Ordre juste ou... ordre nouveau
Dans cette campagne 2007, ce qui ressortira dans quelques années, c’est la découverte d’une personne, d’un candidat, qui jusqu’ici paraissait relativement censée, et qui révèle, au fur et à mesure, une étrange personnalité. Personne, -jusqu’à une époque récente - n’aurait pu s’attendre à retrouver chez monsieur Sarkozy le double rajeuni de Pétain ou le clone aseptisé de Jean-Marie Le Pen. Et pourtant, toute sa rhétorique véhicule les mêmes idées et utilise les mêmes mots, mais personne n’y avait prêté véritablement attention, le tout étant noyé dans une hyperactivité médiatique entretenue par le personnage depuis des mois pour faire écran à ces idées nauséabondes.
Personne n’a vu non plus que son entourage proche était la clé de sa pensée politique. Or, parmi sa garde rapprochée, on trouve des personnes qui sont loin d’être jeunes, et qui ont un passé plus que sulfureux au sein de l’extrême droite la plus violente. Et pas des théoriciens, des gens ayant déjà porté le casque et manié jadis le bâton. En résumé, les idées extrémistes que vient de tenir et de répéter Nicolas Sarkozy ne sont pas une génération spontanée, c’est plutôt la résurgence d’un vieux fond de commerce entretenu en haut lieu au sein même de son staff. Dans ce sens, il n’y a aucune rupture chez le personnage, contrairement à ce qu’il raconte.
Jusqu’à aujourd’hui ceci était resté dans l’ombre, les "conseillers" étant plutôt discrets. Or c’est net, ses propres électeurs potentiels ne le savent pas nécessairement, cette filiation encombrante avec la droite extrémiste, tous subjugués par une personne qui remue uniquement pour avaliser son apparence de jeunisme, en regard d’un chef de clan d’extrême droite vieilli, qui ne se déplace même plus pour faire campagne, ou si peu. La perception des jeunes qu’a Nicolas Sarkozy est caricaturale, on le sait. Et sa façon de gigoter dans le paysage politique l’est tout autant, et n’a pour seul but que de capter leur attention. Encore un peu, avec ce candidat prêt à tout, les affiches de Nicolas auraient été peintes de couleurs vives unies, avec l’ombre de "Nico, c’est plus fun" dessinée en noir dessus, les écouteurs blanc à l’oreille. Sarko en iPod, et c’était gagné à coup sûr auprès des plus jeunes, pouvait-il se dire il n’y a pas si longtemps : manque de chance, celle qui déclare en utiliser un, d’iPod, c’est sa principale rivale. Et l’agence de communication qui a fait l’affiche oublié que c’était le slogan d’une banque marocaine. Quand a prendre une posture et un paysage mitterrandiens, la moitié à peine seulement du slogan de 2002 de Jacques Chirac ("La France en grand, la France ensemble"), c’est une autre histoire. Revenons-y, à l’Histoire, justement.
l’ignorance du passé
Un sondage, encore un, réalisé par l’officine dirigée par une dame qui travaille régulièrement au MEDEF avec le frère de M. Sarkozy (Guillaume) nous dit, ce jour, que chez les nouveaux électeurs de moins de 30 ans, c’est "Nicolas" qui arrive en tête. Des trentenaires qui lisent peu, et dont la principale source d’information est la télévision (ou internet), dont on connaît les raids effectué par l’UMP pour obtenir son contrôle, sans parler de la radio où sévissent des personnes accusées il y a bien longtemps déjà de servir la soupe uniquement à la droite (le "taisez-vous, Elkabbach" de Georges Marchais). Parlons-en, justement, de cette époque, à nos jeunes nouveaux inscrits, celle des Giscard et Mitterrand, des Marchais et des Le Pen. Ça pourrait sonner comme la chanson de Charles Aznavour, "je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître" ("la Bohême"). Les trentenaires ne connaissant du personnage que le dernier clip "La Terre meurt", tableau apocalyptique ou apparaît à la fin un étonnant Nicolas Hulot (eh oui, il peut aussi se faire récupérer). Il y a plus de vingt ans maintenant, disons quarante même, donc, Nicolas Sarkozy existait déjà. Un fait indéniable, Pasteur ayant démontré que la génération spontanée n’existe pas, sauf peut-être pour les gens qui ignorent les lois les plus élémentaires de la transmission de l’inné et de l’acquis. François Sarkozy, le petit frère, chercheur en biologie le sait bien, mais personne n’est allé lui poser la question ces derniers jours, ce qui peut paraître bien surprenant : c’est le seul de la famille à être compétent sur le sujet.
