Médaille de bonze pour bouddhiste boudé
Alors que le dictateur libyen avait été reçu avec excès d’honneurs par l’Elysée, le Dalaï-Lama, prix Nobel de la paix, ne sera pas reçu par le chef de l’Etat et n’aura droit qu’à une visite en catimini au palais Bourbon le 13 août. A cette occasion, la presse sera censurée, la Chine en ayant décidé ainsi. Des voix s’élèvent pour protester, dont celle du député UMP Lionnel Luca qui avait également fait entendre sa voix lors de la visite de Khadafi tandis que la ministre des Droits de l’homme avait été sommée de se taire par Sarkozy.
"Je trouve inadmissible que l’on reçoive Kadhafi au palais Bourbon, protestait Lionnel Luca (député UMP des Alpes-Maritimes). J’aurais trouvé plus normal de l’entendre dans le cadre de la commission d’enquête sur les conditions de libération des infirmières bulgares." Au passage, il félicita Rama Yade pour ses propos fracassants qui avait valu à la ministre une injonction de se taire de la part du chef de l’Elysée, de se taire définitivement, puisque, depuis, elle n’existe plus politiquement.
Aujourd’hui, le même Lionnel Lucas donne de la voix pour s’insurger contre la manière de recevoir le Dalaï-Lama : "Nous devons le recevoir à huis clos, dans le bureau d’un sénateur. C’est une honte !", a déclaré le député Lionnel Luca. Soulignant que le Dalaï-Lama est prix Nobel de la paix, il a relevé que "ce n’est pas le cas des dirigeants chinois. Eux, c’est plutôt le prix Nobel de la dictature. Elle me fatigue, l’ambassade de Chine".
Lionnel Lucas est président du groupe d’études sur le Tibet à l’Assemblée nationale. Son homologue du Sénat, Louis de Broissia (également UMP), déplore aussi cette décision et précise que ce choix de rencontre en huis clos a été imposé par le président du Sénat Christian Poncelet "craignait de fâcher la Chine" avec une réception officielle. "En outre, Christian Poncelet a souhaité que les journalistes ne soient pas là. Heureusement, il ne peut pas interdire aux parlementaires d’accéder au Sénat !", dit-il, ironique, dans un entretien au journal La Croix à paraître mardi.
La décision d’interdire la presse n’a pas été prise de façon libre et démocratique. Elle a été imposée par l’ambassade chinoise qui, rappelons-le, avait menacé la France de graves représailles si le chef de l’Etat croisait le leader tibétain. La décision d’écarter tout journaliste passe mal auprès de Reporters sans frontières (RSF) qui appelle le président du Sénat à revenir sur sa décision. "Le président du Sénat tente une nouvelle fois de faire plaisir aux autorités de Pékin en refusant à la presse de couvrir une rencontre entre des élus français et le Dalaï-Lama. Invoquant une visite strictement privée à laquelle le Sénat ne veut absolument pas être liée, Christian Poncelet tente d’empêcher la presse de se faire l’écho d’un événement qui revêt une grande importance pour la communauté tibétaine", a affirmé l’organisation. Les journalistes étrangers sont aussi choqués par le procédé. Ainsi, le journal Le Soir de Bruxelles regrette que Paris ait cédé à la pression chinoise.
Ainsi, après avoir cédé à la menace de représailles de l’ambassadeur chinois, la France s’incline encore en muselant la presse à sa demande. Le Dalaï-Lama sera donc reçu avec les honneurs les plus simples, à peine dignes d’un bonze. Pourtant, au cours des douze derniers mois, il a été reçu officiellement par le président Bush, par Angela Merkel et par le Premier ministre britannique, Gordon Brown.
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