Nos élus sont-ils représentatifs ?
Les modalités d’avancement du projet de réforme des retraites posent la question de la réelle représentativité des élus à l’assemblée nationale et au sénat et notamment celle de l’absence de parité dans les deux hémicycles.

La réforme des retraites est une question de société qui n’a pas été abordée lors des débats précédant l’élection présidentielle.
Les droits à retraite résultent de l’effectivité et de la durée de l’activité professionnelle or tout est fait pour rendre l’accès au travail plus difficile pour les jeunes-filles que pour les jeunes-hommes.
Les jeunes-filles de 2010 sont en droit de se demander si elles auront demain le choix ou pas d’organiser un équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie familiale.
L’accès à l’emploi des femmes dépend des services publics permettant la garde des très jeunes enfants.
Or sur ce point :
- le désengagement de l’état du financement des crèches,
- la suppression de l’accès en maternelle à partir de trois ans,
- sous couvert d’expérimentation, les tentatives d’avoir une éducation à l’allemande comportant une matinée de cours en charge de la collectivité et une après midi d’activités en charge des familles aboutiront en France au même résultat qu’en Allemagne à savoir l’impossibilité pour toutes celles dont les possibilités de rémunération seront modestes d’avoir réellement accès à l’emploi.
Le projet de réforme des retraites qui porte à 67 ans l’âge de départ en retraite à taux plein pour celles qui n’auront pu avoir une carrière complète va également dans le sens d’un retour au foyer programmé des femmes.
Au dessous d’un certain niveau de revenus, il va donc falloir choisir : ce sera soit une vie de femme au foyer subie c’est à dire la plus grande régression sociale pour les jeunes filles depuis le début du XXième siècle, soit une vie professionnelle normale au dépend des maternités. La présence des lycéennes dans les manifestations est donc légitime !
Le refus de débattre de nos élus sur cette question comme sur celles des chiffres éludés du débat sur les retraites est patent : ainsi la CFDT RHONE ALPES relevait que "comme elle s ’y était engagée elle avait contacté 76 parlementaires en Rhône-Alpes pendant l’été, 15 ont répondu mais seulement 9 ont accepté de recevoir une délégation."
"A croire qu’entre deux scrutins, les 70000 adhérents de la CFDT Rhône-Alpes n’intéresseraient plus la représentation nationale ! " et de rajouter "Il faut cependant que nos parlementaires comprennent qu’ils auront des comptes à rendre sur leur attitude et leurs votes." (voir l’article actuellement en ligne)
Il y a en effet les chiffres que le gouvernement publie et ceux qu’il dissimule :
S’il est évident que le ratio cotisant - retraités se dégrade, il est tout aussi évident qu’un mort ne perçoit pas de retraite or l’espérance de vie est de 76 ans pour un ouvrier et de 82 ans pour un cadre, l’espérance de vie en bonne santé de 59 ans pour un ouvrier et de 69 ans pour un cadre (source INED). (Un article du Monde se fait l’écho de cette problématique).
Ce qui veut dire que l’on transfèrera la charge du budget des retraites sur le budget de l’assurance maladie si l’on s’en tient à une sortie de l’emploi à 62 ans pour les carrières complètes.
Le 8ième rapport du COR prévoit un doublement dans les 40 prochaines années de la productivité. La France est donc un pays riche qui peut financer un régime social de solidarité inter générationnel : c’est un choix de société.
Le fait est qu’un actif de 1960 produisait 5 fois moins de richesses qu’un actif de 2010 ce qui signifie que l’on peut voir se détériorer le rapport cotisants-retraités sans que cela impacte l’équilibre financier des retraites sauf à ce que les salaires veuillent bien suivre la progression de ce gain de productivité ce qui n’a pas été le cas.
Ces trente dernières années 10% de la richesse a été transférée vers la rémunération des capitaux soit 8 fois le déficit du régime des retraites (source INSEE). Qui plus est la moitié des déficits des 10 prochaines années est liée à la crise économique dont le moins qu’on en puisse dire c’est qu’elle ne résulte pas de "l’économie réelle" mais de "l’économie virtuelle".
Enfin les entreprises ne prennent pas leurs responsabilités.
On demande aux seniors de travailler plus longtemps tandis que les entreprises persistent à les licencier. Ils sortent actuellement de l’emploi en moyenne à 58,5 ans (source INSEE) tandis que 23% des jeunes de 16 à 24 ans qui recherchent une activité professionnelle : contrat professionnel ou premier emploi ne parviennent pas à le trouver (source INSEE) .
35 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON