Méritons-nous un tel mépris ?
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH300/macron_calculateur-6ffa3.jpg)
« Des gens qui ne sont rien », c’est ainsi que Macron 1er a qualifié une partie des français.
Cet homme qui, avant d’être élu, vantait la démocratie réelle, à l’horizontale, pratique manifestement l’inverse de ce qu’il défendait, et ses détracteurs lui prêtent maintenant une volonté monarchique.
C’est lors de l’inauguration jeudi 29 juin 2017 de la station F, projet lancé par Xavier Niel, installé sur 34 000 m² dans l’ancienne Halle Freyssinet à Paris sur le nouveau président a eu une phrase plutôt malheureuse : « ne pensez pas une seconde que si, demain, vous réussissez vos investissements ou votre start-up, la chose est faite. Non, parce que vous aurez appris dans une gare, et une gare, c’est un lieu où l’on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien, parce que c’est un lieu où l’on passe, parce que c’est un lieu qu’on partage ».
Son prédécesseur, s’il faut en croire son ex-compagne, avait, pour sa part, évoqué avec mépris les « sans-dents ».
Bienvenue donc dans le monde de Macron aux « gens qui ne sont rien ». lien
En son temps, un certain Séguéla affirmait qu’il fallait posséder une montre de luxe pour démontrer sa propre réussite.
Le flou entretenu pendant toute la campagne, concernant les véritables intentions du candidat devenu président permet aujourd’hui de se poser des questions sur sa vision de la démocratie.
Comme l’écrit dans son édito, Thomas Legrand, sur l’antenne de France Inter, nous sommes passés en quelques jours de l’Emmanuel horizontal, au Macron vertical. lien
En effet, il n’y a plus guère de doutes quant à la manière dont veut gouverner le nouveau président… il décide.
Le premier ministre exécute, et les parlementaires de LREM, le doigt sur la couture du pantalon obéissent.
Pourtant il n’y a pas si longtemps, il s’était affiché en rempart pour « protéger la république et la démocratie… mon combat est aussi devenu un combat pour que vous puissiez librement et démocratiquement exprimer vos désaccords ». lien
Philippe D. Vincent, un polytechnicien, chercheur en intelligence artificielle et accessoirement blogueur à Médiapart, enfonce le clou dans un billet d’avril dernier, se posant la question : « avec Macron, est-ce la fin de la démocratie ? ».
Il remarque que les méthodes de lancement d’EM présentent un défaut originel majeur susceptible de mettre en danger la démocratie, et de conduire à l’instauration d’un pouvoir personnel fascisant au nom de la sauvegarde du pays.
Il propose comme base de réflexion cet aphorisme : « toute passion qui ne serait pas domestiquée par la raison serait la porte ouverte à tous les fascismes, et toute raison qui ne se nourrirait pas de passion ne serait qu’une terre aride incapable de porter de fruits ».
Or remarque-t-il, dans un 1er temps, Macron a joué sur la séduction, l’émotion, l’affectivité, afin de lever des troupes d’afficionados prêts à le suivre quasi « par amour »…
Il n’a pas généré d’adhésion en proposant un programme, mais il a joué de la passion, ce qu’ont fait en leur temps de tristes personnages, tel le Duce, ou Juan Perón, ce qui ne laisse augurer rien de très encourageant.
Le blogueur questionne : « Avez-vous remarqué comme son sourire enjôleur se métamorphose en un regard dur qui fait frémir quand on lui tient tête, comme Léa Salamé lors du débat sur France 2 du 6 avril » questionne Philippe D. Vincent, affirmant « cet homme ne supporte pas la contradiction ». vidéo (curseur à 1h18’)
Pour le blogueur, cette volonté de créer un mouvement ou toutes les sensibilités seraient représentées par des gens de bonne foi afin de « sauver le pays », est une mauvaise idée, car elle conduit à un affaiblissement du débat démocratique.
« L’idée de Macron contient en germe l’instauration d’un régime de parti unique » assure P.D. Vincent. lien
Au sujet des promesses, il est convaincu : « il ne peut tenir les promesses démagogiques qu’il a fait autant à gauche qu’à droite ».
L’avenir nous en dira plus, mais, dans le domaine de la santé, quid de sa volonté de vendre les médicaments à l’unité ?...de faire baisser le prix des médicaments ?...de faire baisser le tarif des mutuelles ?...quid de sa volonté de lancer une évaluation de la qualité et de la pertinence des soins ?...prudent, il fixe l’objectif des lunettes et prothèses auditives et dentaires prises en charge à 100% avant la fin de son mandat…quid de sa promesse de faire évoluer la rémunération des médecins de ville ?...il affirme qu’il maintiendra l’aide médicale d’état concernant les étrangers…qu’il consacrera 5 milliards dans un plan d’investissement à la santé, et lancera une révolution de la prévention. lien
Ces promesses seront-elles tenues au moment où l’heure est plutôt aux restrictions, vu l’état du pays et le discours du 4 juillet de son 1er ministre ne fait rien pour nous rassurer.
Philippe Kerlouan, du blog BVoltaire, va encore plus loin, remarquant qu’Emmanuel Macron va gouverner avec seulement 24,1% de français qui lui ont apporté leurs suffrage.
Il affirme : « si la démocratie pouvait parler, elle dirait : j’étais déjà en mauvais état, mais Macron m’a tué.
En ne reconnaissant pas qu’il est minoritaire, en n’en tirant pas les conséquences, en ne réagissant pas aux injonctions préventives de la Commission de Bruxelles, en ne cherchant pas à rendre plus juste le fonctionnement de la démocratie, celle-ci lui donnerait cet avertissement : à force de mépris, tu risques un jour prochain, de subir la révolte du peuple ». lien
Ce qui vient de se passer lors de l’attribution des différents postes de pouvoir lui donne raison, et les déclarations du monarque présidentiel lors du congrès de Versailles ne sont pas plus rassurantes.
L’introduction d’une dose de proportionnelle n’est pas une mauvaise proposition, ainsi que la diminution du nombre de députés, de sénateurs, sont de bonnes nouvelles, mais il manque des précisions sur cette proportionnelle, même s’il se donne le délai d’un an pour concrétiser le tout.
Au-delà de ces déclarations, son long, trop long discours, l’a fait passer du stade « Roi Soleil » au « Roi Sommeil », comme l’ont écrit des internautes facétieux. lien
Devenu spécialiste du flou artistique, champion de la contradiction, avec son arme fatale « en même temps », qui lui permet de déclarer une chose et son contraire dans la seconde qui suit, ce qu’a constaté Alba Ventura, chez RTL.
Elle fait en quelques minutes le constat de beaucoup de ces contradictions.
« vous vouliez supprimer l’ISF et en même temps, vous voulez le garder en version rénovée…vous vouliez supprimer les 35 heures, et en même temps, vous vous êtes dit qu’il valait mieux rechercher des accords d’entreprise…vous disiez vouloir préparer une réforme de la fonction publique et vous attaquer au statut des fonctionnaires, et en même temps, vous avez seulement décidé de le moderniser…sur Notre Dame Des Landes, vous avez évoqué le référendum, qu’il fallait le respecter, et en même temps, vous avez proposé un médiateur…sur la colonisation, vous avez parlé de crime contre l’humanité, et en même temps, vous avez dit qu’il s’agissait plutôt de crime contre l’humain, admettant des aspects positifs dans la colonisation…vous avez jugé que les anti-mariage gay avaient été humiliés, et en même temps vous avez dit que l’humiliation était aussi du côté des homosexuels…sur la peopolisation, vous avez déclaré que vous aviez fait une erreur de vous exposer avec votre épouse, et en même temps, vous avez continué à vous prêter au jeu…bref, sous vos airs polis, vous avez dit une chose et son contraire »…vidéo
La rédaction de « l’Express » s’est penchée à son tour sur le nouveau président, assurant qu’il se prendrait pour le « grand Charles ».
N’avait-t-il pas déclaré lors de son passage à Lyon, lors du meeting de Gerland, « De Gaulle, c’est moi…la République, c’est moi ! » lien
Macron entendrait donc aussi emprunter les chemins suivis par son glorieux prédécesseur, Charles De Gaulle, en l’occurrence.
Il devrait se souvenir que ce dernier, porté à ses débuts par un enthousiasme populaire légitimé pour son action lors de la seconde guerre mondiale, à connu quelques déboires par la suite, des français lui reprochant entre autres, de se comporter en monarque.
Il avait en son temps fait appel au référendum, assurant qu’il en tirerait les conséquences s’il était désavoué, ce qu’il a fait en démissionnant.
Macron reprend la même logique.
Prendra-t-il ce risque un jour ?
L’histoire nous le dira.
Comme dit mon vieil ami africain : « quand on marche en se regardant trop souvent le nombril, on peut se faire mal ».
L’image illustrant l’article vient de dentalespace.com
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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