Nicolas Hulot : et si c’était lui ?
Le présentateur d’Ushuaïa Nature bénéficie d’un capital de sympathie non négligeable auprès de nos concitoyens. Et beaucoup seraient prêts à voter pour lui... à condition qu’il saute le pas !
La scène se passe dans le salon d’un appartement parisien. Une bande de copains discute politique, et évoque les prochaines élections présidentielles. Sarko, Ségo, Bayrou, Besancenot, tous les candidats potentiels sont passés au crible, et aucun ne semble déclencher d’enthousiasme délirant. Soudain, une voix s’élève : « Nicolas Hulot, lui, c’est un mec bien. S’il se présentait, je jure que je voterais pour lui ! ». L’auteur de cette surprenante réflexion connaît parfaitement le système politique français. Ancien étudiant en science politique, il suit, de très près, la campagne qui s’annonce. A ceux qui l’accusent de plaisanter, il répond, sans ciller : « Je suis très sérieux. L’environnement, c’est le problème majeur de notre société. Beaucoup de sujets sont liés à l’écologie : l’emploi, le logement et même la délinquance. José Bové, que j’aime bien par ailleurs, n’a pas la stature d’un chef d’Etat : il se couvrira de ridicule devant les autres présidents. Hulot, lui, est crédible, il sait de quoi il parle et il le fait bien. Il a même convaincu Chirac de s’intéresser à l’écologie... ».
Crédible, Nicolas ?
Il a quelques semaines encore, un tel adjectif aurait fait sourire... Pourtant, force est de constater que le présentateur d’Ushuaïa Nature a le vent en poupe ! Depuis près de vingt ans, ce touche-à-tout tente de sensibiliser les Français aux problèmes environnementaux. A la tête d’une fondation réunissant plus de 500 000 adhérents, il associe de nombreux partenaires dans sa lutte pour la sauvegarde de l’environnement. A ses yeux, l’écologie n’est ni de droite, ni de gauche, juste primordiale.
Invité à débattre aux universités d’été de nombreux partis, il est allé... partout. Cette position quasiment apolitique remporte un certain succès auprès des jeunes électeurs. Ainsi, Thomas, dix-huit ans tout juste, qui votera pour la première fois en 2007, apprécie le fait qu’il place « l’intérêt de la planète avant le sien. Il ne cherche pas à faire gagner ses potes. Il ne snobe personne et va à la rencontre de tout le monde. C’est à ça que ça sert, un président, non ? », explique le jeune homme.
Drôle de parcours pour un drôle de bonhomme.
Après s’être déclaré « disponible », Nicolas Hulot y va un peu à reculons. Sans doute ne s’attendait-il pas à remporter un tel soutien... Plus à l’aise à la campagne qu’en ville, il est surnommé le « commandant couche-tôt » car il a la réputation d’être un véritable bonnet de nuit. Elevé dans une famille bourgeoise traditionnelle, il a fait ses études au très chic lycée Saint-Jean de Passy, situé dans le XVIe arrondissement de Paris. Après avoir multiplié les petits boulots (plagiste, livreur, pompiste...), il est embauché comme photographe à l’agence Sipa. C’est grâce à cela qu’il aura la chance de parcourir le monde et de découvrir les merveilles de la nature.
La suite, on la connaît : après un passage à France-Inter, il débarque sur TF1 en 1987 pour présenter Ushuaïa, le magazine de l’extrême. En 1995, il devient rédacteur en chef de l’éphémère VSD Nature avant de revenir à la télévision en 1998 avec Ushuaïa Nature. En 2000, il aide à la création de la chaîne Ushuaïa TV sur TPS.
L’ « écolo cathodique » (comme l’a baptisé le titre d’un article du Figaro) se transformera-t-il bientôt en « écolo politique » ?
Rien n’est sûr, car l’homme aspire à un mode de vie tranquille et rechigne à se lancer dans la bataille. Un argument de plus pour ses ardents défenseurs qui attendent de lui qu’il assainisse la vie politique. Une mission titanesque, sans doute un peu trop lourde pour les épaules d’un seul homme...
Qu’il saute ou non le pas, l’inattendu capital de sympathie dont bénéficie Nicolas Hulot a de quoi inquiéter la classe politique : les électeurs n’ont pas peur de désigner à la tête de l’Etat un homme qui n’a aucune expérience en la matière. A ce petit jeu-là, tout le monde en conviendra, « Hulot président ! » a tout de même plus d’allure que « Zizou président ! »...
Article rédigé par Anna Topaloff
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