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Accueil du site > Actualités > Politique > Michel Barnier sur les pas de Pierre Mendès France

Michel Barnier sur les pas de Pierre Mendès France

« Il y a aussi une phrase d'un homme politique, d'un homme d'État, que moi j'ai admiré, Pierre Mendès France, qui disait, "ne jamais sacrifier l'avenir au présent". C'est dans cet état d'esprit-là, si exigeant, dans lequel je me trouve en ce moment. Je ne veux pas sacrifier l'avenir, y compris à moyen terme, au présent extrêmement difficile dans lequel je me trouve, avec vous. » (Michel Barnier, le 15 novembre 2024 à Angers).

Un peu plus de deux mois, une longévité archicourte et pourtant, l'étoffe d'un grand Premier Ministre pour la France. Michel Barnier est décidément un oiseau bien particulier de la vie politique française. On le connaissait depuis une bonne quarantaine d'années, la Savoie, les Jeux olympiques d'Albertville, l'Environnement, l'Europe, le Brexit... des dizaines de dossiers majeurs qu'on lui a confiés et qui lui ont donné expérience, assurance, malgré une humilité qu'il maintient jalousement, et aussi de la sagesse. On le connaissait, mais on ne l'a pas vu surgir cet été comme l'homme majeur qu'il fallait pour une classe politique paralysée par la stupéfaction de la dissolution, détrônant probablement Gabriel Attal et Jordan Bardella dans le concours de la personnalité politique de l'année 2024 (au grand dam de Lucie Castets). En somme, un homme providentiel, comme il en surgit quelques-uns dans la vie politique.

Loin d'être seulement épanoui, il donne toute la mesure de son rôle et marque étape après étape les conditions de l'exercice du pouvoir. Avant même de citer lui-même Pierre Mendès France, en l'écoutant parler lors de son discours pour la clôture des 93e congrès de l'Association des départements de France où étaient réunis plus d'une centaine de présidents de conseils départementaux (sous la présidence du centriste François Sauvadet, président du conseil départemental de la Côte-d'Or), je le mettais juste en parallèle avec Pierre Mendès France qui a gouverné si peu de temps mais si densément, puisqu'on en parle encore soixante-dix ans plus tard !

Mais avant d'évoquer ce discours d'Angers qui m'a paru plus important que par sa seule portée sur ses relations avec les collectivités territoriales (en particulier les départements et les communes), revenons au matin, voire à la veille puisque les propos du Premier Ministre, interviewé par Cyril Petit, Yves-Marie Robin et Stéphane Vernay, publiés dans le journal "Ouest-France" daté du 15 novembre 2024, étaient connus dès la veille. Qu'a-t-il dit dans cette interview ? Beaucoup de choses (une page complète du journal régional) mais j'en retiendrai deux en particulier. À la question sur l'utilisation de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution à la fin de la procédure budgétaire, Michel Barnier a répondu : « Probablement. Quand je vois ce qu'il s'est passé à l'Assemblée Nationale, il me semble difficile de faire autrement au bout de la discussion. ». Son sens de l'ouverture et de la concertation n'en sera pas pour autant affecté, puisqu'il a déclaré très clairement : « C'est à nous de faire la preuve que la méthode est utile pour consolider et apaiser le pays. Nous voulons remettre du respect et du dialogue partout. ». Cette dernière phrase est sans doute la plus emblématique de cet ancien jeune gaulliste.

Et son application directe, celle du respect et du dialogue, c'était justement sa rencontre avec les présidents des conseils départementaux. En raison de la chute de l'immobilier (les droits de mutation font partie de leurs recettes principales), les départements sont en forte difficulté financière alors qu'ils sont les premiers guichets de l'aide sociale de l'État.

Je n'évoquerai pas les propos spécifiquement destinés aux élus départementaux pour simplement reprendre quelques déclarations politiques générales. Comme dans chaque intervention de Michel Barnier, il y a une extraordinaire maîtrise à la fois de la forme et du fond. Du fond, évidemment, avec une telle expérience politique, mais aussi de la forme, tant sa forme physique et mentale qui paraît excellente (c'est un grand sportif) que son intelligence des dossiers et de la communication politique. Avec toujours en prime cette pointe d'humour, parfois ironique, très ciblée, très dense, amenée toujours à l'improviste, par surprise, déconcertante, mais toujours bien léchée. En somme, il est redoutable, et il fallait bien cela pour évoluer dans cette situation inédite d'absence de majorité à l'Assemblée.

