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Neuilly-le-Ghetto, Gated Community à la française ou véritable volonté de ségrégation urbaine ?

Les récents atermoiements électoraux ont braqué les projecteurs sur la discrète Neuilly-sur-Seine, fief de Nicolas, et maintenant Jean, Sarkozy. Ghetto de riches, cocon doré des Nappys (Neuilly, Auteuil, Pereire, Passy), les qualificatifs sont nombreux mais leur signification obscure ne permet pas de rendre compte efficacement des logiques ségrégatives qui animent cet espace urbain. C’est donc au terme d’une plongée dans la haute bourgeoisie neuilléenne qu’on essaiera de déterminer les modalités de cet apartheid social. Coincée entre la Défense et le 16e arrondissement, Neuilly ne ressemble à aucune autre commune de la couronne parisienne. Méritant le nom de banlieue de par sa position géographique, il est toutefois vain d’y chercher barres d’immeubles ou tronçons d’autoroute, Neuilly en effet cultive et revendique sa différence, que ses habitants érigent en un sacro-saint principe d’identité, quitte à devoir faire figure de camp retranché sur lui-même. On a donc bien affaire à une forte ségrégation spatiale, reste à préciser sur quelles logiques se fonde-t-elle et quelles sont ses conséquences sur le territoire qu’elle délimite et pour le reste de la communauté urbaine.

Remarque liminaire : le présent article s’appuie à la fois sur un corpus de textes [6] et sur l’expérience, [7] personnelle et professionnelle, que j’ai pu avoir de Neuilly à travers la fréquentation plus ou moins volontaire de certains de ses habitant(e)s.

L’expérience de Neuilly

Il est donné à quiconque ayant déjà arpenté les rues de Neuilly de constater les charmes discrets de la haute bourgeoisie : il est indéniable que Neuilly est un lieu où il fait bon vivre. Parmi les composantes de ce cadre de vie privilégié se trouve en bonne place le foisonnement d’infrastructures à destination de la population. En effet, le territoire de la commune de Neuilly bénéficie d’espaces verts à profusion, d’un dense réseau d’hôpitaux et de cliniques de qualité, de structures éducatives et culturelles exceptionnelles. Neuilly, malgré ses 60 000 habitants, n’a rien à envier aux plus beaux arrondissements parisiens ou même à d’autres villes de province, pourtant plus peuplées.

Ce cadre de vie presque idyllique est soutenu par la richesse de la commune, richesse privée ou publique, mais en tout cas assumée et étalée aux regards de tous. Sur le plan de la commune, la richesse publique provient à la fois des différents groupes économiques implantés, qui fournissent par l’impôt un apport financier considérable, mais aussi de la richesse privée des habitants (Neuilly est la commune qui comporte le plus de "victimes" (sic) de l’ISF) qui rejaillit naturellement sur la municipalité par le biais des impôts fonciers. Neuilly, commune la plus riche de France, abrite les plus riches des Français, la boucle est bouclée.

Confort de vie, infrastructures locales comblant tous les besoins, municipalité riche pouvant subvenir à toutes les dépenses, tous ces éléments concourent au sentiment d’autarcie éprouvé par nombre de Neuilléens, et là commence l’implacable logique de repli sur soi-même. En effet, quand on a tout à portée de main, qu’on subvient à ses propres dépenses, la tentation, quoique égoïste, est forte de se retrancher de la communauté, et de s’ériger en territoire indépendant, ou tout du moins de fermer à autrui le coin de paradis qu’on pense avoir bâti de ses mains, en oubliant rapidement et sans remords que c’est une politique nationale qui a permis à cette ville de voir le jour. De plus, l’autonomie financière est une chose importante, certes, mais, même importante, elle est loin d’être suffisante : à quoi ressemblerait Neuilly sans les milliers de petites mains qui chaque jour entretiennent ce havre de luxe, sans jamais cueillir les fruits de ce labeur. Vivre et travailler à Neuilly sont deux choses bien différentes et, depuis l’entrée de service, le cocon bourgeois ressemble plutôt à un enfer. Ce déni de reconnaissance est tel qu’à part les bonnes et les concierges, il est inconcevable à un Neuilléen de partager son "espace vital" avec quelqu’un d’extérieur à son milieu, quand bien même le travail de cet "intrus" est vital à la communauté.

Alors se développe une mentalité que l’on peut appeler de citadelle assiégée, c’est-à-dire un développement vicieux du sentiment d’autarcie. Au lieu de vouloir propager ailleurs le cadre de vie dont on a la chance de jouir, l’impératif devient de le défendre contre les assauts d’un extérieur qu’on redoute, et qui devient l’objet d’une méfiance maladive. En effet, le repli sur soi-même est bien palpable à Neuilly, où les habitants se regroupent au sein de clubs et de cercles de sociabilité huppés, dont le seul but est d’identifier par la suite les membres de sa caste, et ainsi d’éviter tout risque de mésalliance avec des populations d’un milieu jugé inférieur. Ainsi cette double thématique d’identification de ses pairs et de déni de reconnaissance à autrui sous-tend une construction identitaire en opposition à autrui, se définissant par une différence entretenue, artificielle plus que réelle, avec l’extérieur. De fil en aiguille, et au fur et à mesure des générations, ce sentiment de différence a amené la perception de l’extérieur comme un danger. Autrui est l’étrange, l’étranger au milieu, et il devient la menace, le danger, qu’on stigmatise et qu’on rend responsable de tout, et à défaut de le détruire, il s’agit alors de s’en écarter. Cette mentalité est on ne peut mieux observable chez les nouvelles générations, les fils de..., les héritiers des anciens bâtisseurs. Cette position d’héritier, une fois passé outre le clinquant et le luxe, est peu enviable car elle entraîne une faillite identitaire. En effet, alors que parents et grands-parents se sont construits eux-mêmes (plus ou moins) par leur travail et certaines valeurs, leurs héritiers ont tout, sans effort, et cette jeunesse dorée ne peut construire son identité autour des valeurs de leurs aïeux, déjà admises à la naissance. Si acquérir une position sociale au sein de la communauté, par sa valeur ou sa participation au bien-être commun, permet de se construire, que peuvent faire ceux qui naissent une cuillère d’or dans la bouche et intimement persuadés de faire partie de l’élite, par leur simple naissance. Rien à construire, rien à défendre, les seules choses en commun qui restent à ces fins de lignées sont donc l’argent et cette différence avec les Autres, qui fera donc office de principe d’identité et qu’on aura soin de maintenir. Cette jeunesse dorée se définit en particulier par son mode de vie en vase clos, autour de divers temps et lieux de sociabilisation : les rallyes mondains, les clubs ou bars branchés du marais, les réunions politiques. En ce cas comme en d’autres, les règles de vie sont dictées par l’apparence, primordiale, ces héritiers n’ayant d’identité et de valeur qu’à travers le groupe, véritable entité organique en charge de leurs vies. La seule valeur reconnue par ce monde clos étant l’argent, la construction identitaire tourne vite à la course à la dépense, le statut social dépend des signes extérieurs de richesse qu’on peut arborer. Bien évidemment, même si tous ces jeunes gens se réclament du libéralisme et ne se lassent pas de fustiger les "profiteurs" et les "assistés", cette richesse n’est pas la leur, mais celle de leurs parents, fruit du travail de leurs ouvriers, et bien au contraire, la vie active et le travail, surtout manuel, sont méprisés, réservés au peuple. Parmi ces étudiants, être boursier est aussi honteux qu’avoir un petit boulot, mais on est loin d’une notion d’otium antique axée sur une activité intellectuelle, jugée trop peu hype, il s’agit ici de "flamber", beaucoup, en groupe. Bien évidemment, ce style de vie s’accompagne d’une véritable paranoïa à l’égard des autres groupes sociaux, jugés jaloux et envieux, donc voleurs et dangereux. Classes laborieuses, classes dangereuses. Jamais il ne pourrait venir à l’esprit d’un Nappy qu’il ne puisse être considéré comme le phare de la cité, rayonnant et lumineux. On comprend alors la nécessité de se renfermer sur un monde peuplé de ses propres clones, plutôt que de risquer d’affronter l’extérieur et son indifférence ou, pire, son mépris et son dégoût.

Mais le château Disney qu’est Neuilly n’est pas seulement le refuge rose bonbon du strass clinquant et vulgaire [8], c’est aussi un véritable château médiéval, centre de pouvoir dominant les territoires adjacents. En effet la jeunesse neuilléenne formera l’élite de demain, économique, « culturelle » et politique, et il n’est d’ailleurs pas besoin d’attendre demain, puisque la plupart des responsables politiques, tous partis confondus, vivent dans cette commune, voisins complaisants des grands responsables économiques, privés ou publics, et des nouvelles images de la culture française, tels Arthur, Johnny Halliday ou Bigard. C’est donc d’un véritable pouvoir décisionnel qu’est investie Neuilly, à tous les niveaux, ce qui lui donne les moyens de mettre en oeuvre les visées ségrégatives qui l’animent et la définissent.

Les voies de la ségrégation

Neuilly et ses puissants habitants ont donc à la fois la volonté et le pouvoir d’appliquer des politiques ségrégatives qui sont pour eux à la fois moyen de sauvegarder leur espace et de se construire une identité de groupe depuis la faillite des valeurs ancestrales, remplacées par l’argent comme seul critère d’appartenance à l’élite.
Cette ségrégation urbaine est directement observable dans l’urbanisme de la commune. Isolée de ses voisins de Puteaux, trop populaires, par la Seine, Neuilly développe donc une relation sélective avec les espaces qui l’entourent, préférant minimiser ses relations avec Puteaux tout en faisant preuve de grands efforts pour se rapprocher du 16e arrondissement. En effet, jusqu’à très récemment, la frontière entre Puteaux et Neuilly était la friche industrielle de l’île de la Jatte, alors qu’à l’Est, le bois de Boulogne n’est pas une séparation avec le 16e, mais au contraire une synapse, un espace d’échange construit autour des clubs privés du parc, comme si la population de parvenus de Neuilly voulait s’approprier l’héritage culturel et historique de la vieille noblesse, traditionnel combat de la bourgeoisie. Il est aussi à noter que la commune de Neuilly a bataillé ferme lors de la construction du Boulevard Périphérique pour que celui-ci soit enterré à la jonction entre Neuilly et le 16e arrondissement, faveur qui ne fut pas accordée ailleurs, pourquoi en effet priver les HLM de la vue sur le périph’ ? Ainsi il apparaît que Neuilly n’est pas un territoire fermé, hermétique, mais bien que la commune sélectionne ses relations avec l’extérieur, n’acceptant de communication qu’avec les espaces qu’elle juge en accord avec ses valeurs, comprendre les territoires riches ou influents. Ainsi l’exemple de la ligne de métro 1, véritable symbole de la triade autour de laquelle gravite Neuilly : la Défense, pôle économique, le 16e, pôle culturel d’une élite passée de mode et, enfin, le quartier de l’Elysée, pôle politique par excellence. Cette ligne 1, jamais ou, tout du moins, rarement en grève, peut être comprise comme le symbole du plan d’intégration de Neuilly dans l’espace urbain, véritable squelette de son réseau d’influence, où la volonté de se mettre à l’écart de territoires moins riches et puissants laisse une nouvelle trace dans l’urbanisme. Toutefois, il serait faux de donner à Neuilly le statut d’une Gated Community, ce qui la limiterait à être le dortoir inactif de l’élite, chose que les témoignages de son influence récusent. De plus, point de miradors et de clôtures électrifiées, les systèmes de défense de Neuilly sont moins flagrants et plus subtils.

