Naufrage de la Françafrique : l’illustration de l’exemple Loïk Le Floch-Prigent
L'Afrique est de plus en plus considérée comme un continent d'avenir. En effet, la croissance mondiale fortement tirée par l'émergence de pays importants tels que la Chine ou la Russie entraine une demande de matières premières accrue. Que ce soit le pétrole, les matières agricoles ou même les métaux rares utilisés dans nos téléphones portables, l'Afrique reste sans doute la première source pour l'exploration de ces ressources.
Il en résulte incontestablement un regain d'intérêt pour le continent Noir et ce de la part d'acteurs toujours plus nombreux et diversifiés. Ces acteurs recouvrent aussi bien des pays en croissance que des multinationales ou des groupements affairistes. Cependant, les réseaux plus ou moins traditionnels persistent...
Ainsi, l'actualité récente en France (et notamment la dite « affaire des mallettes » mais pas seulement) a pu nous montrer à quel point les liens politico-business peuvent continuer à jouer un rôle plus ou moins heureux. Certes, des pratiques anciennes de collusion perdurent et évoluent difficilement mais, ce sont surtout les individus qui ont du mal à changer et qui bloquent toute meilleure efficacité dans le développement des affaires internationales.
Actuellement, l'actualité africaine présente un cas intéressant somme toute assez illustratif des errements et des abus de ce que beaucoup ont abusivement appelé la « Françafrique ». Ainsi, l'ancien président de la société pétrolière Elf Aquitaine, Loïk Le Floch-Prigent, qui après avoir été condamné et enfermé par la justice française à plusieurs reprises, remplit à son tour l'actualité judiciaire africaine aussi bien en Afrique de l'ouest qu'en Afrique centrale.
Loïk Le Floch-Prigent est depuis le début de l'année 2011 fortement suspecté d'avoir jouer un rôle de tout premier plan dans une affaire criminelle à l'égard d'un ressortissant du Golfe persique. Il aurait crédibilisé une opération d'escroquerie opérée par un gang d'Africains et ce, pour un montant dépassant les 40 millions de dollars. Ce rôle de complice a amené Loïk Le Floch-Prigent à se retrouver mis en examen par la justice togolaise et à faire l'objet d'un mandat d'arrêt international émis au mois de mai dernier.
Si cela ne suffisait pas, Loïk Le Floch-Prigent fait également l'objet depuis le mois de juillet de deux plaintes pénale et commerciale au Congo-Brazzaville. En effet, Loïk Le Floch-Prigent semble être mêlé à des opérations de détournements d'actifs, de corruption et de trafic d'influence dans le but de se faire attribuer une licence d'exploration pétrolière dans la région de la Cuvette. Manifestement, Loïk Le Floch-Prigent a joué sur ses supposés liens avec le pouvoir congolais crédibilisés par son passé à la tête d'Elf. Certains observateurs ont d'ailleurs pu noter un lobbying intense autour du Palais présidentiel mais qui a manifestement tourné au désavantage du français.
Sans jugé de l'issu de ces procédures en cours et de celles qui seront sans doute ouvertes en France et ailleurs, le destin de Loïk Le Floch-Prigent reste assez symptomatique d'une génération d'hommes d'affaire qui se perdent dans des activités douteuses et qui ont franchi la « ligne rouge » il y a déjà bien longtemps de cela.
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