On en parlait surtout pas....
Le 19 mars 1962, à midi, prend officiellement effet un cessez-le-feu qui met fin à cette guerre d'Algérie qui dura 8 années....
J'espère que le cinquantième anniversaire de la guerre d'Algérie permettra à la fois d'ouvrir tous les dossiers afin que ceux et celles d'hier et d'aujourd'hui comprennent et à la fois que s'exprime très fortement et symboliquement une opposition farouche à toutes les guerres.
Il existe quelques livres comme celui de Laurent Mauvignier qui permettent de lever un maximum de voiles pour mettre en exergue le traumatisme subi par les appelés, la souffrance des populations algériennes, qu'elles soient arabes, kabyles ou européennes.
Je me souviens, quand enfant, mon père, pacifiste convaincu m'a expliqué pourquoi il avait aidé des pieds noirs qui revenaient de là bas.
« Tu vois, ce n'étaient pas des colons, ils se sont même opposés à l'OAS et aujourd'hui presque personne ne veut les aider »
Je repense au parole de mon père...Je suis anti colonialiste et anti impérialiste et si je jette la pierre c'est aux gouvernements français qui ont mené cette guerre, aux ultras de l'Algérie française et pas aux hommes, exécutants malgré eux qui ont été sacrifiés.

« Des hommes »
roman de Laurent Mauvignier
les Editions de minuit
mars 2011
283 pages
On en parlait surtout pas....
Comme leurs aînés du chemin des Dames, ils ont gardé en eux les souvenirs réels de cette guerre d'Algérie.
C'est plus qu'un traumatisme pour ces anciens jeunes appelés qui ont vécu dans leurs chairs les exécutions sommaires, les tortures, la peur et en retour la terreur que l'armée française a fait « vivre » aux populations locales et que le FLN a fait régner à son tour sur ces bidasses .
Ils réfléchissent ces jeunes, là bas, très très peu sont pacifistes, mais beaucoup pensent dans leur for intérieur comme l'un d'entre eux : « Il pense à ce qu'on lui a dit de l'occupation, il a beau faire, il ne peut pas s'en empêcher d'y penser, de se dire qu'ici on est comme les Allemands chez nous, et qu'on ne vaut pas mieux. »
Oui mais il fallait avancer, attaquer mais aussi se défendre et sous le feu de l'action, celui dont on peut comprendre les motivations est l'ennemi désigné qui est en embuscade !
Tout le drame de la guerre d'Algérie est là.
Les cauchemars sont encore présents quarante ans après la guerre et peut être encore aujourd'hui après un demi siècle.
L'auteur nous convie à ouvrir une page de l'histoire de plusieurs appelés en 1960 ;
Au moment de leur retour au pays, ils ont montré à leurs proches les photos où l'on voit le soleil, la chaude amitié mais pas l'essentiel : la peur au ventre qui les tenait tous....
Bernard se souvient mais ne parle pas, il suffit qu'il déraille sérieusement un soir pour que ceux qui l'ignoraient ou même le méprisaient, commencent à comprendre.
Il a suffi d'un soir, bien après pour qu'un incident ouvre très grande la plaie qui ne s'était pas fermée.
Voici là un livre émouvant où les personnages sont réels, ils sont nos grands frères et nos pères dont la jeunesse a été sacrifiée...Leur histoire dramatique doit être racontée telle qu'elle a été vécue sans qu'elle soit occultée par les nostalgiques du colonialisme où même par ceux qui distribuent aujourd'hui les bons points.
Jean-François Chalot
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