Nuit du 4 août : abolissons les privilèges de la ploutocratie déguisée en démocratie !
Il est temps de faire un bilan rétrospectif sur tous les privilèges que s’arroge une caste dirigeante liée à la fois aux affaires privées et à celles de l’Etat.
AFFAIRE LAGARDE/TAPIE
C’est le 4 août (hasard du calendrier ?) que nous saurons si la Cour de Justice de la République décide d’ouvrir une enquête sur le rôle de Christine Lagarde dans l’affaire Tapie, soupçonnée d’abus d’autorité ayant favorisé des intérêts privés au détriment des intérêts publics. Le parquet général reproche à Mme Lagarde d'avoir recouru à un arbitrage, une procédure privée alors qu'il s'agissait de deniers publics, d'avoir eu connaissance de la partialité de certains juges-arbitres et de ne pas avoir exercé de recours contre la sentence arbitrale, alors que plusieurs spécialistes l'y encourageaient. Mais par avance, nous savons que l’affaire va traîner, quelle que soit la décision de la commission : classement sans suite, demande d’informations complémentaires ou avis favorable à une enquête, obligeant le procureur près la Cour de cassation de saisir une commission d’instruction afin d’entamer une enquête qui sera longue et ne verrait pas Mme Lagarde jugée avant plusieurs années. De plus, le procureur Nadal, parti en retraite le 30 juin dernier, est remplacé par un proche de Nicolas Sarkozy, Jean-Claude Marin, dont l’indépendance n’est pas garantie (c’est un euphémisme), qui a déjà agi en faveur de ce dernier par exemple sur l’affaire des frégates de Taiwan en refusant de verser au dossier une note dont fait référence un PV du Parquet daté du 22 novembre 2007, publié par le journal Bakchich.info , mettant en cause Nicolas Sarkozy et Edouard Balladur, concernant le financement de la campagne de ce dernier en 1995. Il est encore question de rétrocessions de commissions sur la vente de sous-marins au Pakistan, avec Nicolas Sarkozy au cœur de la corruption, débouchant sur l’affaire de l’attentat de Karachi. Même contexte. On y retrouve encore le procureur Jean-Claude Marin. Enfin c’est encore lui qui ressort le croc de boucher, s’en prenant violemment à Dominique de Villepin dans l’affaire Clearstream en faisant appel à la décision du Parquet de relaxer l’ex-premier ministre.
Tout porte à croire que derrière Christine Largarde, c’est Nicolas Sarkozy lui-même qui a donné les instructions visant à favoriser Bernard Tapie, à mettre fin au cours de la justice ordinaire, qui s’apprêtait à clore le dossier en défaveur de ce dernier (décision de la Cour de cassation qu’il ne manquait plus qu’à entériner en Cour d’appel), par un recours inopiné à une procédure d’arbitrage privé, contre toute logique surtout qu’il s’agissait de deniers publics, sans soumettre cette décision au Parlement. Un vrai scandale d’Etat !
Mais si l’affaire Tapie est un des plus gros scandales d’Etat de ces dernières années, il y en a bien d’autres qui démontrent encore ce favoritisme à l’égard d’intérêts privés de la part de l’Etat, de ministres en fonction.
AFFAIRE WOERTH
La Cour de Justice de la République a ouvert une enquête sur Eric Woerth portant sur la vente, par l'État, d'une parcelle de la forêt de Compiègne à une société de courses hippiques. Il est reproché à Eric Woerth à la fois la légalité de la transaction (contestée à l’époque en 2003 par Hervé Gaymard, alors ministre de l’agriculture, puis par Bruno Lemaire, et qui aurait due être soumise au Parlement comme le veut la loi) et le prix de cette vente manifestement sous-estimé. Eric Woerth était ministre du budget et maire de Chantilly, ville connue pour ses course hippiques. L’épouse d’Eric Woerth, Florence, membre de France-Galop de 2004 à 2007, a fondé l'écurie des chevaux "Dam's". Le dirigeant de France-Galop (association liée par contrat à la SCC pour l'organisation des courses) est Hubert Monzat. Hubert Monzat a été conseiller au cabinet d'Éric Woerth au ministère du Budget. L'acquéreur, Antoine Gilibert, président de la Société des courses et membre de France-Galop, est un proche d'Eric Woerth et de Philippe Marini (alors qu’il a tout d’abord nié avoir des relations. Le Canard Enchaîné dévoile qu'Eric Woerth a été alerté du caractère erroné de l'estimation du prix de vente de l'hippodrome.
AFFAIRE BETTENCOURT
Souvenons-nous aussi de l’affaire Bettencourt, dévoilée par Mediapart grâce aux écoutes du majordome ! Evasion fiscale, financement illégal de l’UMP et de la campagne de Nicolas Sarkozy, en échange d’une bienveillance fiscale, voire une certaine complaisance, avec à nouveau la complicité d’Eric Woerth, à la fois trésorier de l’UMP et ministre du budget, donc des impôts, et de son épouse Florence, gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt. D’ailleurs Mme Bettencourt n’est pas la seule à faire partie du cercle des bienfaiteurs-privilégiés, reçus chaque année par Nicolas Sarkozy, notamment en Suisse dans un grand hôtel ! On se croirait presque dans un vaudeville tant les situations sont caricaturales, les protagonistes tous liés dans ces affaires …
AFFAIRE WILDENSTEIN, AFFAIRE TAKIEDDINE, …
Encore une complaisance fiscale dans l’affaire Wildenstein, des droits de succession qui s’évaporent …
Et que dire du marchand d’armes Takieddine, proche de Guéant, Hortefeux, Copé, qui ne paye pas un euros d'impôts avec un patrimoine de 40 millions d'euros ce qui n'a intéressé ni Woerth, ni Baroin, ni Pécresse qui ne répond pas aux sollicitations de Médiapart ?
AFFAIRE PEROL, AFFAIRE DE L’EPAD ET BIEN D’AUTRES AFFAIRES ENCORE …
Au-delà de toutes ces collusions entre affaires publiques et affaires privées, remarquons les multiples conflits d’intérêts et les nominations des copains de Nicolas Sarkozy à la tête d’entreprises multinationales, plaçant ainsi des pions sur la gouvernance financière du pays (sans compter la nomination des dirigeants de chaînes de télévision et de radio publique, pour la gouvernance médiatique) : ici François Pérol dans la banque à la BCCE (alors qu’il avait travaillé sur le dossier de fusion précédemment), là Stéphane Richard à France Télécom, là Henri Proglio déjà président de Véolia nommé à la tête de EDF, là encore l’éviction d’Anne Lauvergeon chez Areva pour faciliter le rapprochement de l’entreprise avec EDF et contenter Proglio, … ou encore la faveur faite à Arnaud Lagardère (presque frère de Nicolas Sarkozy !) en permettant à la CDC de racheter des actions EADS juste avant la dégringolade du cours de bourse lié aux retards de construction de Airbus …
Si vous voulez avoir un récapitulatif de toutes les affaires, allez sur un billet de Imhotep sur le forum Agoravox et abonnez-vous à Mediapart, à Marianne et au Canard Enchaîné !
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