En effet, Neuilly n’a pas besoin de barbelés pour décourager les intrus, l’atmosphère même de la ville se charge de préserver la tranquillité de la caste neuilléenne. La commune est souvent comparée par ses habitants à un village, et c’est ainsi que l’intrus le perçoit. On a parlé plus haut des cercles d’identification et de reconnaissance des membres de cette communauté, ils prennent tout leur sens ici en sous-tendant une atmosphère d’exclusion matérialisée par le regard. Ainsi, même habillé du réglementaire costume trois pièces, qui suffit à de nombreux endroits pour être identifié à l’élite, il est impossible d’infiltrer les rues de Neuilly avec un visage qui n’a pas été auparavant vu pendant de longues années dans les clubs, paroisses, meetings politiques où la jeunesse neuilléenne se découvre et assimile les nouveaux arrivants, et où le fait d’habiter à Neuilly est nécessaire, validation implicite du critère financier de reconnaissance. Les conséquences sont alors désagréables : regards méfiants à la dérobée, vieilles dames serrant leur sac contre elles sur votre passage, habitants suspicieux à votre entrée dans une porte cochère... tout une dialectique du regard qui envoie un message simple et clair à l’intrus : vous n’êtes pas le bienvenu. Toutefois, si ce blocus mental peut à juste titre rebuter les visiteurs occasionnels, il n’est pas suffisant pour se débarrasser de ces encombrantes petites mains qui travaillent à Neuilly chaque jour et souffrent de ne pouvoir y loger.

C’est là l’occasion pour Neuilly de mettre en branle l’influence qui est sienne pour défendre son territoire. Cela se traduit notamment par la croisade de la commune contre l’implantation (pourtant obligatoire) de 20 % de HLM [9]. De plus, les rares habitations classées HLM que comporte la commune sont à des lieues de l’image de la "barre" populaire, elles ne diffèrent en rien des autres constructions, mis à part le fait qu’elles sont habitées par les proches du pouvoir municipal, qui bénéficient ainsi de loyers plus que modérés. Ces ruses ne sont possibles que grâce à la complicité de la majorité de l’élite politique et économique en place, qui fait front avec la municipalité de Neuilly pour défendre ce havre de luxe qui est aussi le leur. On comprend donc mieux la faiblesse de l’implantation des organisations d’extrême droite, puisque la thématique principale de défense identitaire ne peut séduire les Neuilléens : ils assurent eux-mêmes la sauvegarde de leur confort et de leur identité locale, en organisant, depuis les arcanes du pouvoir, la ségrégation et l’inégalité. C’est une véritable solidarité de caste qui se met en place autour de Neuilly, assurant ainsi à l’élite à la fois un havre de paix et la garantie de sa propre reproduction, mettant en péril la diversité sociale.

Conséquences de la ségrégation

En effet, les conséquences de la ségrégation sont variées et dépassent le simple cadre local, étant donné la place de pôle dominant de Neuilly. En premier lieu, une telle ségrégation entraîne une sclérose du tissu social, du fait même de la ségrégation, mais aussi de l’endogamie et de cette forte identité, à laquelle doit se plier tout nouvel arrivant sous peine d’être exclu de la vie communautaire. On assiste alors à un véritable formatage qui assure la non-évolution sociétale de Neuilly, année après année. Cette mort de la diversité est regrettable, mais n’est pas un argument à tenir face à un Neuilléen, puisque que c’est justement l’homogénéité sociale qui était le but de cette entreprise d’apartheid. Toutefois, cette sclérose s’étend à tout le pays, puisque si l’élite et Neuilly se confondent ou, tout du moins, partagent des valeurs et des buts, alors les mécanismes du très républicain ascenseur social sont grippés, et il devient impossible d’avoir un rôle déterminant dans la communauté politique sans avoir prouvé auparavant son engagement pour les valeurs nouvelles incarnées par les parvenus de Neuilly, que ce soit par naissance ou par ralliement ultérieur. Cette sclérose de l’appareil politique a atteint son paroxysme lors de la campagne municipale 2008, où David Martinon, pourtant introduit par Nicolas Sarkozy lui-même a été évincé par Arnaud Teullé dans le coeur des Neuilléens. La raison ? Bien loin d’une différence idéologique, les programmes des deux hommes étant sensiblement les mêmes, ce qu’on a reproché à David Martinon était qu’il n’était pas né à Neuilly... Il y a donc bien eu ici ségrégation urbaine, entre deux hommes du même milieu politique et social, cela laisse imaginer ce à quoi peut s’attendre un étranger total.