Les jeunes loups.
Disons comme date clé.... 1972, année de la fondation du Frontnational par Jean-Marie Le Pen. Nicolas a alors 17 ans, habite déjà Neuilly, et ses meilleurs amis aussi. Tous inscrits à Occident, mouvement créé en 1964 par un fils de milicien pétainiste fusillé en 1946, Pierre Sidos, qui prône l’usage de la force dans la rue pour établir une prise de pouvoir fasciste. Sidos qui a déjà été emprisonné pour avoir soutenu l’OAS, sera évincé par les "jeunots" de son propre mouvement, et fondera en 1968, L’Œuvre française, mouvement nationaliste, catholique, monarchiste, antidémocrate, antisémite et... négationniste ! A Occident, On trouve Patrick Devedjian, futur maire d’Antony, Alain Madelin, créateur de Démocratie Libérale, Gérard Longuet, ministre de l’Industrie sous le gouvernement Juppé, et Claude Goasgen, porte-parole actuel de la pensée sarkozienne. Trois sur quatre estampillés en 2007 "conseillers politiques de campagne" de Nicolas Sarkozy. Mais aussi le propre fils de Charles Pasqua, Jacques Bompard, le maire d’Orange (FN puis DeVillieriste), Dominique Cahaboche, le secrétaire du FN, François Duprat (assassiné en 1978, partisan de réhabiliter un nazi responsable d’avoir tué des soldats américains désarmés, geste considéré comme crime de guerre), Gérard Penciolelli, le directeur du magazine Minute et Hervé Novelli, personnage à la base de la création de... L’UMP avec ses fameux "réformateurs". L’UMP transformé en plate-forme de lancement d’un candidat à partir d’un hold-up de 80 députés. Occident, rendu responsable d’un bon nombre d’émeutes et de heurts violents dans le pays, devient le "GUD" (Groupe Union Défense), lui même devenant "Ordre Nouveau" en 1968. En 1969, lors d’un congrès, le mouvement Ordre Nouveau adopte une stratégie de conquête du pouvoir différente qui donne naissance... Au Front national. Ils souhaitent alors y associer les phalangistes espagnols de Franco, le NPD allemand, néonazi, et le Mouvement social italien, post-mussolinien. Rien de moins. La famille fasciste européenne au grand complet, le gratin de l’extrême droite.
Les proches amis du jeune Nicolas, on le constate, ne sont pas des enfants de choeur. Mieux : on ne doit pas être surpris, en 2007, en entendant dans la bouche de leur leader des propos dignes d’un extrémiste de droite "pur jus". Ces propos, ils les ont toujours tenus, et ce, dès le départ, dès 1972. Gérard Longuet, Patricl Devedjian, Claude Goasgen, trois "conseillers politiques" du premier cercle actuel de François Sarkozy, tous trois arrêtés par la police le 12 janvier 1967 pour l’attaque en règle du campus de la fac de Rouen. Pour mémoire, les jours qui suivirent, Patrick Devidjian eut à subir un passage à tabac de la part de ses "amis", qui le soupçonnaient d’avoir lui-même prévenu les policiers... Tous ses amis actuels semblent avoir oublié l’épisode. Pour beaucoup d’historiens, ce sont les violences répétées d’Occident dans les campus français qui sont aussi à l’origine de Mai 68, en créant un terrain pré-insurectionnel. Aujourd’hui, ce qui est amusant à entendre, c’est l’explication sarkozienne du "laxisme" vis-à-vis des jeunes, qui aurait pour origine cette fameuse pensée de mai 68... Mettre le feu aux poudres, attendre l’explosion, puis clamer partout que cette explosion n’a pas pour origine de la violence, mais un trop grand relâchement face à la montée de cette violence. Ce retournement d’idées est une constante de la pensée fascisante. Mettre le feu pour mieux crier à l’absence de pompier. Générer le chaos pour se plaindre de l’apparition du chaos. Lâcher les loups pour mieux crier au loup. Pour les banlieues, à vous de trouver la phrase.
