Najat Vallaud-Belkacem, va-t-en-guerre de la PMA ?
Ancienne responsable des questions sur la bioéthique et des relations avec les "milieux homosexuels" au sein du parti socialiste, la ministre Najat Vallaud-Belkacem n’est pas très futée pour apaiser un pays en pleines divisions sur la conception de la société : faut-il donc donner toujours plus de nouveaux droits aux adultes, au mépris parfois du respect de l’autre, et surtout, du respect des enfants ?
J’expliquais précédemment que la loi Taubira n’irait probablement pas plus loin et j’évoquais deux raisons, une juridique et constitutionnelle évoquée par le Conseil Constitutionnel dans son avis du 17 mai 2013 où il rappelait que le principe d’égalité n’est pas en cause lorsqu’on traite de la procréation selon le type de couple (hétéro- ou homosexuel), et une politique, les centaines de milliers voire millions de manifestants depuis cinq mois rendant illisible la politique économique et sociale du Président François Hollande.
C’était peut-être aller bien vite en besogne sur les intentions réelles du gouvernement puisque le soir du même jour, j’ai découvert qu’un important membre du gouvernement expliquait le contraire.
En effet, la Ministre des Droits de la femme, Najat Vallaud-Belkacem (35 ans), qui a un rôle crucial au sein du gouvernement puisqu’elle est également son porte-parole, chargée notamment de faire le compte-rendu du conseil des ministres tous les mercredis, était l’invitée de l’émission "Mots croisés" ce lundi 27 mai 2013 sur France 2 dans un débat sur les conséquences de la dernière "manif pour tous" de la veille.
Elle débattait avec, entre autres, le député UMP Christian Jacob, la sénatrice UDI Chantal Jouanno (qui avait voté pour la loi Taubira), et le député EELV Noël Mamère.
Tandis que Najat Vallaud-Belkacem confirmait sa présence mercredi 29 mai 2013 à la célébration du premier mariage d’un couple homosexuel à Montpellier (de ses amis, qui ont dû attendre les dix jours réglementaires de publication des bancs), Noël Mamère s’est plu à préciser que c’était lui, le premier maire à avoir célébré ce type de mariage, le 5 juin 2004 et que cette union n’avait été définitivement annulée par la justice qu’un an après, et qu’entre temps, l’administration fiscale avait pris en compte ce mariage (le fisc a toujours été très moderne !).
Pourtant habituée des médias, Najat Vallaud-Belkacem est, depuis qu’elle est ministre, une "débatteuse" relativement médiocre : elle n’apporte généralement rien d’intéressant à la réflexion, ne fait que répliquer à ses contradicteurs de manière peu performante (en coupant sans arrêt la parole) et sans respect pour l’intelligence du téléspectateur.
Ce qui est dommage car elle vaut bien plus. Je dois dire en effet que je suis un peu déçu par elle. J’ai suivi son itinéraire depuis la campagne présidentielle de 2007 où elle était une (jeune) porte-parole de Ségolène Royal et elle m’avait paru plein d’avenir et de potentiel. Diplômée d’IEP de Paris, elle a su hélas rapidement acquérir la langue de bois depuis qu’elle collabore avec François Hollande, à savoir le 16 novembre 2011.
Elle manie ainsi l’arrogance du faible, prenant exemple sur son illustre collègue du gouvernement, Laurent Fabius, qui, à peu près au même âge, était à Matignon et se faisait traiter (à juste titre) de "roquet" dans un débat contradictoire avec son futur successeur Jacques Chirac le 27 octobre 1985 sur TF1.
Cependant, Najat Vallaud-Belkacem a, au milieu de l’émission, donné une information capitale qui mérite d’être diffusée et amplifiée, à tel point que l’animateur Yves Calvi n’en croyait pas ses oreilles et lui a bien fait répéter.
La ministre a effectivement annoncé que le projet d’autoriser la PMA (procréation médicalement assistée) aux couples homosexuels n’était absolument pas abandonné par le gouvernement. Représentant les "ultras" de la majorité écolo-socialiste, Najat Vallaud-Belkacem a estimé que si le comité national consultatif d’éthique rendait un avis favorable à ce sujet, le gouvernement proposerait de légiférer une fois encore.
Ce type de signaux, en permanence chauds et froids, envoyés depuis un an et sur tous les fronts (économiques, sociaux, sociétaux) ne contribue pas à rassurer la société française dont la cohésion sociale est fragile. La République apaisée que voulait François Hollande est au contraire, à cause de lui, tombée dans une fracture profonde qui a trait aux valeurs fondamentales du vivre ensemble, dont la première institution est la famille.
Par cette (sans doute) maladresse de communication, Najat Vallaud-Belkacem a donc dévoilé les véritables intentions du gouvernement, aller plus loin que la loi Taubira, dans un prochain projet de loi sur la famille, en élargissement les applications de la PMA (la Ministre chargée de la famille y est du reste favorable).
Or, rouvrir ce débat au sein de parlementaires parfois galvanisés par des groupes de pression très actifs auprès d’eux, c’est rouvrir de nouveau tous les possibles, jusqu’à la GPA (gestation pour le compte d’autrui).
On se rappelle que la Ministre de la Justice Christiane Taubira avait donné consigne aux consuls à l’étranger de reconnaître les enfants illégalement nés par GPA à l’étranger (au mépris de la loi française), ce qui équivaut à un encouragement, et que le principal soutien financier au parti socialiste depuis quinze ans, Pierre Bergé, milite toujours très activement en faveur de la PMA et de la GPA, sans imaginer une seule seconde que sa conception du "progrès" n’est qu’une nouvelle forme d’esclavage moderne pour les femmes de milieux défavorisés.
Le risque de jouer aussi peu intelligemment avec ces projets sensibles, c’est de mettre toute la France dans la rue comme ce fut le cas en juin 1984. François Hollande avait pourtant réussi à "terminer" la loi Taubira qui sera définitive dans la pratique dès ce mercredi, avec la célébration du premier mariage d’un couple de même sexe, pour passer (médiatiquement) à autre chose (notez aussi que l’affaire Cahuzac est sortie des préoccupations médiatiques depuis plusieurs semaines, le flux des actualités zappe rapidement les sujets de préoccupation).
Dès le 3 avril 2013 sur LCP et France Info, l’ancien Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin s’était déjà inquiété de la mobilisation populaire contre la loi Taubira et surtout, de la réforme des allocations familiales. Toucher à la politique familiale, remettre en cause le caractère médical de l’assistance à la procréation, défricher le terrain aux ultras qui souhaitent en profiter pour légaliser la GPA, ce serait politiquement de la folie, et même, à quelques mois des élections municipales, du masochisme, après l’émergence de cet (étrange) mouvement issu des "manifs pour tous", mouvement qui, d’ailleurs, dérange plus l’UMP que le PS.
Le mariage des couples homosexuels n’aura-t-il donc pas suffi ? Faut-il encore remettre de l’huile sur le feu en annonçant un nouveau débat sur la PMA et ressortir ce concept malsain du "droit à l’enfant" qui ignorera le "droit de l’enfant" ?
Rallumer la "guerre des familles", c’est comme rallumer la "guerre scolaire", ce n’est pas faire preuve d’esprit de responsabilité, et pour une ministre de la République, aussi jeune, intelligente et belle soit-elle, c’est assez pitoyable…
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (28 mai 2013)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Le mariage pour les couples homosexuels définitivement adopté.
François Hollande.
Avis du Conseil Constitutionnel du 17 mai 2013 sur la PMA et la GPA.
Conférence de presse du 16 mai 2013.
Christiane Taubira.
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