De même, il est difficile de bien comprendre le personnage : a-t-il un ego fort ou pas ? À ce niveau de responsabilité, il est toujours fort, et on voit que sur certains sujets, il est déterminé et il s'accroche, mais il montre aussi une forme très intelligente, très réfléchie de modestie, d'humilité, face à ses fonctions (très temporaires, il ne cesse de le rappeler), mais aussi face aux défis. Cultive-t-il pour autant l'autodérision ? Pas forcément.

Sur la brièveté de son parcours à Matignon, il a multiplié les incertitudes : « Au moment de commencer ce parcours, dont je ne sais pas la durée, d'ailleurs. J'espère que j'aurais le temps de dépasser l'extrême urgence dans laquelle je me trouve, nous nous trouvons, pour remonter la ligne d'horizon. Mais ce que je veux vous dire, simplement, parce que j'ai été élu conseiller départemental, conseiller général, j'avais 22 ans. J'étais, d'ailleurs, à l'époque, le plus jeune conseiller général de France. C'est un titre qu'on perd assez vite. Comme j'ai été, un peu plus tard, le plus jeune président de département, à 32 ans. Mesdames et messieurs, j'avais, à cette époque, une capacité d'enthousiasme, une capacité d'indignation. Et ce que je veux dire, c'est que cinquante et un ans plus tard, cette première élection de suffrage universel, je n'ai perdu ni l'une ni l'autre. Je viens vous voir avec de l'humilité, et tous les jours, je reçois des leçons d'humilité. ».

Au final, il a tablé sur près de trois ans, un mandat qui finirait avec l'élection présidentielle de 2027. Très optimiste ? Pas du tout ! Michel Barnier non seulement s'est permis de citer Jean Monnet, mais en prenant soin de préciser : « un homme que je respectais, même si je n'ai pas toujours été totalement proche de ses idées » : « à qui on demandait, Monsieur Monnet, est-ce que vous êtes pessimiste ou optimiste ? Il disait, ni l'un ni l'autre, je suis déterminé. C'est l'état d'esprit dans lequel je me trouve devant vous aujourd'hui. ».

En introduction, une petite leçon sur l'ascendance de la technocratie dans la vie politique : « J'ai appris une chose aussi, et je peux vous dire que c'est extrêmement utile à la place où je me trouve en ce moment, c'est qu'à Angers, comme à Paris, comme à Bruxelles, n'oubliez pas Bruxelles, quand les hauts fonctionnaires, les bureaucrates prennent le pouvoir, c'est que les hommes ou les femmes politiques leur ont laissé le pouvoir. ».

Et le premier message aux départements, c'était de dire qu'il réduirait l'effort budgétaire des collectivités locales : « Je suis là pour vous dire, en tenant compte de votre situation très spécifique et qui n'a peut-être pas été bien vue dans les premiers scénarios budgétaires, que nous allons réduire très significativement l'effort qui vous est demandé par le projet de loi de finances. ». Cela reste vague mais signifierait qu'au lieu de 5 milliards d'euros d'économies, il en demanderait apparemment seulement 2. Message assorti un peu plus tard de cette déclaration d'amour de l'ancien président du conseil général de Savoie : « La place où je me trouve, je n'accepte pas que les départements aient le sentiment de devenir de simples opérateurs de l'État. Ce n'est pas ce que nous avons voulu collectivement avec les lois de décentralisation, et je les ai bien connues. Parce que j'ai eu l'honneur de devenir président de département en mars 82, au moment même où la loi Defferre, qui reste, je le pense, personnellement, avec l'abolition de la peine de mort, l'une des deux grandes réformes fondamentales, d'une nature différente, évidemment, du premier septennat de François Mitterrand. ».

