Nicolas Sarkozy est-il le futur l’Abbé Pierre ? C’est la question que certains se posent en ce moment. L’homme multiplie ses petites phrases assassines pour fustiger notamment ceux qu’il poursuit devant les tribunaux mais fait acte de bon sentiment. Cerise sur le gâteau, il va jusqu’à désavouer ses ministres « sans cœur », Christine Boutin, Michèle Alliot-Marie ou Rachida Dati. Il surfe sur la vague du social, plus proche du peuple qu’un Olivier Besancenot. Il est finalement en lévitation. Il marche sur les eaux. Paris est finalement la nouvelle Jérusalem, quoique, ses envies de passer par le 49.3 pour faire passer sa loi sur le travail du dimanche, trouve un écho défavorable auprès même des députés de la majorité UMP. Malgré une petite baisse dans les sondages, l’homme est comme atteint par la grâce.
C’est incroyable mais vrai. Le changement est inattendu et vraiment radical. Un virage à 180°. Le chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, est vraiment phénoménal. Elle est loin la période obscure de ses déclarations vaseuses et tonitruantes d’antan. Dans une époque pas vraiment lointaine, il nous avait habitué et gratifié de sa prose morbide, en tant que virevoltant Ministre de l’Intérieur. En ce temps-là, la Place Beauvau, était passée maîtresse ès art, dans une rhétorique guerrière : « Kärcher », « Racaille », « Tolérance zéro » etc... Eh bien, l’homme se serait assagi, marchant désormais dans l’ombre des grands hommes de la nation France.
Le nouveau mutant en chef, probablement l’homme qui va dans le sens du vent ou la girouette si vous voulez, est simplement Nicolas Sarkozy. De Christine Boutin qui voulait en ce temps de grande canicule, au temps pour moi, en cette saison de grand froid, amener de force les SDF dans des centres d’hébergement d’urgence, en passant par Michelle Alliot-Marie qui jugeait l’interpellation du journaliste Vittorio Fillipis comme un acte normal, et Rachida Dati qui enfonçait le clou avec cette déclaration : « Vous avez des interrogations, il est légitime que nous y répondions mais faites attention à ne pas porter atteinte à l’indépendance d’un magistrat », bottant en touche évidemment, le sage Nicolas, a tranché sur le vif, en désavouant ses ministres. Pauvres « sarkozettes ! » J’aurais aimé dire « fillonnettes » mais, tout le monde sait que l’homme de Matignon, François Fillon, est bien là pour l’inauguration des chrysanthèmes. Passons.
Justement, sur cet aspect judiciaire et policier, le chef de l’Etat, en bon prince et procédurier à souhait pourtant, grande contradiction en effet, a plutôt rassuré. Certains l’accusent d’hypocrisie, se basant sur ses penchants procéduriers. Il s’est même lancé dans l’envie d’une réforme qu’il appelle de tous ses vœux : « souhaité que la confusion des pouvoirs d’enquête et juridictionnels soit réexaminée » Avec une gentillesse abyssale, le nouveau père Noël a multiplié les promesses. La question est de savoir d’où viendra l’argent ? En espérant que cela ne soit pas encore une fois, des effets d’annonce, puissions-nous, enfin voir, de vraies actions, pas des courses effrénées dans le bocal médiatique.
Martin Hirsh aurait trahi l’Abbé Pierre, aka Henri Grouès, le fondateur d’Emmaüs, sans vergogne mais, finalement, le vrai héritier du prélat, se trouve à l’Elysée, et pourrait changer les mentalités, faire lui aussi son appel de l’hiver 2008, avec la barbe et la soutane en moins. Quel symbole ! nous étions le 1er février 1954, lorsque l’Abbé lança son appel et/ou « insurrection de bonté ». 54 ans après, un homme, semble le suivre. Peu importe si, lui, cet humain, porte une veste, une chemise et une cravate Prada. La classe présidentielle peut bien aussi jouer dans la cour des sans-abri, des indigents et d’autres encore. "L’arsenal anticrise" du locataire de l’Elysée est vraiment magique. Il y a eu déjà les fameux 1000 euros de prime, pour envoyer les vieilles gimbardes qui servent de voiture, à la casse. Maintenant, c’est simplement l’oeuvre du bon Samaritain :
- Il y a eu donc, une rallonge de 160 millions d’euros, pour les centres d’hébergement, et contre la grande pauvreté.
- A Compiègne, dans l’Oise, le chef de l’Etat a annoncé une revalorisation conséquente du minimum vieillesse, de + 6,9%.
- L’allocation pour adulte handicapé passe à 5% de plus.
- Les pensions de reversement pour les veuves passent de 54% à 60% dès 2012. Soit 80 euros supplémentaire par mois qui concerne plus de 600 000 personnes.
- Les prestations familiales vont être relevées de 3% en 2009, pour compenser la baisse du pouvoir d’achat.
Elle n’est pas belle la vie ? Pourvu que ces promesses soient tenues. Saint Nicolas Sarkozy est né. Il serait fortuit de le mentionner ? Probablement. Attendons les actes.
(Crédits photo/AP/ Michel Euler)