Olé ! Ou comment détourner une charge syndicale
Une « négociation sur l’emploi » contre la réforme des retraites ?
Tous les médias entonnent l’air de l’essoufflement de la mobilisation en détaillant les reprises de travail et notamment sur le front stratégique des carburants. L’objectif de 80% des stations-service approvisionnées mardi "sera tenu", a assuré le ministre de l’Energie Jean-Louis Borloo. Qui a fixé cet objectif ? On ne sait pas, mais le ministre triomphe, et c’est semble t-il le principal.
Pour autant, la réforme ne sera pas encore loi. Les chefs de file des parlementaires socialistes ont en effet annoncé la saisine du Conseil constitutionnel.
Il faudra donc encore attendre la mi-novembre pour que la loi puisse être promulguée par le Président de la République.
Christine Lagarde a parlé d’un "tournant" dans le conflit, tandis que Eric Woerth estimait que "ça ne sert à rien aujourd’hui de faire grève contre les retraites".
Bref le gouvernement et les médias qui le soutiennent veulent donner l’impression qu’une page se tourne et proclame la fin du combat, levant le bras de Sarkozy déclaré vainqueur des syndicats de salariés.
Victoire à la Pyrrhus ? Nous verrons bien en 2012.
Après des semaines de conflit, la majorité semble vouloir calmer le jeu. "Il n’y a pas de gagnant, chacun a pris ses responsabilités", a jugé le président de la commission des Affaires sociales à l’Assemblée, Pierre Méhaignerie.
J’ai regardé l’émission d’Yves Calvi qui réunissait entre autres, Chérèque, leader de la CFDT et Parisot, leader du MEDEF. A la dernière minute, François a lancé à Florence une proposition qu’elle a accepté immédiatement en direct, mesdames et messieurs, sans même réfléchir une seconde. Il s’agit d’une "négociation sur l’emploi des jeunes et des seniors".
Il fallait voir comme elle insistait pour donner sa réplique. Ce fut un grand moment de théâtre car il était évident que les acteurs avaient répété leur scène.
C’est ainsi, à un moment ou un autre, il y a toujours le maillon faible, le Chérèque, qui abandonne ses alliés en rase campagne, tel Achille rentrant sous sa tente.
C’est sans surprise que dès ce matin, j’apprenais que cette « initiative » était saluée par Mme Lagarde et M. Woerth, et reprise en fin de matinée par François Fillon.
Après la promulgation de la loi, a dit le Premier ministre aux députés UMP, le gouvernement proposera "aux partenaires sociaux d’engager un dialogue sur l’emploi des jeunes et l’emploi des seniors".
Soyons sérieux ! Il est évident qu’il ne s’agit que d’un bout de chiffon que l’on agite devant le taureau pour le détourner de son objectif : Sauver sa peau en encornant son futur assassin.
Que peut bien vouloir dire une négociation sur l’emploi alors qu’il n’y a plus d’emplois, massivement transférés dans les pays à bas coûts par la mondialisation à marche forcée pour le seul profit des actionnaires des multinationales.
Fillon avait essayé comme en 2003, lors de sa première « réforme », le coup de la pénibilité. Cela a échoué car le MEDEF avait fait cyniquement capoter ces négociations en 2008. Cette fois, on balance à la télé un vague projet de négociation et tout le monde se précipite en criant « Merci Chérèque ! »
Reste à savoir si les salariés seront dupes.
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