De là, découle le problème de la remise en question de toute la thématique de l’égalité des chances et du mérite, dont les louanges sont pourtant chantées par l’actuel habitant de l’Elysée. En effet, il est indéniable qu’un jeune actif ou un jeune diplômé habitant Neuilly ou plus globalement appartenant à la caste des parvenus se verra confier plus facilement de hautes responsabilités, privées ou publiques, au regard de son intégration, dès la naissance, dans le monde du pouvoir ; la solidarité de caste prévalant sur les véritables capacités de chacun. De plus, cette faillite de l’égalité des chances ne se limite pas aux personnes, puisque la concentration d’influences politiques et économiques dans une petite commune implique nécessairement tout un ensemble de faveurs de la part du pouvoir en place. Ainsi, l’enfouissement de l’avenue Charles-de-Gaulle, qui coupe Neuilly en deux, un chantier représentant un budget trois fois supérieur à celui du viaduc de Millau est devenu récemment prioritaire dans les projets d’urbanisme de l’Etat, depuis l’élection de Nicolas Sarkozy... Il est à noter que la commune de Neuilly refuse d’assumer le coût d’un tel chantier, préférant faire appel à l’Etat et donc à une solidarité nationale forcée, solidarité qui a du mal à trouver sa place dans l’autre sens [10].

Ainsi, cette rapide analyse du phénomène urbain et social qu’est Neuilly a fait apparaître un ensemble d’observations et a permis de répondre à certaines questions. Neuilly ne mérite donc pas le nom de ghetto, puisque ouverte sur de nombreux espaces, dûment sélectionnés, et encore moins celui de Gated Community, puisque la ségrégation qu’on y observe n’est pas le fait d’initiatives privées, mais bien le résultat de dynamiques spatiales impulsées par l’Etat lui-même. La commune de Neuilly est la preuve discrète du double discours entretenu par le pouvoir étatique, qui sous des dehors paternalistes prône le mérite et l’égalité des chances, mais prend bien soin de ménager à l’élite dont il est issu un territoire protégé d’où il peut assurer les bases toujours renouvelées de sa domination sur le peuple, entre gens du même monde. Compte tenu de cette implication de l’Etat, il faudrait employer le terme d’apartheid social.

De plus, la composition de cette élite neuilléenne fait apparaître des changements, une rupture, clairement personnifiés par Nicolas Sarkozy : c’est la fin d’une élite qui pouvait encore passer pour un reliquat de la noblesse, et qui à ce titre partageait certaines valeurs de travail, d’effort, et de discrétion feutrée. On a vu plus haut la faillite de ces valeurs, remplacées par l’argent-roi, d’autant plus qu’il est vite gagné et sans effort. Ces dinosaures altiers ont été remplacés par une génération de parvenus, les capitaines d’industrie par les boursicoteurs, le charme discret, tout en retenue, de la haute bourgeoisie par le clinquant vulgaire des nouveaux riches. Le self-made-man et le chevalier ne font plus rêver, place à l’héritier, mort à Malraux, vive Paris Hilton !

[6] Les Ghettos du Gotha, Michel Pinçon, éd. du Seuil, 2007

Revue Esprit de novembre 2007, "Neuilly, un territoire de branchement."

A voir aussi, "Lettre à une adolescente de Neuilly", de Juan Paulo Branco Lopez, chez AgoraVox.fr (moins pour la qualité du style et la justesse des thèses exprimées que pour la sincérité de cette confrontation au monde de Neuilly.)

