Non, ce n’est pas au #Medef de faire la loi !
Tous les 5 ans, dans la foulée de l’élection présidentielle, les Français sont appelés à désigner leurs députés par l’élection. Leur rôle est de faire la loi que le gouvernement leur propose. Alors ils discutent le texte qui leur est soumis, le critique, l’amende, l’améliore. En clair, ils parlent entre eux, ce qui vaut à l’assemblée son autre nom : “le parlement”. Leur fonction principale est donc de représenter le peuple et de traduire dans la loi sa volonté issue des urnes. C’est en son âme et conscience que le député vote ou rejette un texte, vote en faveur d’un amendement, voire qu’il en dépose un.
Laurence Parisot, la présidente du groupe de pression dénommé Medef a, d’évidence, une autre conception du parlement, une autre conception de la démocratie. Après avoir passé 6 mois à donner ses ordres au gouvernement de Jean-Marc Ayrault, elle entend désormais faire la loi au sein même du parlement. Et son message est d’une clarté finalement aveuglante pour la démocratie : les parlementaires ne doivent plus parler, les parlementaires ne doivent plus réfléchir et encore moins amender les textes de loi qui leurs sont soumis. Leur rôle consiste à enregistrer à la lettre, mot à mot, les souhaits de Laurence Parisot. C’est la raison pour laquelle elle donne l’ordre aux parlementaires de la république de valider en l’état l’accord Medef fidèlement retranscrit par le gouvernement le lundi 11 février :
A travers cet ordre incroyable donné aux parlementaires de la république, elle fournit également sa conception de la sociale démocratie si chère à François Hollande. Finalement, un bon social démocrate entend, traduit puis exécute les souhaits et désirs du patronat de son pays. Dès lors, Jean-François Copé ou Jean-Pierre Raffarin se découvrent sociaux démocrates et indiquent tous les deux qu’ils voteront le texte Medef si et seulement si aucune ligne n’est changée, aucun mot déplacé. En cela, ils relaient non seulement les exigences de Laurence Parisot mais également celles du ministre du travail, Michel Sapin, qui l’affirme sans arrêt depuis le 11 janvier dernier : les députés n’auront pas leur mot à dire.
En réalité, à l’ère du capitalisme financier, la sociale démocratie est un leurre. C’est ce que nous apprend de manière criante cet épisode capital du “dialogue social”. Tout simplement parce qu’à l’ère du capitalisme financier, le dialogue social ne peut plus exister. Les décisionnaires de l’entreprise sont des fonds d’investissements, des officines spéculatives. Allez donc négocier un accord salarial avec eux. Dans la plupart des cas vous ne saurez même pas où les trouver physiquement. La sociale démocratie devient alors l’alibi faussement démocratique pour faire passer dans la loi des mesures hautement coercitives contre le salariat. En appelant les parlementaires à traduire PLEINEMENT et à la lettre l’accord Medef dans la loi de la république, Parisot fait plus que le démontrer, elle le revendique.
En réalité, à l’ère du capitalisme financier, c’est au parlementaire de faire la loi. Parce qu’il a reçu mandat pour cela. Et cela devrait être amplement suffisant. En juin 2012, les Français ont donné mandat à une nouvelle majorité pour rompre avec les pratiques de Sarkozy qui s’asseyait allègrement sur les droits et les prérogatives du parlement. Les socialistes nous le rappelaient tous les jours. Aussi est-il étrange d’entendre les principaux cadres du gouvernement Hollande nous expliquer que les députés doivent juste lever le doigt sans discuter, sans parlementer et ainsi valider l’accord Medef sans broncher. Ils ont pourtant également été élus pour changer l’orientation économique et sociale du pays. Ils ne voulaient plus, les Français, d’un Medef tout puissant, ils voulaient le retour du politique.
Une assemblée de gauche devra donc faire pleuvoir les amendements, corriger une copie qui ne défend que les positions patronales et la doctrine libérale de droite. Car dans les faits, les droits des salariés sont sacrifiés, les privilèges patronaux glorifiés. Une seule preuve, unique mais suffisante : Laurence Parisot n’a pas de mots assez élogieux pour promouvoir son accord qu’elle est la seule à trouver historique, la droite la plus pathétique de France s’apprête à le voter en l’état, les syndicats représentatifs et majoritaires sont vent debout et s’unissent pour le rejeter. Alors, pour ne pas laisser Parisot dicter sa loi aux parlementaires de la république, ces derniers devront lui rappeler qu’ils sont majoritairement de gauche, qu’ils ont été élus par le peuple souverain, que la loi est l’affaire de l’assemblée, pas du Medef !
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