Matignon : Taubira ne laisse pas Ayrault souffler après Cahuzac

Cahuzac enfin sorti de l'équation, Jean-Marc Ayrault n'a pas le temps de dire ouf que déjà les prétendants à son fauteuil s'agitent en tous sens. Parmi ces nombreux candidats, la garde des Sceaux Christiane Taubira avance avec son tact habituel et poursuit vivement sa partie de gagne terrain.
A toute chose malheur est bon : la démission du ministre du budget après l'ouverture d'une enquête préliminaire du Parquet pour cause de « blanchiment de fraude fiscale » fait désordre dans le paysage. Mais a le mérite d'écarter des affaires une personnalité dont, le moins que l'on puisse dire, ne faisait pas très « Gauche ».
Cahuzac laisse un bel ouvrage entre les mains de son successeur désigné : Bernard Cazeneuve, ex sous ministre chargé des affaires européenne va devoir « cadrer » ses collègues pour raboter les cinq milliards d'euros d'économie qui leur sont demandés. Bon courage.
A Cazeneuve les basses œuvres, à Taubira de tirer les marrons du feu du désamour qui plombe l'équipe Ayrault. Une brochette que l'électorat de « Pépère » Hollande juge traître à la cause pour laquelle elle est arrivée au pouvoir.
Et elle ne s'en prive pas. La garde des Sceaux, fait du « hasard », donnait mardi 19 mars (le jour même de la décision du Parquet...) une belle interview événement (six pages, pas moins...) qui l'a mise si ce n'est sur la rampe de lancement vers Matignon, au moins sous les feux de la-dite rampe. Selon un sondage BVA, sa côte d'amour est de 78% chez les sympathisants de gauche.
BEAUX JOURS ET COUP DE SABRE
Très à l'aise et les coudées visiblement très franches, elle annonce, dans le quotidien qui avait largement épaulé la campagne de « Pépère », que les peines plancher de la Sarkozye sont rayées de la carte (judiciaire) et que les premiers « Mariages pour tous » se feront dès les beaux jours.
« Le Président s'était engagé pour l'année 2013. Je pense qu'on tiendra largement cet objectif et qu'au pire des cas ce sera à la rentrée d'automne. Mais 'à mon avis', pour l'été c'est bouclé », claironne-t-elle. « Quand je suis dans l'arène, je sabre », prévient-elle. Droit au cœur d'Ayrault, sans doute. Ou de Manuel Valls...
Elle capitalise. Et pour cause, le Mariage pour Tous qu'elle porte à bout de bras et dont elle ne perd pas une occasion d'afficher est, jusqu'ici l'élément phare de la politique socialiste.
Et d'insister sur sa petite personne : « j'ai tellement entendu que j'étais une erreur de casting, un maillon faible, que j'étais nulle, que je connaissais rien au droit etc. Je veux bien entendre aujourd'hui que je suis populaire parce que c'est plus agréable ». Mais elle n'y « prête pas attention ». Ben voyons …
Et de préciser qu'elle est devenue bien obéissante : si « on » (Hollande, pas Ayrault...) me donne des « ordres contraires » (sur les peines plancher, la rétention de sûreté) « j'aviserai ». Mais avec une indépendance qui irait comme un gant à un chef de gouvernement.
Même si elle s'excuse par des « pardons » à répétition qui s'étalent sur les six pages de l'entretien elle ajoute : « je ne conçois pas qu'accepter un arbitrage suppose que j'oublie mes convictions ». Elle persiste même, balisant le terrain, imposant sa marque de fabrique « j'aime la controverse ».
D'ailleurs, elle confirme que la procréation médicalement assistée (PMA), qui fait plus que débat dans la population et au sein du gouvernement est une demande « légitime » mais un « sujet lourd ».
Un obstacle, comme celui que représente son inimitié avec le ministre de l'Intérieur. Libération, laudatif, estime que si ces écueils étaient surmontés « le maillon faible du gouvernement pourrait alors rêver de Matignon ». CQFD.
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