[7] Forcé de travailler à Neuilly, j’en ai profité pour me livrer à une analyse de l’intérieur, quitte à devoir mentir pour me fondre dans le moule que je désirais étudier.

[8] Au sens où la majorité des habitants sont ou sont issus de familles de parvenus récents.

[9] Rappelons-nous ici des mots de notre président actuel, Nicolas Sarkozy, alors maire de Neuilly : "Il n’y aura pas de HLM à Neuilly, question de standing". Édifiant.

[10] Neuilly incarne ici parfaitement le cavalier solitaire décrit par Rawls, qui réclame à bénéficier de l’effort commun, sans y prendre part.


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17 réactions à cet article    


  • foufouille foufouille 25 mars 2008 14:00

    neuilly devrait etre (sera) brulee comme la bastille

    que viva el revolution !


    • armand armand 25 mars 2008 14:27

      Excellente analyse, menée tambour-battant avec beaucoup d’humour en plus.

      Pour avoir l’idée de ce qu’était le ’charme discret’ d’un Neuillky antédiluvien - c’est-à-dire avant la prise de pouvoir des bling-bling, voyez certaines pages de ’Rue des Boutiques Obscures’ de Modiano.

       


      • Valentin Rol-Marelini 26 mars 2008 04:16

        Après vérification, il est bel et bien possible de réagir à mes articles sur www.cl5.fr, dont celui sur Neuilly, il vous suffit de cliquer sur "répondre à cet article" en bas de page. Je serais heureux de vous y lire. Toutefois, les quelques messages qui y ont été déposés par le passé ne contenaient que des insultes, je les ai donc supprimés. Nous n’avons pas les mêmes ressources de temps que l’équipe d’agora vox, il est donc évident que cette possibilité de réagir à l’article ne durera pas si je dois passer 1 heure chaque soir à effacer les injures, j’espère que vous me comprenez. Dans l’attente de vous lire, par mail, commentaires ou autres interposés.


      • Yohan Yohan 26 mars 2008 00:39

        Et Martinon pourra chanter sur l’air bien connu "Neuilly, c’est fini et dire que c’était la ville de mes premiers......" 

        Laissons les s’accoupler ensemble, on verra ce que ça peut donner 


        • Dalziel 26 mars 2008 12:26

          Cette mort de la diversité est regrettable...

          Cette opinion n’engage que vous et vous n’avez aucun droit d’imposer à autrui des promiscuités dont il ne veut pas.

          "...mais n’est pas un argument à tenir face à un Neuilléen, puisque que c’est justement l’homogénéité sociale qui était le but de cette entreprise d’apartheid."

          Entreprise promise à un grand avenir, et phénomène universel, - très répandu aux Etats-Unis ou au Brésil, par exemple, et pour cause ! - qui est le fait de gens aspirant non seulement à une homogénéité sociale – secondaire à mes yeux -, mais surtout à l’homogénéité culturelle, mentale - que je considére essentielle, pour ne pas dire vitale, en l’occurrence, quant à la survie de l’identité française et à la sauvegarde du patrimoine national.

           


          • Valentin Rol-Marelini 27 mars 2008 00:11

            Cette opinion, comme le reste du site, exprime la pensée de son auteur, pas de quoi s’offusquer. Je ne cherche pas à imposer quoique ce soit à quiconque, je ne fais que constater des inégalités injustes, injustifiées et maintenues artificiellement au détriment de l’organisation rationnelle des hommes. Si je retourne votre raisonnement, pourquoi imposer à quelqu’un de vivre dans un cloaque sans confort alors que d’autres, tout près, affichent un luxe ostentatoire et cela sans mérite ?

            De plus, en quoi le cas des U.S.A. serait "universel", le reste du monde n’a t’il aucune valeur ?

