Marine Le Pen au second tour d’après un sondage contestable

Tel un tsunami s'abattant sur la classe politique française, un sondage Harris Interactive pour l'édition dominicale du Parisien place Marine Le Pen en tête des intentions de vote en vue du premier tour des élections présidentielles de 2012. En effet, la présidente du Front Nationale est créditée de 23% des suffrages contre 21% pour Nicolas Sarkozy et le candidat socialiste. C'est une première dans l'histoire de la Vème république. En effet, jamais un institut de sondage n'avait placé un candidat frontiste en tête du premier tour d'une élection présidentielle.
Néanmoins, il ne faut pas accorder trop d'importance à cette enquête d'opinion, qui n'a pas la moindre valeur. En premier lieu, n'oublions pas que derrière les papiers sensationalistes et anxiogènes de la presse qui cherche à tout prix à amplifier la portée actuelle du FN, le mouvement frontiste est dans une mauvaise passe. Le parti est exsangue financièrement et le taux d'adhésion aux idées du FN n'a jamais été aussi bas depuis près de dix ans (voir mon article : Marine Le Pen, une percée en trompe-l'oeil).
Le vote Jean-Marie Le Pen, diabolisé par les médias et par son attitude que l'on pourrait qualifier d'insulaire vis-à-vis de la classe politique, a toujours suscité la gêne voire la honte. Dès lors, la performance de Jean-Marie Le Pen aux échéances présidentielles était très souvent supérieure aux scores dont il était crédité dans les sondages. Pour Marine Le Pen, il ne faut pas se tromper : le phénomène n'est pas identique. Il est même inverse. En effet, l'héritière Le Pen a bataillé sans relâche pour la dédiabolisation du Front et a cultivé une image plus moderne que son père, notamment sur des questions comme l'avortement ou la peine de mort. Qui plus est, Marine Le Pen ne s'est jamais illustrée par des dérapages dont son père était coutumier.
Dès lors, le vote Marine ne suscite ni la gêne, ni la honte. Il n'est donc pas anormal qu'elle soit créditée d'un score supérieur à celui de son père. Pis, certains sondés de droite, par mécontentement vis-à-vis de l'exécutif, n'hésitent pas à se prononcer pour Marine Le Pen alors qu'ils voteront Sarkozy le jour J. Marine Le Pen est donc le refuge du vote protestataire. Sinon, comment expliquer que sa cote d'avenir (voir enquête TNS Sofres) soit de cinq points inférieure aux intentions de vote dont elle est créditée ?
En outre, ce sondage n'a pas la moindre valeur car l'identité du candidat socialiste n'est pas mentionnée. Or, dans le cas d'une échéance présidentielle où les enjeux sont personnalisés, cela est ridicule, la performance du candidat socialiste étant largement sous-évaluée. De plus, Marine Le Pen bénéfice dans ce sondage de la configuration choisie par Harris Interactive, un cas de figure où Dominique de Villepin est candidat, ce qui est encore loin d'être une certitude.
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