Nicolas Dupont-Aignan : complotiste ou opportuniste ?
Marine Le Pen, Henri Joyeux ou encore Stéphane Lhomme, la liste des personnalités — et des théories — ayant reçu le soutien de Nicolas Dupont-Aignan, fait froid dans le dos. A tel point qu’aujourd’hui, ses partisans de toujours ne savent plus sur quel pied danser. Alors, le candidat à l’élection présidentielle 2017 est-il un simple opportuniste ou un véritable complotiste aux tendances nationalistes ? Enquête.
Le soir du vendredi 28 avril 2017, bon nombre de citoyens et d’élus français de tout bord tombent des nues. Nicolas Dupont-Aignan vient en effet d’annoncer son ralliement à Marine Le Pen pour le second tour des élections présidentielles. Une alliance qui est loin de faire l’unanimité : trois des quatre Vice-présidents de son parti politique, Debout la France, démissionnent séance tenante et de nombreux hommes et femmes politiques de droite n’hésitent pas à parler de trahison.
Et du côté de la paisible commune de Yerres, le comportement du maire de l’époque ne passe pas. « La honte, la honte », les mots scandés par les nombreux habitants postés devant les portes de l’hôtel de ville en cette matinée du 29 avril ne laissent pas de place au doute : Nicolas Dupont Aignan les a trahis. « Jai honte pour ma ville », affirme l’un d’entre eux au micro de la chaîne d’information LCI, « qu’est ce qu’il lui prend », demande pour sa part une mère de famille.
Mais cette frasque du gaulliste était-elle si inattendue que ça ? Pas vraiment, si l’on regarde son passif. En effet, il n’est pas nécessaire d’être un expert de la politique française pour s’apercevoir que l’ancien maire de Yerres n’a jamais brillé par sa rationalité.
Vaccins, Linky… Une attirance pour les théories fumeuses
En témoigne son soutien, en mars 2017, au cancérologue très controversé, Henri Joyeux. Farouche opposant aux vaccins, le professeur Joyeux a été radié de l’ordre des médecins, en 2016, pour avoir tenu « des propos non appuyés sur des bases scientifiques [et portant] atteinte à la profession », et « un discours qui peut être dangereux pour la population ». Rien que ça.
Mais qu’à cela ne tienne, pour Nicolas Dupont-Aignan, le cancérologue dit vrai — ce dernier a tout de même « été choisi par le Vatican en 1996 pour valider “un miracle” », ce n’est pas rien. Ainsi, en mars dernier, à l’antenne de France Inter, le candidat à la présidentielle prend position et déclare que « l’industrie pharmaceutique avec la complicité du ministère de la Santé a cessé la production d’un vaccin obligatoire, qu’il faut administrer à nos enfants Diphtérie-Tétanos-Polio ». Et de rajouter : « comme par hasard ce vaccin à 7 €, a disparu des pharmacies et a été remplacé par un vaccin à 42 € qui oblige à vacciner avec 6 vaccins notamment l’hépatite B qui n’est pas nécessaire ».
En dénonçant publiquement ce qu’il croit être un vaste « complot » fomenté par l’industrie pharmaceutique, l’élu yerrois épouse la thèse du médecin, et ce en dépit de l’absence totale de preuve scientifique. Un simple écart de conduite ? Tout porte plutôt à croire que Nicolas Dupont-Aignan est ce que d’aucuns appellent un « complotiste ». Et sa prise de position à l’encontre du compteur Linky renforce cette hypothèse.
En effet, après s’être rendu à un rassemblement anti-Linky devant la maison de la radio — toujours en mars 2017 —, Nicolas Dupont-Aignan persiste et signe : le lundi 2 octobre, l’ancien maire parcourt les rues de sa ville à la recherche d’âmes en peine prêtent à s’afficher à ses côtés afin de dénoncer le compteur communicant d’Enedis.
Sur ce sujet également, Nicolas Dupont Aignan se range du côté d’une personnalité particulièrement décriée, à savoir Stéphane Lhomme. L’élu girondin a en effet été mis en examen pour diffamation en août dernier et ne cesse de se répandre en insultes — dont certaines brillent par leur sexisme — sur le Web, à l’encontre de quiconque n’épouse pas son point de vue.
Mais l’ex-candidat à la présidentielle n’est plus à ça près. Ainsi, quelques mois après s’être affiché bras dessus, bras dessous avec le porte-parole des anti-Linky, Nicolas Dupont-Aignan reprend son discours avec entrain — comme ce fut le cas avec le professeur Joyeux. En octobre 2017, ce dernier déclare alors au journal Le Parisien qu’Enedis utilise « des méthodes de voyous » et affirme avoir pris un arrêté destiné à empêcher la pose des compteurs Linky dans sa commune.
Ce n’est pas tout, l’ancien maire est également prêt à en découdre : « s’il y a des poseurs insistants, la police municipale interviendra », lâche-t-il sûr de lui. La raison de cette animosité ? Les ondes dégagées par Linky seraient nocives pour la santé et Nicolas Dupont-Aignan se dit « scandalisé qu’une entreprise d’Etat avec la complicité du gouvernement décide de changer des compteurs électriques dont la majorité sont en parfait état ». L’élu yerrois affirme également avoir reçu des « menaces de représailles » de la part d’EDF si celui-ci prenait position contre Linky. Pourtant, une fois encore, l’absence de preuve concernant la dangerosité des compteurs Linky où un éventuel complot est criante…
Nicolas Dupont-Aignan semble être partisan des théories du complot, à tel point que la crédibilité du député est aujourd’hui au plus bas. Et ce ne sont pas ses « amis », Henri Joyeux et Stéphane Lhomme, qui lui permettront d’inverser la tendance. Illuminatis, reptiliens, 11 septembre 2001… Il ne reste désormais plus qu’à attendre pour savoir quelle sera la prochaine théorie du complot à laquelle le gaulliste de Yerres adhérera.
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