Monsieur Macron, êtes-vous vraiment antifasciste ?
Françoise Nyssen, nouvelle ministre de la Culture, ne cache pas ses liens avec l’anthroposophie, notamment sa déclinaison éducative avec les écoles Steiner-Waldorf. La presse, ces derniers temps, a longuement présenté les possibles dérives sectaires de ce mouvement ésotérique et mystique.
Toutefois, sont passés sous silence les liens plus que troubles entre l’anthroposophie et le nazisme, surtout la pensée des deux fondateurs de ces mouvements, Rudolf Steiner et Adolf Hitler. Les nazis, en effet, ont puisé idées et preuves du bien-fondé de leur politique dans cette forme de spiritualité.
La race aryenne au cœur du nazisme et de l’anthroposophie
Les liens entre anthroposophie et nazisme sont nombreux. Dans l’entre-deux-guerres, Rudolf Steiner se lie aux cercles pangermanisme et fait l’éloge du militarisme allemand. Une rhétorique que l’on retrouve dans Mein Kampf d’Adolf Hitler (écrit en 1925). De même, la vision de Steiner et Hitler concernant la première guerre mondiale est identique. Ainsi, le fondateur de l’anthroposophie la voit comme une conspiration internationale menée par les francs-maçons britanniques contre la vie spirituelle allemande.
De fait, anthroposophes et nazis se retrouvent fortement sur la notion de race. Pour faire simple, le nazisme est un mouvement totalitaire dont certaines caractéristiques sont : une population aryenne débarrassée des étrangers et des Juifs, la sélection raciale des enfants avec la procréation arrangée entre un homme et une femme "ethniquement pure", l’amour de la terre, une forme d’idolâtrie de dieux nordiques…
De même, l’anthroposophie propose aussi une vision raciale dans laquelle l’aryanité en est l’idéal culturel et spirituel. En 1910, Rudolf Steiner, lors d’une tournée en Norvège, explique que « les "âmes nationales" de l’Europe du Nord et Centrale appartiennent aux peuples "germano-nordiques". Pourquoi ? Car ils sont le groupe ethnique "le plus spirituellement avancé au monde". Ce groupe serait à l’avant-garde de la plus élevée des cinq races historiques (la race aryenne), celles-ci étant organisées hiérarchiquement. A noter que ces idées sont actuellement défendues par les suprématistes blancs, reprenant cette classification raciale de Steiner.
Contre le métissage des races, contre la France
Alors qu’Hitler explique, dans Mein Kampf, sa haine des Juifs mais également de la France, Rudolf Steiner cible les Noirs et les Français. Lors d’une tournée de 18 conférences en Allemagne et aux Pays-Bas, en 1921, il explique que les Noirs sont des "créatures primitives soumises à leurs instincts", et qui ne peuvent donc pas se développer spirituellement par eux-mêmes. Pour cela, il faut "les Blancs pour les éduquer". Comble de ce délire, il conseille même aux femmes blanches de ne pas lire de "romans nègres" pendant leur grossesse, car dans ce cas, elles auraient des "enfants mulâtres". Ses textes ont été regroupés dans son livre intitulé Die Verantwortung des Menschen für die Weltentwicklung (La responsabilité de l’homme pour l’évolution du monde).
Etre nazi ET anthroposophe est un développement logique. Parmi les dirigeants hitlériens, Rudolf Hess, adjoint d’Hitler et n°3 du régime, est un adepte des pratiques anthroposophiques. Richard Karutz, directeur du musée anthropologique à Lübeck (années 1920 et 1930), anthroposophe et antisémite notoire, juge qu’il faut proscrire le métissage des races, "surtout des Blancs et des non-Blancs". Quant à la Société anthroposophique allemande, elle envoie, dès 1934, une lettre à Hitler pour souligner la compatibilité de l’anthroposophie avec les valeurs nationales-socialistes : aryanité certes, mais également l’espace vital (Lebensraum).
Un espace vital pour le mouvement biodynamique
Hitler aurait été végétarien, sans que l’on sache vraiment si les raisons étaient d’ordre idéologique ou de santé. Mais ce qui intéresse les anthroposophes, ce sont les discours des nazis sur l’espace vital.
Le mouvement biodynamique, déclinaison agricole de l’anthroposophie, a vu dans la conquête des terres d’Europe de l’Est un moyen de promouvoir ses idées, notamment au travers de l’appareil agricole nazi. En effet, de nombreux responsables régionaux et locaux d’associations promouvant la biodynamie appartenaient au parti nazi. De même, le Bureau Principal pour la Race et la Colonisation du SS-Obergruppenführer Walther Darré, également anthroposophe, a joué un rôle central dans cette politique.
Il y eu alors une allégeance au nazisme de la part d’anthroposophes de renom. "Le nationalisme, le spiritualisme, le racisme ésotérique et le mysticisme écologique s’unissaient au pouvoir de l’Etat". Pureté de la race et pureté du sol étaient indissociables. Pour les nazis comme pour les anthroposophes.
Près de 80 ans plus tard, les écrits restent, les preuves sont manifestes, jetant un véritable trouble sur la nomination de Françoise Nyssen au ministère de la Culture. Or, Emmanuel Macron a fait du combat contre le FN et l’extrême droite un axe central de sa campagne. D’où cette question : Monsieur le Président, êtes-vous en phase avec cette personne ?
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