Mou - flou - Bayrou
Décidément, il n’est point de pire sourd que celui qui ne veut point entendre, ou point de pire analphabète que celui qui ne veut point lire. À moins que, au contraire, certains journalistes diplômés ne fonctionnent avec leur dictionnaire de rimes…
Vous avez reçu les professions de foi des différents candidats. Parmi celles-ci, le programme de François Bayrou donne fort peu dans les slogans et beaucoup dans les propositions précises. Cela ne date pas d’aujourd'hui. Depuis des semaines, je distribue des tracts pour lui, où tout est déjà inscrit noir sur blanc. Sur son site, dans ses interviews, dans la presse, etc., le Béarnais ne cesse de décrire en détail ce qu’il veut faire.
Néanmoins, les journalistes (par exemple, encore le 18 avril sur France Inter) continuent leur mantra : Bayrou est flou. On ne connaît pas ses propositions. À croire que ces pros ne lisent pas les excellents communiqués et autres pdf émanant du MoDem que, personnellement, j’ai reçus d’un ami communiste qui n’en dit pas de mal !
Et puis, Bayrou serait mou. L’auteur du mémorable brûlot, du pamphlet d’anthologie intitulé Abus de pouvoir étant au Centre, il serait donc, par définition, dans les demi-mesures, entre gris clair et gris foncé, dans le ni-ni. Certes, il récuse les extrêmes. Mais depuis quand les convictions fortes seraient-elles réservées à celles et ceux qui crient fort, ne tiennent rien, ou montent les Français les uns contre les autres ? C’est selon cette même logique que Camus s’est fait traiter de « philosophe pour classes terminales » alors que c’est sa pensée à lui qui trône aujourd'hui très haut au-dessus de celle de ses contemporains, au point que même Michel Onfray a commis un livre très élogieux sur cet homme de bien.
Alors, on se demande pourquoi « Monsieur Mouflou » s’est fait siphonner ses idées par ses principaux concurrents : le produire en France, la lutte contre la corruption, l’effort accru demandé aux riches, la restauration de l’éducation nationale et celle de notre modèle social, etc., etc. Sur le plan des idées, Bayrou a déjà gagné.
Lorsque François Bayrou est venu en juin dans ma ville, j’étais, avec le représentant de notre principal journal local, le seul à être venu l’interviewer. Et dans le même temps, le mantra circulait en boucle : Bayrou, on sait pas ce qu’il pense. C’était assez vrai… faute de couverture médiatique. Et ça continue : nous avons droit, sur toutes les chaînes et sur toutes les radios, à la couverture médiatique des tournois à distance comme celui de la Concorde et de Vincennes, et à peine à quelques entrefilets sans citations sonores sur les autres candidats. Traité à ce régime, que Bayrou arrive à des sondages à deux chiffres est une performance.
Que dire ? Eh bien, lisez les professions de foi qui arrivent chez vous. En vous posant deux questions : À quoi est-ce que j’adhère le plus ? Qui mettra le moins d’écart entre ses promesses et ses réalisations ?
La réponse n’est pas difficile.
Le seul point sur lequel Bayrou est non pas mou, ni flou, mais obstiné, c’est qu’il ne dira rien sur ses intentions avant que le premier tour ne soit fait. Et il faut être assez débile pour attendre le contraire. Cécile Duflot, juste après avoir dit que les écolos n’étaient pas à vendre, a négocié des places à l’Assemblée avec le PS. Le score probable de cette pauvre Eva Joly qu’on envoie au casse-pipe s’explique largement par cette inféodation. Bayrou, lui, n’est pas un vendu. Quelle preuve en faut-il, après cinq années où il n’a pas plié le genou devant Baal ?
Bayrou n’est ni mou, ni flou. Mais, dans les chaussures de l’Innommable et de François Hollande, il est un… caillou.
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