Malek Boutih : une polémique montée de toute pièce par l’Elysée pour sauver les régionales
Depuis hier, la « polémique » monte sur les propos tenus par Gérard Longuet, président du groupe UMP au Sénat. Ce dernier aurait, en effet, fait savoir son opposition à la candidature, pour la présidence de la HALDE, de Malek Boutih, ex président de l’association SOS racisme, lui préférant un personnage – sans donner de nom – issu d’un mystérieux « corps français traditionnel ».
Une expression, en apparence anodine, qui a fait réagir, comme on pouvait s’y attendre, aussi bien la plupart des partis dits « de gauche » que les médias, sans parler bien entendu de l’association SOS racisme, qui a dénoncé lesdits propos de Gérard Longuet, qu’elle juge honteux, et bien entendu racistes.
Cette nouvelle « polémique » semble donc, en apparence, jeter un nouveau caillou, dans le clan de la « majorité présidentielle » à l’approche des élections régionales, qui doivent se tenir dimanche prochain.
Pourtant, à bien y regarder, si l’affaire SOUMARE s’avère être un échec total pour l’UMP/NC et ses alliés, du fait de l’amateurisme des accusateurs, qui ont condamné sans savoir le candidat promu par le PS – peut-être à dessein pour piéger, justement, la « majorité présidentielle » – l’affaire BOUTIH est, elle, parfaitement menée, et son principal « héros » instrumentalisé.
Il n’est, en effet, pas anodin qu’à quelques jours des régionales, Gérard Longuet, qui sait être intouchable depuis son élection au Sénat, vienne donner son opinion sur la candidature de M. Boutih, et utilise, visiblement à dessein, une expression destinée vraisemblablement à ouvrir une « polémique ».
Le mandat de l’actuel président de la HALDE ne sera, en effet, renouvelé qu’après les élections régionales. Mieux encore : depuis la révision constitutionnelle de 2008, les deux Chambres législatives, peuvent s’opposer ou agréer les candidats promus par l’Elysée. En sa qualité de président du groupe UMP au Sénat, Gérard Longuet aurait donc pu faire savoir à M. SARKOZY l’hostilité de son groupe ou la sienne propre à la candidature d’un personnage atypique dans le paysage politique français.
Or, au lieu de passer un coup de téléphone à l’Elysée, ou de faire savoir à M. SARKOZY lors d’une visite à l’Elysée, son état d’esprit sur la question…M. Longuet fait savoir aux médias son opinion, et assortie celle-ci d’une expression qui, il ne peut que le savoir, va faire sauter au plafond les gardiens de l’anti racisme et « l’opposition ».
Comment expliquer ce choix ? Simplement en se rappelant que, dans quelques jours, les régionales approchent. Et que…L’UMP n’a pas, pour l’heure, de voix de réserves. Le seul moyen de résoudre la chose, serait d’obtenir les voix qui ont fait gagner N. SARKOZY en 2007 : celles du FN…Lequel, via les sondages, a retrouvé une assise politique, et donc des voix que l’UMP aimerait bien, sans avoir à officialiser un accord de parti, capter à son profit.
D’où la polémique « Boutih ». En faisant accroitre l’hostilité de l’UMP à la candidature de Malek Boutih, Gérard Longuet semble chercher, uniquement, et pour le compte de l’Elysée, qui a dans cet optique laissé circuler depuis quelques jours ladite candidature et la faveur de l’Elysée pour ce candidat, à capter des voix issus de l’extrême droite. Car au fond, que veut dire M. Longuet, lorsqu’il dit préférer le « corps français traditionnel » sinon qu’il juge qu’un « arabe » n’a pas sa place à la HALDE ?
Cette « polémique » sert d’autant plus l’Elysée, que M. SARKOZY, confronté à cette levier de boucliers en faveur de Malek Boutih, justifiera la nomination de ce dernier à la présidence de la HALDE, devant sa « majorité », en faisant état que, sauf à passer pour un raciste pur et dur, il est dans l’obligation de soutenir Malek Boutih. Et comme d’ici là les élections régionales seront passés, la « majorité présidentielle » récupérera les voix du FN pour les régionales, tout en sachant qu’elle roulera ses électeurs quelques jours plus tard, en soutenant le choix présidentiel.
Mieux encore. En soutenant Malek Boutih, l’opposition et les gardiens de l’anti racisme, font le jeu du Président, qui cherche à discréditer la HALDE. Or, Malek Boutih est, précisément, le meilleur candidat pour cette mission. Il est un ancien président de SOS racisme, qui a perdu beaucoup de crédit auprès des Français, depuis qu’elle lutte partialement contre le « racisme » : le racisme contre les « blancs » n’existant par ex pas pour cette association. Ni contre les chrétiens. Or…Une majorité de Français est aujourd’hui de couleur blanche, et sinon cultuellement, au moins culturellement chrétien.
Malek Boutih est par ailleurs « arabe ». Un terme qui pour un certain nombre de Français – à tout le moins d’électeurs de l’UMP en 2007 – renvoit à la « racaille », à « l’immigration invasion », à la délinquance, et autres images négatives. Cette caractéristique suffit à lui enlever du crédit auprès de « l’opinion publique ». Car si l’actuel président de la HALDE ne faisait pas toujours l’unanimité, en matière de soutien, il était, en revanche, insoupçonnable.
Plus encore, Malek Boutih n’est pas un homme de réseau. Contrairement à son devancier. En cas d’attaques contre la HALDE, il lui sera impossible non seulement d’avoir l’autorité nécessaire pour se faire entendre, et encore moins de trouver des soutiens pour défendre une organisation discréditée, car perçue comme partiale dans ses jugements. Et donc, de fait, considérée comme n’ayant pas vocation à être pérennisée.
Bref, Malek Boutih est bien partie pour être le fossoyeur de la HALDE. Et un instrument idéal pour M. SARKOZY pour capter les voix du FN, à l’approche des régionales.