que sur l’étal, le consommateur n’ait pas à choisir entre le coût du travail misérable d’un pays en développement et sa propre protection sociale.
La stigmatisation xénophobe du protectionnisme permet la pirouette sémantique du pis-aller “made in France”. Elle cantonne les partisans de la démondialisation à partager le même banc que M. Le Pen. Elle accrédite la thèse chauvine de la régulation économique. On lui préfère donc le vain “made in France”, indolore, inodore, inefficace socialement. Cet authentique placebo électoral.
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