Une idéologie extrémiste
Cinq plus tard encore, et Nicolas Sarkozy entre au RPR à la tête (déjà ?) des jeunes du mouvement. Ce n’est pas difficile : le mouvement a énormément vieilli, et les jeunes trop peu nombreux. Très vite, des vieux amis le rejoignent : en réalité une bonne partie d’Ordre Nouveau abandonne le casque de combat et la barre de fer pour s’acheter des habits neufs et une conduite plus respectable. N’empêche : même en Armani, quarante ans plus tard, les idées restent les mêmes qu’avec les blousons. Et leur idéologie pour le moins surprenante. Ainsi, Ordre Nouveau était contre... la démocratie (?), en dénonçant je cite " le mythe de l’élection". Ce qui aujourd’hui fait sourire, leur candidat actuel prétendant faire partie intégrante de la démocratie en espérant bien en être au final le champion du fond des urnes ! Le mouvement est raciste, ouvertement raciste : "De toute évidence, les hommes sont inégaux" affirment-ils sans sourciller, citant comme référence Robert Brasillach, fusillé en 45 pour collaboration. C’est déjà plus qu’inquiétant. Mais dans l’horreur, il y a mieux (ou pire) encore : leur position sur la jeunesse est tout simplement ahurissante : "Dans toutes les démocraties, la jeunesse s’ennuie, et dans toutes les démocraties, il y a des "blousons noirs". Alors que dans les pays qualifiés de "fascistes", il n’y en a jamais eu. Cela tient au fait que tout fascisme est l’expression d’un nationalisme, qui seul peut cristaliser la volonté de la jeunesse en un immense élan révolutionnaire ; le nationalisme, c’est la jeunesse au pouvoir". La définition du fascisme, rien d’autre : mettons tous les blousons noirs au pouvoir, on ne les verra plus dans la rue. Mettons les jeunes à chemises brunes à la tête du pays la belle idée, et surtout donnons-leur les pleins pouvoirs : à leur façon les membres d’Ordre Nouveau justifient le système apocalyptique des Gardes rouges de Mao ! Il faut bien, en réalité, justifier leurs propres exactions, Ordre Nouveau étant à l’origine de graves émeutes comme celles de 1973, où ils s’opposent à la barre de fer toujours, en combats de rue de Paris et de province, à la Ligue communiste révolutionnaire (les méchants ancêtres de l’angélique Besancenot !). Et gagnent par la même leur deuxième dissolution, par décret du conseil des ministres du 28 juin 1973, signé Georges Pompidou, sur proposition de Raymond Marcellin.
Dans le petit monde de l’extrême droite de l’époque, une personne détonne. C’est une femme, blonde platine, chose plutôt rare chez les manieurs de barres de fer. Elle a le même âge que Nicolas Sarkozy mais a surtout été la présidente du groupe GUD-Assas, à savoir le plus violent mouvement des années 70 à 80. Passée entre-temps par le PFN ou on trouve François Brigneau, milicien et grand admirateur de Brasillach, et antisémite notoire (il a perdu un procès en diffamation contre Anne Sinclair). Elle a échangé le casque contre une caméra et la matraque contre un appareil photo. Elle dirige aujourd’hui Image7, créé en 1988, une agence dont l’intitulé est "Le premier cabinet français indépendant de conseil en communication". Pas indépendant du pouvoir, en tout cas. Dans son équipe, on trouve Constance Giscard d’Estaing. Logique, le PFN avait fourni le service d’ordre de Giscard en 1974. Mais aussi l’ancienne chargée de communication de Madelin, et... depuis peu, la directrice adjointe du groupe Canal Plus. On y trouve aussi la femme de Michel Boyon, nommé nouveau président du CSA. Chargé de l’indépendance de la télévision, ce qu’on a un peu de mal à croire à partir de là. Image 7, récemment, se chargeait de la communication de Jack Kachkar, cet homme d’affaires canadien qui a failli racheter l’OM et dont ignore depuis ce qu’il est advenu depuis. Anne Meaux, c’est aussi un surnom, la "papesse incontournable de la com des patrons du CAC 40". Exemple : François Pinault,-, qu’on ne présente pas. Un autre client, dans un registre différent : Ben Ali, le "président" Tunisien, plus proche de la dictature qu’autre chose. Inversement, La chef du service de presse de Raffarin venait d’Image 7, car Meaux était supportrice de J-P Raffarin, et non de N.Sarkozy. Une dame puissante en France, donc. Un dernier exemple : quand Yvon Jacob, ex député RPR et président de la puissante fédération des industries mécanique se cherche un président du MEDEF, Anne Meaux lui annonce : "Ecoutes, tu te présentes, c’est bien , lui explique la patronne d’Image 7, mais je soutiendrai Laurence Parisot. C’est une femme, elle renouvellera le style, je suis d’accord avec ce qu’elle veut". Qui fut élu à votre avis ? Et ce, contre également le couple Francis Mer/Guillaume Sarkozy, frère de l’autre, patron textile. Maintenant, il se peut donc bien que les sondages présentés par la patronne du MEDEF, dirigeante d’Ipsos, soient donc un peu trop à l’honneur de Sarkozy. C’est une hypothèse à suivre, tant le monde de l’extrême droite est familier des coups bas ! Au total, la réputation d’ Anne Meaux est simple à cerner : "Il arrive souvent à la patronne d’Image 7 d’appeler un directeur de rédaction pour décrédibiliser un journaliste qui s’apprête à sortir des informations désagréables sur ses clients" cite-t-on dans Libération (24 sept 2004). Ne cherchez pas plus loin où Nicolas Sarkozy a appris la même technique, dont il est devenu familier. A l’extrême droite, on a toujours les mêmes habitudes, même si on est pas exactement sur la même longueur d’onde.
Bis repetitae
Il est en effet désolant de constater que ceux qui ont manié la barre de fer à outrance sont aussi les premiers à se draper dans les habits de l’ honneur effarouché pour des faits similaires, quarante années après. Le premier à sauter sur le prétexte de la Gare du Nord, vous l’avez remarqué, c’est bel et bien Patrick Dedvedjian, ex membre du GUD, ancien habitué du maniement de la barre de fer, pourvu que ce soit pour amener au pouvoir un gouvernement... fascisant. De là à dire que cette histoire de gare sent le souffre il n’y a qu’un pas. Des jeunes "de banlieue" (mais habitant bien Paris intramuros !) plus curieux que d’autres ont mis en ligne sur Internet des vidéos très compromettantes, qui montrent dans le détail les exactions d’un mini-groupe de casseurs extrêmement organisés, encadrés et entraînés agissant de manière extrêmement suspecte, sous le regard parfois même de la police, comme le montre clairement la une du Figaro du 1er avril dernier. Le GUD n’est pas loin, il ne manque que le casque à la croix cerclée. Occident semble bien à nouveau avoir fait un détour rapide par la Gare du Nord, histoire de se remémorer au bon souvenir de ce qui ont toujours tablé sur la peur pour mettre en place des régimes à poigne. Les jeunes, avec leur téléphone portable, viennent peut être tout simplement de sauver notre démocratie mise ce jour-là en péril par des actes qui ressemblent trop à une nouvelle Journée de Cristal dont les régimes fascistes ont l’habitude. Ce serait le juste retour des choses que leur version des faits soit reconnue, à la place de la version officielle et ses énormes zones d’ombre.
Signes avant-coureurs
Personne ne se serait donc rendu compte de cette proximité de pensée entre les dires de Nicolas Sarkozy et l’extrême droite ? Pourtant, des signes avant coureurs existaient : elles sont aujourd’hui à rappeler. Lorsqu’en janvier dernier le livre de Nicolas Sarkozy, un de plus, sort en Italie, fort peu remarquent sa préface : elle est pourtant signée Gianfranco Fini, le leader de Alliance Nationale, qui n’est autre que ce qui reste... du MSI déjà cité. Il suffit de se rendre au siège du parti pour s’en rendre compte. On n’y cache pas les bustes du Duce. Bien au contraire, c’est la base même de la décoration du lieu. Ce sont bien des néo-fascistes, terme élégant pour dire qu’ils sont les héritiers direct de ce système frère de l’hitlérisme. Pour mémoire, la flamme tricolore chère à Jean-Marie n’est que la copie de celle du MSI. pour mémoire encore, on a déjà oublié que le véritable mentor de Nicolas Sarkozy, Gérard Longuet, qui s’est fait le plus discret possible durant cette campagne avait déjà organisé celle de... Jean-Louis Tixier-Vignancourt en 1965. Pendant que Longuet bastonnait les colleurs d’affiche concurrents... le directeur de campagne de Tixier-Vignancourt peaufinait les discours, en les relisant... d’un seul œil. C’était... Jean-Marie LePen. Tous se connaissent donc, et bien. Résumé du personnage donné par Charles de Gaulle lui-même : "Tixier-Vignancour, c’est Vichy, la Collaboration, fière d’elle-même, la milice, l’OAS ". Là, tout est dit. Les liens sont évidents. De Gaulle, se retrouve représenté via Nicolas Sarkozy, héritier du mouvement, par des gens qui ont tous trempé dans ce qu’il a le plus combattu. Ce n’est pas le moindre des paradoxes. Mais on comprend mieux l’ire de ceux qui se disent les véritables héritiers du gaullisme. Et pourquoi la visite à Colombey de Nicolas Sarkozy est pour eux une énorme supercherie.
En Belgique aussi, Sarkozy est apprécié. Par des anciens de Force nationale, une dissidence nationaliste d’ultradroite du Front national de Daniel Féret. Féret, on le voit en photo à Lille dans les années 80, faire le salut nazi, dans un bistrot, après quelques bières. Au point d’être condamné en 2004 à 10 ans d’inéligibilité et à 250 heures de travaux d’intérêt général dans le secteur de l’intégration des personnes d’origine étrangère pour provocation à la haine raciale. Ceci pour avoir ainsi décrit ses concitoyens de couleur : des ’’infra-belges et d’infra-européens", les néonazis ayant toujours les mêmes habitudes racistes. Mais aujourd’hui encore, ce mouvement n’est qu’un groupuscule. Après des déboires avec le logo (J.-M. LePen leur ayant fait un procès début 2007 pour usage abusif, ce qui devient amusant, connaissant l’origine de celui du FN français !), Féret est en effet tenté de créer un UMP bis en Belgique, de se donner une assise un peu plus respectable. Ce sera l’UMP-Belgique, créé en réalité par une faction dissidente du groupe de Féret, celle de Pierre d’Ans, l’ancien leader liégeois de Force nationale qui apparaît pourtant en premier, au début de cette année. L’affaire embarrasse en réalité l’UMP française véritable, qui envisage une procédure judiciaire à l’encontre de la "fausse" UMP belge... sauf qu’il ne serait pas bon, en ces temps pré-électoraux troublés, de remettre au goût du jour les liens avec l’extrême droite...qui ici, en prime, ne parait pas fort sérieuse. Dans la presse nationale française, pas un mot sur ces remue-ménage chez un proche voisin. A noter qu’il est président à vie de son mouvement, le sieur Féret, voilà qui pourrait donner des idées à plein d’autres pour ne plus avoir à s’embarrasser d’élections.