Autre message, l'absolue nécessité d'une simplification administrative : « Tout à l'heure, je discutais dans le train avec Michel Cadot, que vous connaissez, un grand préfet qui est à mes côtés et qui est votre interlocuteur aussi, si vous avez besoin de me faire passer des messages très directs sur le bénéfice que notre pays trouverait à réduire ce carcan de normes, cette simplification qui va être une tâche. Je crois que c'est 2 à 3% du PIB qu'on pourrait gagner collectivement, sans parler de l'efficacité et de la relance. ».

Puis, toujours à destination de l'ensemble des politiques et des Français, Michel Barnier a rappelé qu'il n'était pas Lucie Castets : « À la place où je me trouve, Mesdames et Messieurs les présidents, et je m'y trouve pour un temps que je ne connais pas. Est-ce que j'ai besoin de rappeler que je ne me suis pas roulé par terre pour être Premier Ministre ? J'étais prêt, j'étais disponible, j'avais obtenu, acquis cette expérience que donne la collectivité territoriale pendant dix-sept ans, j'ai eu quatre fois l'honneur d'être membre de gouvernement avec François Mitterrand, avec Nicolas Sarkozy, avec Jacques Chirac évidemment, et puis j'ai eu cette opportunité, cette chance d'apprendre comment renforcer l'influence française au plan européen et d'être, pendant quinze ans à Bruxelles, comme commissaire ou comme négociateur du Brexit. J'étais prêt à utiliser cette expérience. Si je vous disais le contraire, je vous raconterais des histoires. On a tous des ambitions, elles sont légitimes. Mais je n'étais pas demandeur. Je n'étais pas demandeur. Et j'ai accepté de servir, comme vous servez, Mesdames et messieurs les présidents, je le dis à tous les élus, et d'utiliser tout ce que j'ai appris pour notre pays. ».

Cette expression, "roulé par terre", il l'a également utilisée dans son interview dans "Ouest-France" : « Je ne me suis pas roulé par terre pour être Premier Ministre. J'étais prêt, disponible, mais je n'étais pas demandeur. J'ai accepté en me disant que je pouvais être utile. J'essaie de remettre du calme, du respect partout. ».

Et sa situation fait aussi qu'il est complètement libre, le confirmant en poursuivant son discours ainsi : « Mais je suis aussi prêt à partir demain matin. Il faut que vous le sachiez. Si les conditions ne sont plus réunies pour changer, faire face à l'urgence ou à l'extrême urgence, et puis réformer ce pays pendant le temps que j'aurais. C'est ça, mon seul objectif. ». Il ne fait pas un chantage à la démission, mais il veut pouvoir exercer la plénitude de ses responsabilités que personne d'autre, il faut bien l'avouer, ne voulait (surtout pas un parlementaire ou élu de la nouvelle farce populaire).

Il s'est même amusé de son âge : « Je n'ai pas d'agenda pour après. J'ai 73 ans aujourd'hui. J'en aurai 76 en 2027. Je n'ai pas besoin qu'on me rappelle mon âge. Je sais ce qui est raisonnable et ce qui ne serait pas raisonnable. J'ai simplement envie que, pour tout vous dire, à la fin de ce mandat, j'espère deux ans et demi, 2027, puisqu’à ça, c’est qu’on se dise, tiens, Barnier avec toute l'équipe qui l'entoure (…)... J’ai envie qu’on dise que cette équipe a créé du progrès, ce qui est l'essence même de la politique, mesdames et messieurs, créer du progrès. Qu'est-ce qu'on fait avec un mandat de cinq ans ou de six ans, des lois, des règlements, des projets avec des valeurs et des convictions aussi, c'est mieux d'en avoir. On doit créer du progrès collectif. C'est ce que vous faites chacune et chacun dans vos départements. C'est ça notre honneur. C'est de se dire qu'à la fin de notre mandat, la situation est meilleure, sans faire de miracle, meilleure, un peu meilleure que celle qu'on a trouvée en arrivant. C'est ça dont j'ai envie. Et je n'ai pas d'autres ambitions, il faut que vous le sachiez. ».

