Nos dirigeants cavaliers
L’argent est le nerf de la guerre. Vecteur de pouvoir. Pomme empoisonnée.
Chez certains, la tentation de se l’accaparer est considérable, presque impérieuse.

3 janvier 1973. Pompidou[1] et Giscard promulguaient la loi du même nom, interdisant à l’Etat d’emprunter à taux zéro à la Banque de France. Désormais l’Etat, garant de l’intérêt public, devait passer par les marchés, les banques commerciales plus exactement, pour financer sa croissance. Et ce faisant, il s’est mis à payer des intérêts. Début du cycle infernal. Plus l’Etat empruntait, plus les intérêts augmentaient. Et petit à petit il devait emprunter davantage pour honorer l’intérêt de ses dettes. La fameuse charge de la dette. Charge ? Les mots ont un sens.
Pour l’année budgétaire 2011 la France payera 49 milliards d’euros pour rembourser les intérêts de sa dette, peut être même 75 milliards si elle perd le AAA d’ici trois mois. Il s’agit du second poste budgétaire, mieux que la défense, c’est dire. Depuis 1973 la France a déboursé environ 1 450 milliards au titre de la charge de la dette.
Parallèlement, la dette publique française s’élèvera pour 2011 à 1700 milliards d’euros. Etrange ressemblance. Est-ce une coïncidence ? Plutôt un rapport de cause à effet. Nous empruntons pour rembourser. En terme juridique, c’est ce que l’on appelle de la cavalerie, qui est une forme d’escroquerie.
De circonscrite, la dette est devenue généralisée. Pire. Elle est exponentielle. Les Etats sont devenus des actifs parmi tant d’autres. Au plus grand bonheur de certains financiers. Vous pouvez blâmez ces derniers, mais leurs méfaits ont été rendus possibles grâce à l’accointance du pouvoir politique. L’avidité est une caractéristique de l’homme. La déloyauté également. La différence est que la seconde vous laisse un goût amer. Comme un relent nauséabond. La situation actuelle, nous la devons à notre élite dirigeante qui a succombé à la tentation. L’attrait d’une élection financée, d’un poste à haute fonction, d’une place au soleil en somme. Et à quel prix ? Nous, tout simplement…
Un à un, les dominos européens sont en train de tomber. Alors que la Grèce aimerait panser ses plaies, nos dirigeants cavaliers tentent désespérément de dissimuler leur forfait. Le FESF bientôt MES, future banque privée luxembourgeoise, lessiveuse plénipotentiaire, sera le dernier coup de bluff de ces vils brigands.
Mais ils ne font que retarder l’échéance. Ils achètent du temps. Au prix fort de surcroit, et ne croyez pas qu’ils en sont pour leurs frais. Dans leur petit jeu élitiste et mondialisé, de jolies sommes sont captées devant notre nez.
Pile je gagne, Face tu perds.
Privatisations des bénéfices, et socialisation des pertes. Escroquerie vous dites ?
Nous citoyens, assumons le risque du crédit, et endossons le rôle de prêteur en dernier ressort pour les dettes non honorées, et surtout non consenties. L’austérité n’est pas notre faute, comme ils ont bon dos de nous le faire croire, mais la leur.
Face à cet avenir trouble, nous devenons d’autant plus amorphe. Pour équilibrer nos comptes, et répondre aux sacrosaints commandements budgétaires européens, nous coupons les dépenses dans tout ce qui pourrait impulser un nouveau départ. Nous n’avons plus de vision à long terme, mais continuons de faire de la dette, encore et toujours…
Jeudi 27 octobre 2011. Un accord majeur a été trouvé en Europe paraît-il.
100 milliards d’euros, soit 50% de la dette grecque, vont être effacés.
Il a fallu pour cela, que Nico et Angela fasse un numéro de charme au directeur général de la finance internationale (IFI), monseigneur Charles Dallara. Les grecs ne sont peut être pas des modèles de rigueur, mais le pouvoir bancaire leur a enfoncé davantage la tête sous l’eau : maquillage des comptes, vente de CDS en secret, rumeur fuitée, crédit non remboursable… Et aujourd’hui il faut ramper pour que ces derniers lâchent un peu de lest[2], en échange surement de je ne sais quel accord occulte.
Renforcement du FESF.
1000 milliards d’euros garantis par de l’argent qui n’existe pas, que nous n’avons pas, ou qui sera peut être chinois. De la dette à la dette, encore et toujours de la cavalerie.
On me taxe d’anti européen, mais c’est un plaidoyer pour les peuples de l’Europe que je lance. Quand l’Italie fera défaut, que l’Espagne fera défaut, le fond sera activé. N’étant que du vent, un appel de fonds sera émis. La France s’endettera davantage et sera juridiquement obligé de s’acquitter. Elle se placera ainsi sous la tutelle du FESF (futur MES), qui exigera de fortes conditionnalités. Nous serons encore plus affaiblis, à la merci des investisseurs étrangers alors qu’à l’intérieur du pays le chômage augmentera et la paupérisation se généralisera. Les tensions nationalistes et xénophobes seront ravivées, la peur de l’autre exacerbée. C’est l’Europe actuelle, filiale de la finance mondialisée, qui nous apportera malheur et hostilité. Est-ce la prospérité et la paix que l’on nous a promis ?
Alors ils seront nombreux pour nous vanter que cet accord est salvateur, les bourses se relanceront. Heureux que nous sommes. Pourtant, nous nous sommes simplement donnés un peu plus de temps, sans remettre en cause les boulets à nos chevilles. C’est la faillite d’un système dont il est question. Un système dans lequel nous sommes à la fois observateurs (faussement) impuissants, et victimes collatérales. Les solutions d’opportunité ne changent rien. Pourtant c’est la seule réponse apportée par nos candidats surmédiatisés, de l’extrême droite à l’extrême gauche.
Il est grand temps de bâtir un nouveau projet commun. Manches retroussées et méninges en action, voilà notre salut !
Quelques liens utiles :
- http://www.youtube.com/watch?v=ZE8xBzcLYRs
- http://www.youtube.com/watch?v=hudu8SBNLWQ
- http://livre.fnac.com/a2712010/Pierre-Noel-Giraud-Le-commerce-des-promesses
- http://www.youtube.com/watch?v=mC9rpRa8zlw (au moins pour les citations autours de la 35eme minute…)
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