En Belgique encore, un mouvement le MR (Mouvement Réformateur), du même nom ou presque que celui à l’origine de l’UMP français, donc, se rapproche de l’UMP d’origine en y envoyant par exemple ces jeunes militants au meeting de Nicolas Sarkozy à Lille, qui en reviennent ravis et le disent en long et en large en ligne. Chez ces "libéraux", le discours est pour le moins étonnant : "Le collectivisme fait s’écrouler les pays qu’il domine" un discours digne des années 50, plus personne ne parlant aujourd’hui de "collectivisme". Le vieux fond de panier anti-soviétique primaire fait encore recette chez nos voisins belges. C’était le même propos... à Occident, mouvement d’essence anti communiste avant tout. Plus surprenant encore, cette phrase :"L’écologisme politique, au nom d’a priori doctrinaux, prive l’individu et la société d’avancées économiques et de progrès technologiques utiles à son bien-être", qu’aurait apprécié Nicolas Hulot, pour sûr, de ce côté de la frontière. Chez le MR, on retrouve aussi un vieille idée chère à la droite fascisante, celle de la revendication de l’homme neuf à défaut d’homme providentiel : "Il faut en finir avec les nostalgies et le repli résigné de tous ceux qui n’ont pas encore pris la mesure des modifications profondes de la société. Il faut en finir avec des attitudes partisanes fondées sur des intérêts de classe, avec la tension entretenue d’un groupe social contre un autre, avec la suffisance d’une culture contre une autre". On est ici à deux doigts de la fameuse "pensée unique" de notre candidat français, et de sa proposition personnelle d’endosser les habits de cet homme nouveau, lui qui est pourtant le résultat d’une longue carrière politique au sein de systèmes encore aujourd’hui en place. Encore un peu, et il eût été blond aux yeux bleus.
Patriotisme forcené et atlantisme admiratif
L’allégence remarquée de Nicolas Sarkozy à George Bush, dont on a montré ici les racines familiales d’extrême droite raciste, s’explique tout autant dans cette recherche constante d’amitiés de vues sur le monde. La politique de George Bush peut être considérée aujourd’hui comme totalitaire, ou tout comme, le Homeland Security et le Patriot Act restreignant énormément les libertés fondamentales américaines. Or ce modèle sied à notre candidat, partisan lui aussi de la surveillance individuelle, comme tout bon régime à poigne. D’aucuns démontrent depuis plusieurs années que derrière une façade qui se fissure de démocratie, le régime de Georges Bush a déjà franchi la ligne : nominations d’hommes-liges, évictions de juristes compromettants et surtout incompétence à tous les étages, y compris militaires. Derrière l’idée qui le guide il y a cette notion de New World Order, qui ne semble pas une vue de l’esprit avec la manière dont a été engagée la guerre irakienne. Falsificateur de l’histoire, tous les dictateurs l’ont été en expliquant après coup leurs actions les plus ignominieuses, ou en déguisant les faits. Colin Powell et sa fiole dénuée d’ anthrax à l’ONU restera dans toutes les mémoires comme l’exemple même à ne pas faire, si on souhaite le bonheur des peuples et à minima le sien propre. D’aucuns envisagent même la possibilité de l’horreur complète en affirmant que la destruction des deux tours du WTC eût peut avoir une origine... interne, c’est la théorie de l’Inside Job, qui continue chaque jour à faire son chemin. Elle le fera d’autant plus qu’on en restera à une enquête similaire à celle du rapport Warren sur la mort de Kennedy : à savoir un dossier énonçant des contre vérités flagrantes à chaque page, et une disparition de traces de l’attentat à une vitesse rarement vue à ce stade. On peut y a ajouter l’inquiétante mortalité actuelle chez les sauveteurs et les déblayeurs de la catastrophe. Si c’est le cas, c’est le pire crime de l’Histoire, en dehors des crimes de guerre déjà reconnus comme tels. Néron paraît chaque jour plus petit, au XXIeme siècle. Et il y en a encore pour l’admirer.
De tout cela il ressort que les idées du candidat de l’UMP à la présidentielle ne sont pas anodines, et ont bel et bien un lien direct avec des mouvances d’extrême droite d’horizons divers. A la tête du mouvement se trouvent toujours trois personnes aux origines de la droite la plus violente dans les années 70. Si bien que la question, en cette fin de parcours électoral, est nettement plus claire et finalement plus facile à poser.
Demain, en France, il s’agira tout simplement de choisir entre l’ordre juste ou... un ordre nouveau.
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