Lucide avec lui-même : « Je le sais, avec cette conviction, cet objectif chevillé au corps, nous allons procéder méthodiquement et par étapes, comme c'est mon tempérament. C'est pour ça que je ne suis pas considéré comme quelqu'un de très marrant, mais je vais être très méthodique avec le gouvernement. Et nous allons attacher, mesdames et messieurs les présidents, autant, sinon plus, d'importance à l'effet de suivi qu'aux effets d'annonce. ».
 

Ses contraintes se résument à un seul mot d'ordre, réduire le déficit : « Je suis, avec ces deux lettres et ces deux notes sur mon bureau, avec un objectif qui ne m'amuse pas, qui ne me fait pas plaisir. Ça veut dire 60 milliards d'une année à l'autre, ramené à 5% de déficit, ça veut dire 60 milliards de moins de dépenses ou de plus de recettes. Et pourquoi je pense que c'est l'intérêt national de faire ça ? Parce que je pense, mesdames et messieurs, qu'on ne peut pas continuer à avoir une dette qui monte comme ça tous les ans. (…) Est-ce que cet argent des intérêts de l'emprunt, 60 milliards, ne serait pas mieux utilisé autrement ? Ça fait presque 870 euros par Français, qu'il ait un mois de vie ou 80 ans, soit 870. Voilà. (…) Mais moi aussi, je pourrais demander des comptes. Je pourrais distribuer des bons et des mauvais points. Je ne suis pas dans cet état d'esprit de faire des polémiques. Je n'ai pas de temps pour ça. La seule chose que je veux dire, c'est que je trouve une situation telle qu'elle est, telle que je viens de vous la dire, je ne trouve en effet pas normal (…) qu'on ne soit pas capable, ou foutu, dans ce pays, d'être d'accord sur les chiffres. Ce n'est pas normal. J'en ai parlé hier soir, d'ailleurs, avant de venir vous voir avec le Premier Président de la Cour des Comptes, et on va essayer de trouver le moyen, entre les services de l'État, de Bercy, de l'Assemblée Nationale et du Sénat, de la Cour des Comptes, peut-être d'autres experts, de trouver un moyen de mettre sur la table, et devant les Français, quels qu'ils soient, les vrais chiffres qu'il n'y ait pas des polémiques, parce qu'il y a parfois des raisons, il y a des dépassements, il y a moins de recettes, mais il faut qu'on se mette d'accord. ».

Après avoir annoncé quelques mesures financières très techniques qui ont pour objectif de desserrer l'asphyxie financière des départements, Michel Barnier, après avoir cité Pierre Mendès France, a cité l'un de ses disciples, Gaston Defferre qui disait le 21 juillet 1981 dans l'hémicycle (l'actuel Premier Ministre y était) : « Il faut que les décisions soient prises là où elles devront s'appliquer sur le terrain par des hommes, j'ajouterais d'ailleurs des femmes, en contact direct avec les problèmes. ».

Et Michel Barnier de commenter la phrase de Gaston Defferre : « Voilà. Et je n'ai pas oublié cette phrase ou cette promesse qui n'a été que partiellement tenue par tous les gouvernements de droite, de gauche ou du centre depuis. Quarante ans plus tard, je pense que l'exigence de proximité est encore plus là qu'avant. On voit bien le besoin de garder ses racines, de les retrouver, son identité, ses traditions, sa culture, son patrimoine, je suis très attaché au patrimoine, dans un monde où les réseaux sociaux, la télévision, font que l'inquiétude est importée dans chaque maison, dans chaque iPhone, dans chaque téléphone. L'inquiétude, l'angoisse, qui sont parfois justifiées par ce qui passe en Ukraine, à côté de nous, au Proche-Orient, aux États-Unis. Donc, je pense que c'est aussi pour cette raison politique et démocratique fondamentale que je partage votre discours sur l'exigence que portent les départements et les communes de cette cohésion, de cette unité sociale. Je n'ai pas besoin d'être convaincu davantage de ça. Pour moi, le département, c'est l'échelle du concret, c'est l'échelle où se prennent les décisions qui comptent pour les gens, les services publics, l'aménagement du territoire pour l'aide sociale, le sport, la culture, la transition écologique, la prévention des risques. La prévention des risques. (…) Tout cela nous paraît naturel dans cette enceinte, mesdames et messieurs à Angers, et pourtant, je dois vous dire, chaque jour, depuis que je suis Premier Ministre, combien ce n'est pas évident pour tout le monde, ce que je viens de vous dire. Parfois même dans nos administrations et nos agences. ».

