N’avons-nous pas les élus que nous méritons ?
On le savait. C’est pire encore que ce qu’on pouvait croire.Une écrasante majorité de Français (76%) ne font pas confiance aux hommes politiques, selon un sondage CSA publié lundi par le quotidien Le Parisien/Aujourd’hui en France (1). Cela fait jaser et rire autour des comptoirs et devant les machines à café, mais c’est un signe de plus de la terrible crise de la démocratie représentative que nous traversons. A nos risques et périls.
Le désenchantement politique a toujours fait le jeu de populistes et d’aventuriers « purificateurs » qui, à force de promettre de « laver plus blanc », font broyer du noir, dans des larmes et du sang.
Qui peut comprendre qu’en démocratie, les électeurs et ceux qui pourraient voter ont toujours les élus qu’ils méritent ? Mais on ne se rend pas populaire en tenant de tels discours, et en rappelant que la tentation est grande de projeter chez les politiques son propre désenchantement, c’est-à-dire le désamour de soi.
De même, on ne se rend pas populaire, en cette période de peurs, de sinistrose et de déclinisme, en dénonçant les pensées dogmatiques, conceptuelles et idéologiques, c’est-à-dire coupées des réalités. Derrière le rejet des politiques, il y a un rejet DU politique qui implique une responsabilisation individuelle, un civisme authentique, un souci de vérité, un sens de la « pensée complexe », un refus de la superficialité, un effort sur soi permanent, bref, une éthique de vie.
Toujours selon l’étude de CSA, 39% des sondés ne font « plutôt pas confiance » et 37% « pas confiance du tout » à leurs élus, contre 22% qui leur font « plutôt confiance » et 1% seulement « très confiance ». 71% des sondés ont une « mauvaise image » de leurs hommes politiques, et 22% seulement une « bonne image ». Pour 85%, les élus « se préoccupent surtout de leur carrière », sont « intelligents » (74%), mais sont « coupés de la vraie vie des Français » (62%) et « corrompus » (49%). Enfin 59% des Français jugent que les hommes politiques ont une vision « trop électoraliste ».
On se demande qui vote pour qui ? C’est un peu comme le sondage sur la télé : c’est Arte la chaîne la plus estimée, mais c’est TFI la plus regardée. On souhaite plus de débats politiques, mais on regarde la Star Ac. On réclame des émissions culturelles, mais on ne les regarde pas. On aime les livres, mais on en lit de moins en moins. On rêve de grandes réformes, mais pour les autres, pas pour soi. C’est cela, « la société d’individualisme de masse », sans doute.
Mais ne désespérons pas : ce sondage offre une belle consolation. Au Parlement, 89% des Français souhaitent voir « plus de femmes », 84% « plus de jeunes » et 55% « plus de personnes issues de l’immigration ». Comme quoi le bon sens existe encore. Ce ne sont pas les politiques qui sont en cause en tant qu’individus, c’est le système. Une crise de croissance, sans doute ?
1) sondage CSA réalisé les 6 et 7 octobre auprès d’un échantillon national représentatif de 988 personnes âgées de 18 ans et plus (méthode des quotas).
Illustration : Zep
9 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON