Neuilly nous trompe !

La réforme en cours de la taxe professionnelle et du fonctionnement des collectivités locales impactera fortement les communautés d’agglomération.
Pour résumer notre sentiment sur cette réforme, je dirais que mes Aînés en politique avaient popularisé, il y a 20 ou 30 ans, le slogan « Paris nous pompe ». Aujourd’hui, la situation est beaucoup plus misérable, c’est « Neuilly nous trompe ».
Neuilly nous dit qu’il faut alléger considérablement la fiscalité des entreprises au nom de la compétitivité. La conséquence est évidente : alors qu’aujourd’hui, le citoyen et l’entreprise contribuent presque à part égale aux budgets locaux, le gouvernement met l’impact majeur sur le citoyen. Neuilly nous dit qu’il faut que les collectivités se gèrent mieux. Pour cela, il faudrait renforcer leur capacité d’initiative et donc leur autonomie fiscale. En supprimant une part majeure de l’impôt local et en nous le compensant par des dotations et des prélèvements nationaux, le gouvernement nous prépare au contraire une gigantesque recentralisation fiscale. En clair, la centralisation qui est un échec de gestion pour un état surendetté est érigée en modèle pour les collectivités. Il y a là une démarche scandaleuse à rebours de l’histoire et du bon sens.
Le sens des projets du gouvernement est double : d’abord, et cela nous concerne car ces institutions investissent sur Lorient, prendre dans la caisse de l’Agglo, d’un département qu’on ne supprime pourtant pas et de la région, pour retrouver les moyens de faire payer par
Mais le sens de tout cela, c’est aussi de lutter contre l’action publique : en privant les collectivités de moyens de gestion, il y a là une stratégie pour remettre les grands groupes dont les sièges sont à
Voilà donc une réforme qui recentralise les richesses et les commandes, au profit du libéralisme et au détriment de notre développement local.
Cette réforme est faite au nom de l’industrie productive. Là ce n’est pas une tromperie, c’est une erreur stratégique. Nos territoires ont besoin d’un équilibre entre activités de service et de production qui s’entraînent l’une-l’autre. Mais quel maire ou président d’Agglo va désormais travailler à accompagner l’activité de production, s’il doit passer du temps à l’attirer et à limiter son impact environnemental, sans ne plus en avoir de retour fiscal ? On se prépare un chapelet d’agglos qui se battront pour ne plus attirer que des activités de services dans des grosses structures, les seules à rapporter de la taxe ! Neuilly oublie Billancourt !
Les agglomérations correspondent à la carte de la vie des citoyens. C’est l’échelon de proximité adapté aux nouvelles mobilités, qui peuvent traiter avec cohérence la vie quotidienne. Les régions sont le bon échelon pour assurer les solidarités entre villes.
La réforme fiscale ne peut remettre en cause l’initiative locale, il y va de la démocratie et de notre dynamisme économique.
Yann Syz
Maire adjoint de Lorient
Ce billet est extrait et adapté d’une intervention plus longue et plus locale en conseil municipal qu’on peut consulter ici :
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