Au détour d'une phrase, Michel Barnier était fier d'une première réussite à la tête du gouvernement, l'accord sur l'assurance-chômage : « Si vous voulez une preuve de cette méthode dite Barnier, enfin du Premier Ministre ou du gouvernement, vous en avez eu une, ce matin encore sur deux sujets importants, que sont l'assurance chômage, et l'emploi des seniors, où j'ai décidé qu'on ferait confiance aux syndicats et au patronat, plutôt que d'imposer par la loi, même si la loi avait été votée pour l'assurance-chômage. J'ai décidé de remettre ce chantier sur la table des syndicats et du patronat. Et cette nuit, ils ont abouti, en deux mois, à un accord, par le dialogue social. Je crois aussi que la cohésion sociale, c'est une des conditions de la compétitivité des entreprises et donc nous allons amplifier ce dialogue. ».

Parmi les mesures qu'il va proposer, il y a quelques mesures pour les élus. Comme « la proposition de loi qui va venir début 2025 sur le statut de l'élu local ». Mais ce qui sera important concernera le mille-feuilles territorial et le cumul des mandats : « Je serais intéressé (…), mesdames et messieurs les présidents, de vos réflexions, de vos idées sur deux sujets qui ont une dimension politique et sur lesquels nous sommes prêts à ouvrir la discussion. Je n'engage pas à ce stade. Le premier est celui d'une idée qui a été contestée par beaucoup de départements, qui est celle du conseiller territorial. Dites-moi votre sentiment actualisé sur cette question. Voilà. Non, mais juste, je vous écoute, et puis après... Je suis aussi intéressé, mesdames et messieurs les présidents, mesdames et messieurs les élus, sur votre avis concernant le cumul des mandats. Et je suis ouvert à une réflexion pluraliste pour évaluer et remettre à plat le cas échéant l'interdiction actuelle du cumul des mandats avec l'objectif de rapprocher les élus nationaux, aussi les élus européens, des citoyens. ».

C'est ainsi qu'en s'exprimant aux présidents de conseils départementaux, le Premier Ministre s'est exprimé finalement à toute la classe politique et à l'ensemble des Français. Petit à petit, Michel Barnier crée sa légende. Il se moque de savoir s'il durera, il sait qu'il fait du hors piste et que le vide de la falaise n'est pas loin, mais il est déterminé et se sent investi enfin d'une mission à la mesure de ses ambitions. Même s'il est renversé demain par une conjonction certes improbable mais possible, on peut dire déjà qu'il aura marqué son temps politique. Sur sa longévité, il a dit à Angers, au détour d'une réflexion : « Nous allons, avec cet objectif-là, pendant le temps que nous aurons, deux ans et demi, j'espère... Ça dépend de l'Assemblée Nationale, vous l'avez bien compris. C'est une conjonction qui peut paraître improbable, mais qui peut toujours se produire. » (à "Ouest-France", il disait de même : « Nous savons que la durée de vie du gouvernement dépend d'une conjonction entre l'extrême gauche et le Rassemblement national. »).

Lui qui a été un jeune loup à plusieurs égards, voici qu'il lui a fallu attendre ses 73 ans pour qu'il imprime son style, le style Barnier. Au contraire de Petit Gibus dans "La Guerre des boutons" (film d'Yves Robert, adaptation du roman de Louis Pergaud), il a pu dire (au tout début de son intervention à Angers) : « Eh bien, j'ai bien fait de venir, hein ! Je ne regrette pas du tout d'être venu, depuis le début d'ailleurs. ». La question restera évidemment : qu'en pensent les Français ? La bataille de "l'opinion publique" sera déterminante pour la survie du gouvernement de Michel Barnier. Mais aussi du Président Emmanuel Macron.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (15 novembre 2024)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Michel Barnier sur les pas de Pierre Mendès France.
Discours du Premier Ministre Michel Barnier le 15 novembre 2024 à Angers (vidéo et texte intégral).
PLF 2025 : la majorité de rejet !
Michel Barnier : déjà deux mois !
François Guizot à Matignon ?
5 euros pour visiter Notre-Dame de Paris ?
Achats dans la fonction publique : des économies à faire ?
Doliprane : l'impéritie politique.
Proche-Orient : l'incompréhension de Roger Karoutchi.
Motion de censure : le quart d'heure de gloire d'Olivier Faure.
Budget 2025 : l'impossible mission de Michel Barnier.
Claude Malhuret : du vol des élections aux chefs d'escadrille...
Les 3 lignes rouges de Marine Le Pen pour ne pas censurer le gouvernement Barnier.
La quadrature du cercle de Michel Barnier.
 