            Enfin, comment l’homogénéité "mentale" dont vous parlez peut être elle conçue ? Un corpus de valeurs, d’idées, fixes et sclérosées qui ne doivent à tout prix évoluer, jamais ? Que faites vous alors de l’enrichissement apporté par le fait de communiquer avec des cultures différentes ? Vous parlez de l’influence américaine comme d’une chose positive, pour après récuser toute influence, tout changement, comme néfaste, je ne comprends pas.

            Voir en ligne : http://www.cl5.fr


          • Pak 29 mars 2008 01:01

            Je ne trouve pas qu’il soit correct de mettre tout le monde dans le même sac. J’habite Puteaux et j’ai des amis à Neuilly et je peux vous affirmer :

            - qu’ils ne sont pas riches et ne partagent pas ces valeurs "100 % fric". Ok c’est le top pour ISF et l’IR (seul cas de concentration dans les deux domaines avec Paris) mais ce n’est pas "tout le monde".

            - que la différence en Puteaux et Neuilly c’est que ca fait un peu pauvre Neuilly à Noël, il faut traverser la moitié du Pont pour commencer à avoir des jolies lumières côté Puteaux. Les installations de Puteaux n’ont rien à envier à Neuilly et l’A14 y est déjà enterrée (prolongation de l’avenue Charles de Gaule) ! A noter qu’a 1 km de Neuilly on trouve Nanterre ou l’A14 est aussi enterrée.

            - je n’ai jamais ressenti la moindre animosité à Neuilly alors que je ne fais pas partie de la classe des "riches". Les mamy finissent parfois parano mais c’est malheureusement une conséquence possible du viellissement.

            - la ville n’est pas particulièrement impressionante par son architecture (quoi de mieux qu’à Paris ?) En fait je lui trouve assez peu d’intérêt d’autant qu’elle n’a pas vraiment de "Centre" donc je pense que cette ville ne doit pas battre les records du "pratique" sauf pour ceux qui aiment aller chercher leur pain en 4x4 de luxe.

            - en quoi le fait que des jeunes riches s’inventent des clubs peut bien vous perturber ? A mon avis on serait peu nombreux à s’y plaire donc autant qu’ils les ferment aux autres :D

            - Le nom original était Nully ce qui est nettement moins glamour, si vous tombez sur un prétentieux vous pouvez toujours le lui dire !

            Bref votre article bien qu’agréable à lire ne me semble pas très objectif ni très étayé ... Ca sera pour le prochain ! Peut-être celui qui dira que le mode de financement des mairies pose un problème ?

            Détail pratique : il y a bien d’autres Neuilly, vous parlez donc de Neuilly sur Seine !

             

             


            • Gilles Gilles 29 mars 2008 08:20

              Une lecture en plus

              PINÇON M. et PINÇON-CHARLOT M. "Sociologie de la bourgeoisie"

              Collection "Repères", Edition La Découverte

               

              Le but de ce livre est de lever le voile qui recouvre les mystères de la bourgeoisie et de montrer ce qui constitue en classe sociale, un groupe apparemment composite. Des industriels, des hommes d’affaires, des banquiers, de vieille souche ou de récente extraction, y voisinent avec des exploitants agricoles, des hauts fonctionnaires, des membres de l’Institut, des généraux…

              Il y a là un champ de recherches peu exploré, alors même que son intérêt pour la compréhension de la société ne fait pas de doute. Aujourd’hui, les travaux sociologiques sont trop rares. Ainsi, "ni vue, ni connue", la grande bourgeoisie peut espérer continuer à prospérer.

