Nicolas Sarkozy : Autocritique pour état critique
En faisant son mea culpa sur de nombreux aspects de son quinquennat dans son nouveau livre, couplé à un passage « les yeux dans les yeux » sur TF1, Nicolas Sarkozy espère reprendre la main à 10 mois de la primaire républicaine. A défaut de marquer les esprits, il cherche dans un premier temps à atteindre les cœurs. A contrecœur ?
Il avait pourtant déjà « changé ». Souvenez-vous, c’était le 14 janvier 2007 lors de son investiture en tant que candidat de l'UMP, à l’aune d’une campagne de rêve qui allait le mener tout droit au 55 rue du Faubourg St Honoré. Ensuite, en mars 2012, à la traîne dans les sondages face au candidat Hollande, Nicolas Sarkozy avait exprimé des remords sur quelques aspects de sa présidence. Et avait juré qu’il avait compris certaines déceptions à son égard. Mais rien de plus.
4 ans plus tard, Sarkozy n’est plus un président qui souhaite le rester. Il est redevenu un homme politique qui cherche simplement à être le candidat de son parti. Un an et demi après son retour dans l’arène politique, tous les voyants sont au rouge. Alain Juppé est devenu le nouveau chouchou du Parti Républicain, et Sarkozy, lui, semble passé de mode. Alors que la primaire se profile pour la fin de l’année, il a fallu agir. Vite.
L’enjeu des 27 erreurs
En guise de stratégie à la desesperado, Nicolas Sarkozy a donc décidé de publier en cette fin janvier un livre, La France pour la vie, dans lequel il dresse un bilan moyennement flatteur de ses 5 années passées à l’Elysée. Contrairement à 2012, il va désormais plus loin dans son mea culpa a posteriori. Au-delà des erreurs sur la forme (diner au Fouquet’s, vacances sur le yacht de Bolloré, insultes au salon de l’Agriculture…), le mari de Carla Bruni exprime remords ou regrets au sujet de certaines décisions politique prises, ou avortées (TVA sociale, exonération des heures supplémentaires…).
Par ce droit d’inventaire, Sarkozy, en mettant tout sur la table, cherche à faire croire à qui le voudra qu’il n’a gardé en lui que le meilleur de son costume de président. Il avait presque tout assumé en 2012, et avait fini par perdre. Alors, au titre d’opération de la dernière chance, il tente un ultime coup de bluff en se reniant dans les grandes largeurs. Quand les temps sont durs, on tente de s’en sortir comme on peut.
Un long dimanche de criantes failles
En guise de service après-vente de son livre, Nicolas Sarkozy avait rendez-vous dimanche soir à 19 heures sur TF1 avec le journaliste Thierry Demaizière, dans le cadre d’une interview très prisée dans l’émission Sept à huit. Dans un décor intimiste, propice à la confidence et au tirage aisé de larmichette, l'ancien président a tenté avec force de tirer sur la corde sensible. En espérant, bien sûr, que devant le poste les âmes sensibles ne s'étaient pas abstenues.
A défaut de proposer des idées nouvelles pour la France pour les 5 années à venir, Nicolas Sarkozy cherche à attendrir. Connaissant la personnalité du bonhomme, pas sûr que cela faisait partie du plan initial...
Maelstrom gagnant ?
Au sortir de cette séquence médiatique intense, il lui faudra absolument en retirer les premiers bénéfices tangibles, sous peine de ne pas pouvoir revenir dans la course à la présidentielle. A n’en point douter, les études d’opinion de février et mars seront scrutées de très près, et livreront leur part de verdict. Si cette stratégie de com’ est un flop, l’ancien maire de Neuilly se ringardisera un peu plus. Si, au contraire, un frémissement s’opère, il se dira alors qu’il a renoué le lien avec le peuple, retrouvera la grinta, et tentera de faire passer une année d’enfer à Juppé et consorts.
Après les singeries en hiver, il faudra qu’au printemps refleurissent les fleurs du bien, avant un été en pente raide, puis une potentielle élection à la faveur de l'automne. Si Sarkozy veut avancer en 2016 sur un fil, encore faut-il le retrouver. En attendant, Nicolas Sarkozy est encore l’acteur de son propre destin. Il a été président de la république et il souhaite le redevenir. L'élection présidentielle, il y pense probablement tous les matins, et pas seulement quand du passé il fait table rase...
Gwendal Plougastel
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