 


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24 réactions à cet article    


  • amiaplacidus amiaplacidus 16 novembre 10:11

    Rakoto :

    Michel Barnier sur les pas de Pierre Mendès France

    Même pas en rêve.

    C’est comparer un ver de terre à une étoile dirait V. Hugo.


    • Octave Lebel Octave Lebel 16 novembre 10:53

      L’intérêt d’un certain type de propagande c’est qu’à l’occasion elle attire notre attention sur des personnes qui méritent d’être mieux connues et dont le parcours politique nous instruit et nous pousse à la réflexion ce qui n’a pas de prix.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Mend%C3%A8s_France


      • amiaplacidus amiaplacidus 16 novembre 11:22

        @Octave Lebel

        PMF, un des grands hommes d’État français.
        Qui n’a été, malheureusement que moins de huit mois au pouvoir, un talent gaspillé. Tombé à cause de la politique politicienne, alors qu’il avait le soutien d’une majorité de Français.

        Mais durant ces huit mois, que de travail.
        Fin, pour la France, de la guerre d’Indochine. Les USA vont prendre la suite et recevoir une formidable déculottée.
        Il nous évite une guerre d’indépendance en Tunisie.
        Il apaise les choses au Maroc.
        Etc.

        C’est principalement son combat contre l’alcoolisme (je me souviens des distributions gratuites de lait à l’école) qui lui sera fatal. Sous la pression des bouilleurs de cru et des associations de cafetiers, les députés lui refuse la confiance début 1955.

        Comme je le disais plus haut, un talent totalement gâché pour de vulgaires raisons financières.


      • Seth 16 novembre 13:35

        @amiaplacidus

        La politique du lait à 4 heures lui survécut malheureusement et il fut responsable des estomacs lourds des marmots ayant des problèmes avec la digestion du lactose pendant toute une génération. M’en souviens encore.


      • amiaplacidus amiaplacidus 17 novembre 05:31

        @Seth
        Pour ce qui me concerne jamais eu de problème avec le lait. Et je suis un grand amateur de produits laitiers : lait, yaourt, fromages, crème, etc.


      • Seth 17 novembre 13:38

        @amiaplacidus

        Perso uniquement crème et fromages ne contenant que peu de lactose, pas de lait ni de yaourts sinon c’est la pierre dans l’estomac. J’ai trop connu ça dans mon enfance maintenant je l’évite comme la peste.
        .

        Remplacement du lait en cuisine par crème coupée d’eau (béchamel, purée, entremets) donc grande consommation de crème fluide ou fleurette (dans le café au petidéj smiley) épicétou.


      • charlyposte charlyposte 16 novembre 11:07

        Un plan d’austérité en marche envers la classe moyenne !


        • Octave Lebel Octave Lebel 16 novembre 11:11

          Autre réflexion. Un degré de plus dans la fiction démocratique. Je crois bien que cette échelle et ses degrés n’ont pas de limites connues tant que nous serons tenus résignés et consentants.

          La priorité des priorités sera de nous donner de nouvelles institutions pour que nous ne soyons plus à la merci de ce genre de combines et combinards dont le talent est de faire diversion, de travailler à nous faire oublier ce que nous avons vécu, de nous aveugler pour ce que nous avons sous les yeux et de bien préparer la vaseline pour nous administrer le plus poliment possible, en ayant l’air même de le regretter, un peu comme si cela était de notre faute, un 49.3. Pour notre bien à tous comme il se doit.