              Les sociologues ont leur part de responsabilité dans la méconnaissance derrière laquelle s’abritent les processus de la "reproduction" de la bourgeoisie. Les travaux sur la haute société sont rares, laissant dans l’ombre privilèges et privilégiés. Les raisons à cela sont multiples :

              • La rareté des financements permettant de tels travaux.
              • La difficulté de mener des investigations auprès d’agents occupant des positions dominantes, qui disposent de pouvoirs étendus et remettent ainsi le chercheur à sa place, dominé.
              • La maîtrise de la présentation de soi des bourgeois : par l’art de la conversation et le maintien du corps, le grand bourgeois contrôle l’image qu’il donne de lui-même, technologie sociale qui constitue une partie importante de son éducation et qui assure l’apparente métamorphose de qualités sociales en qualités naturelles.
              • La priorité accordée aux problèmes sociaux et donc aux catégories vivant le chômage et les difficultés de tout ordre.
              • La recherche trouve un obstacle dans la collecte des informations et des observations, étant donné que la haute société cultive la discrétion sur son mode de vie et sur ses richesses accumulées, et que l’administration protége les fortunes.

              Malgré ses obstacles, travailler sur les privilégiés est nécessaire, car on ne peut comprendre la société sans en connaître les sommets.

              Ce livre présente donc une lecture sociologique originale et nouvelle de la bourgeoisie.


              • Gilles Gilles 29 mars 2008 08:28

                Quelques chiffres pris sur le site de la ville de Neuilly

                61 000 habitants dont 6600 étrangers (bizarre non, bien plus que la moyenne. Alors larbins ou emirs ? )

                Catégories socio-professionnelles

                12,5 % artisans, commerçants, chefs d’entreprises
                47,6 % cadres et professions intellectuelles
                17,2 % professions intermédiaires
                17,9 % employés et 4,5 % ouvriers. Combien de chambres de bonnes ?

                Autant de créches qu’à Toulouse......


                • Marc Bruxman 29 mars 2008 20:05

                  Y’a des tas d’autres communes qui ont su se préserver en banlieue parisienne. Au hasard : St Maur des Fosses (moins de 5% de logements sociaux), le perreux sur marne (pareil) et j’en passe. Pour les trouver, prenez toutes ces villes ou Sarko a fait plus de 60% aux présidentielles.

                  Maintenant ne pas vouloir de barres sur sa commune cela parait logique. Qui en voudrait quand on sait :

                  • Que ces immeubles sont moches
                  • Qu’ils sont souvent habités par une population qui crée des problèmes. (Délinquance)

                  Pareil pour les autoroutes et autres nuisances, ben forcément quand on peut éviter, on évites. Alors oui les communes riches tentent de se préserver un cadre de vie agréable. Et si vous étiez riches vous en feriez autant.

                  Et je ne suis pas sur que la si vantée mixitée sociale soit une bonne chose. Les populations riches et pauvres n’ont pas les mêmes envies ni les mêmes besoins. Dans de nombreuses villes d’europe les quartiers riches et pauvres sont clairement marqués et à se promener dans les rues de leurs capitales, la délinquance semble moins présente qu’ici. Et leurs immigrés y réussisent mieux car dans leurs quartiers ils peuvent reproduire sans ennuyer personne certaines choses qu’ils avaient dans leurs pays.

                   


                  • moebius 29 mars 2008 22:28

                    tibet libre

                     


                    • moebius 29 mars 2008 22:29

                      tibet libre

                       


                      • moebius 30 mars 2008 00:38

                         rentiers asthmatiques qui écrivaientt sur agonie vox tapez plutot TIBET LIBRE


                        • Pak 30 mars 2008 01:39

                          ca va etre dur de trouver quelqu’un qui est contre ici ... pourquoi ne pas aller poster sur un agoravox chinois ^^


                        • valere valere 31 mars 2008 16:36

                          Neuilly appartient aux Sarkozy !!

                          Les pauvres riches, ça doit être dur d’être ghettorisés !!

                           

                           


                          • valere valere 1er avril 2008 09:05

                            ça commence à faire sérieusement "mafia sicillienne" la famille sarkozy et Neuilly.

                             


                            • nana_folly23 2 avril 2008 15:42

                              Merci !! il est bien cet article ça va m’aider pour des infos que je chrechais, c cool de l’avoir écrit ça fait un mois que je fais des recherches et cet cet article le meilleur que j’ai trové sur le net. Alors je conseille a tous de le lire

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