Marine Le Pen et la sécurité
Marine Le Pen répond aux questions de Jacky Mestries, directeur de publication du journal Armee-media .
Elue au Conseil Régional du Nord Pas de Calais, parlementaire Européen, Marine Le Pen dirige le Front National depuis le début de l’année 2011.
C’est à la candidate à l’élection présidentielle de 2012 que nous avons soumis notre batterie de questions. Nous la remercions d’avoir bien voulu nous consacrer un peu de son temps.
La Grogne : Nous dressons un constat sombre de l’avenir de la Gendarmerie. Quel constat faites-vous des conséquences de la loi du 3 août 2009 sur cette institution ?
Madame Le Pen : Je ne peux que partager vos craintes. Je les avais d’ailleurs exprimées dans un communiqué de presse en mars 2010 et dans une vidéo spécifiquement consacrée à la gendarmerie en ligne sur Internet, voyant dans cette manœuvre de fusionner à terme et sans le dire la police et la gendarmerie, la volonté du gouvernement de s’attaquer à l’existence même de la gendarmerie. Plusieurs pays européens ont connu cette évolution comme la Belgique où la gendarmerie a disparu après 171 ans d’existence.
La Grogne : Quelle est votre vision du rôle de la gendarmerie dans les institutions de la République. Que pensez-vous d’une seule force de sécurité pour le pays ?
Madame Le Pen : Il m’apparaît totalement incohérent et je dirais même irresponsable de la part de l’Etat qui rappelons-le, a pour mission régalienne d’assurer la sécurité des Français, de réduire de manière drastique (11 400 postes en moins sur la période 2009-2013) le nombre de fonctionnaires de police alors que la délinquance n’a jamais été aussi forte. ( + 45% de hausse des violences contre les personnes depuis 2002).
La gendarmerie est une institution multiséculaire qui a de tout temps su prouver son savoir-faire. Elle a bien évidemment un rôle primordial à jouer aux côtés de la police dans le maintien de l’ordre et la préservation de la tranquillité des Français. La gendarmerie doit réintégrer le ministère de la défense pour assurer la pérennité de son statut militaire et son existence à terme. Elle doit en particulier assurer le calme dans les zones rurales, où la délinquance augmente encore plus vite qu’ailleurs.
La Grogne : Politique des bassins de délinquance contre politique des territoires, voilà où nous en sommes, pouvez-nous préciser votre vision de l’organisation des forces de sécurité.
Madame Le Pen : Cette grille de lecture me semble pour le moins dépassée quand on sait que la délinquance frappe désormais l’ensemble du territoire, les milieux urbains aussi bien que les zones rurales. Amoindrir ses forces quand l’insécurité n’a jamais été aussi élevée n’a pas de sens. La Gendarmerie a démontré tout au long de son existence sa spécificité, son travail d’implantation et sa culture de proximité notamment dans les zones périurbaines. Le maintien de deux forces distinctes est au contraire, source d’émulation et gage d’efficacité. Il y a au sein de la gendarmerie des professionnels de très grande qualité et de très grande expérience : je demande qu’on leur fasse un peu plus confiance pour cibler au mieux nos efforts en matière de lutte contre la délinquance.
La Grogne : Nous avons une nouvelle organisation des services de renseignements. Quelle est votre opinion sur ce qui a été bâti par M. Sarkozy ? L’adopteriez-vous tel quel ? Quelles modifications apporteriez-vous ?
Madame Le Pen : Il y a eu de la part de Sarkozy dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres une confusion des genres et un dévoiement des objectifs initiaux. Au nom d’une plus grande transparence, Nicolas Sarkozy s’était engagé en 2005 alors qu’il était ministre de l’Intérieur à placer le renseignement sous contrôle parlementaire. 6 ans plus tard, son mandat est éclaboussé par l’affaire d’espionnage du Monde et la mise en examen de Bernard Squarcini, patron de la Direction Centrale du renseignement intérieur (DCRI).
Cette affaire est emblématique des dérives, de l’opacité et des pratiques condamnables auxquelles on se livre au plus haut niveau de l’Etat.
Il y a dans notre pays en matière de renseignement, mais aussi de justice un besoin urgent de rétablissement de la morale publique. Les méthodes illégales, d’écoutes, d’espionnage ou encore d’extension indue de l’immunité à tous les collaborateurs du pouvoir sont indignes d’une démocratie moderne et d’une République irréprochable.
La Grogne : A votre avis quelle est la place des police municipales et des polices de sociétés de sécurité privées dans le pays ?
Madame Le Pen : Les policiers municipaux dont les conditions d’exercice de leur métier sont devenues plus que périlleuses, sont appelés régulièrement à suppléer la police nationale et la gendarmerie dans le maintien de l’ordre sans pour autant disposer de véritables moyens d’agir. Ca n’est pas normal : la police municipale a sa place, importante, mais l’Etat ne doit pas sans cesse se défausser.
Au vu de ces nouveaux objectifs, il m’apparaît nécessaire de renforcer la formation, les capacités d’intervention et de défense des policiers municipaux. Il n’est pas acceptable que ce corps de police soit sous-équipé et que le port d’arme soit soumis à des démarches administratives contraignantes.
La sécurité est une mission régalienne de l’Etat. En confier la responsabilité à des sociétés de sécurité privées revient à renoncer à la mission de service publique de sécurité. C’est inacceptable et dangereux pour la démocratie et c’est la politique de Nicolas Sarkozy. Les missions de maintien de l’ordre doivent relever de l’appareil de l’Etat. Encore faut-il que l’Etat se donne les moyens de l’exercer.
La Grogne : Nombre de militaires pensent que les instances de concertation, que la commission des recours militaires, ne remplissent pas leur fonction. Ils souhaitent obtenir le droit de s’organiser en associations professionnelles. Quelle est votre position sur ce sujet délicat ?
Madame Le Pen : Je ne crois pas que ce soit la bonne méthode. Il convient avant tout de prendre en considération les doléances quand elles s’expriment et qu’elles sont justifiées. Il y a là un véritable effort à mener par les instances de décision et les autorités compétentes. Il n’en reste pas moins que les militaires ont un statut particulier, des droits et des devoirs spécifiques dont celui de respect de la hiérarchie, de la discipline qui ne correspond pas à l’esprit de contestation de type syndical.
Merci beaucoup Mme Le Pen de ces réponses claires.
La Grogne continue ses entretiens pour essayer de vous éclairer le plus précisément possible pour l’an prochain, et surtout, de vous laisser faire votre idée par vous-même.
Jacky Mestries -
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