          • charlyposte charlyposte 16 novembre 11:19

            @Octave Lebel
            À défaut via la vaseline....un vaccin covid bidon fera l’affaire..... SI SI, c’est MAC MACRON KINSEY QUI LÀ DIT ....HUM .


          • leypanou 16 novembre 11:23

            @Octave Lebel
            la priorité des priorités c’est d’écarter pour de bon les fausses oppositions comme les prétendus non-alignés atlantistes ou le bloc national atlantisto-sioniste.


          • Octave Lebel Octave Lebel 16 novembre 11:47

            @leypanou

            Vous êtes une pythie tout à fait crédible pour le rôle. Pourriez-vous cependant nous faire profiter de votre décodeur afin que nous ne commettions pas de bévues ?


          • leypanou 16 novembre 12:08

            @Octave Lebel
            vous prétendez être non-alignés tout en voulant soutenir l’Ukraine militairement, logistiquement, économiquement, effacer les dettes de l’Ukraine : autrement dit, votre non-alignement n’est que de pacotille.
            Quant à votre bévue, les électeurs l’ont sanctionnée : vous avez moins de députés qu’en 2022 alors que Larem/Ensemble est vomi par beaucoup de gens.


          • charlyposte charlyposte 16 novembre 12:27

            J’ai hâte de voir l’Ukronazie payer sa dette sonnante et trébuchante pendant 50 ans , en ajoutant quelle peut garder sa bouffe de merde pour sa plèbe aux ordres de l’arnaque occidentale qui va vous la mettre de préférence avec ou sans vaseline... bio ou pas....on s’en fout smiley


            • Seth 16 novembre 13:33

              Je n’ai jamais entendu dire de bien de PMF ni dans par les gaullistes d’une branche de ma famille ni par les cocos de l’autre.

              Disons qu’il ne faisait pas l’unanimité

              Mais après tout pourquoi ne pas risquer cette comparaison, on compare bien moumoute 1er à Jupiter ! smiley


              • Gérard Luçon Gérard Luçon 17 novembre 03:33

                @Seth
                le commentaire dans lequel je rappelais que PMF avait été « complice » des USA quand la CIA est intervenue aux côtés du Viet-Minh contre la France a été supprimé ... le colonisateur français a été remplacé par le ricain ... le film « a quiet american » aborde ce sujet !


              • Gérard Luçon Gérard Luçon 17 novembre 03:35

                @Seth
                le commentaire dans lequel je rappelais que PMF avait été complice des USA, il savait que la CIA était aux côtés du Viet-Minh, a été supprimé ... et le colonisateur ricain a remplacé le colonisateur français ; le film « a quiet american » aborde ce sujet


              • amiaplacidus amiaplacidus 17 novembre 05:38

                @Gérard Luçon
                Que faisaient les Français en Indochine, à plus de 12.000 km de Paris ?

                Que je sache, les Cambodgiens, les Vietnamiens ou les Laotiens n’ont jamais été français.

                Le sort des colonisateurs, c’est toujours de se faire éjecter de la colonie.
                Et les Étasuniens, remplaçant les colonisateur français, l’ont appris en se faisant largement humilier par un peuple en sandales en 1975.


              • Gérard Luçon Gérard Luçon 17 novembre 05:47

                @amiaplacidus
                C’est très bien que les « Viets » nous aient virés, par contre avoir caché aux français la présence de la CIA ça l’est beaucoup moins ! 


              • amiaplacidus amiaplacidus 17 novembre 09:20

                @Gérard Luçon

                Rien n’a été caché aux Français.
                C’est une période que j’ai vécue à l’âge où la raison vient. Je me souviens que c’était de notoriété publique que la CIA soutenait le Viet Minh.

                Le 2 septembre 1945, Hô Chi Minh proclame l’indépendance du Vietnam sur la place Ba Dinh, à Hanoï, en présence des officiers US de l’État-major du Ddétachement 101 l’OSS (Office of Strategic Services, ancêtre de la CIA).
                Il existe des photos de presse montrant Hô Chi Minh, derrière lui, le major Archimedes Patti du Détachement 101 se tient à ce moment à côté de Võ Nguyên Giáp.

                Võ Nguyên Giáp a été formé comme militaire par l’OSS, auparavant, il était prof d’histoire. Piquant de constaté que celui qui allait infliger une défaite humiliante aux USA a été formé par eux.

                Le préambule de la déclaration d’indépendance vietnamienne reprend exactement le préambule de la déclaration d’indépendance US de 1776 :
                « Tous les hommes naissent égaux. Le Créateur nous a donné des droits inviolables, le droit de vivre, le droit d’être libre et le droit de réaliser notre bonheur ».
                Difficile de ne pas y voir une influence des agents de l’OSS. Les USA ont ensuite tourné casque en 1949, lors de la prise de contrôle de la Chine par Mao.

                S’ils avaient lu un peu l’histoire, ils se seraient évité une guerre et une cuisante défaite. Ils auraient appris que les Vietnamiens détestent les Chinois et que pour les contenir il vaut mieux un Vietnam fort, fut-il communiste.


              • Gérard Luçon Gérard Luçon 17 novembre 11:10

                @amiaplacidus
                je n’a que 73 ans donc j’ai eu accès à la version suivante, dans une famille globalement anticolonialiste et en partie communiste ...


              • amiaplacidus amiaplacidus 17 novembre 12:26

                @Gérard Luçon
                J’en ai 10 de plus, d’une famille globalement anarcho-syndicaliste, dont je suis le digne héritier moral.

                PMF n’était pas aimé, à la fois des communistes et des gaullistes, sans doute parce qu’il était un homme libre, faisant ce qu’il pensait devoir faire pour le bien de la France, refusant d’obéir à des directives partisanes.

                C’est sûrement bizarre de voir un type comme moi, situé nettement dans la gauche libertaire, faire l’éloge d’un homme politique de centre-gauche. C’est simplement parce que PMF était un type bien, quelles que soient ses opinions politiques.


              • ETTORE ETTORE 16 novembre 13:39

                Tant qu’on auras des sbires déclamant, se disant compétents, mais qui se réclament juste, de mettre les pieds dans les traces des autres...

                Nous pouvons être certains, que la malignité à résorber notre gouffre financier se résume à mettre des mocassins à l’envers, ,pour tromper le peuple, en lui faisant croire qu’il avance, alors qu’il ne fait que reculer, encore et encore .


                • La Bête du Gévaudan 16 novembre 22:33

                  Tonton Barnier permet à la pétaudière redistributive de la dette de tenir encore un peu... évidemment, peu de gens en ont conscience... L’an procahain, la France va devoir lever 300 milliards (presque 1 milliard par jour) sur les marchés financiers... une bagatelle je vous dis ! ... Autant vous dire qu’on a intérêt à conserver une notation pas trop mauvaise pour avoir des conditions de prêt acceptables.

                  Dans ce contexte, le Tonton Barnier permet simplement aux Français (y compris les mélenchonistes qui couinent dès qu’ils se cassent un ongle social) de continuer à toucher l’argent de l’économie perfusée... Quand la pétaudière va exploser, on va passer en « mode de vie moldave des années 90 »... Le Frexit ou la fin du néolibéralisme ne sera pas un grand bond en avant mais un grand bond en arrière, ah ah !

                  Certes, Mélenchon nous propose de pendre « les zultra-riches » et de nationaliser les coiffeurs... mais c’est pas hyper crédible dans le monde réel. A écouter Mélenchon, l’argent ça s’imprime comme du papier toilette... ben voyons... à ce tarif, il suffirait donc d’imprimer assez d’argent pour que nous soyons tous riches ! ... et ça veut gouverner la France.

                  Tonton Barnier permet donc « faire durer » autant que faire se peut le système en place. Pour le pire et pour le meilleur. Je n’ai évidemment pas de sympathie particulière pour sa ligne politique, mais, dans le contexte économique et idéologique actuel, elle revêt un certain réalisme. Et puis ce grand gaillard flegmatique me fait marrer : il nous change des nabots hystériques de tous bords.


                  • ggo56 18 novembre 21:00

                    Encore ce connard de pseudo pseudo malgaché !

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