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Oser l’universalisme, contre le communautarisme

Oser l’universalisme, contre le communautarisme de Nathalie Heinich ; Éditions Le bord de l’eau ; collection clair et net, 136p, 16€

Nathalie Heinich est sociologue, directeur de recherche au CNRS, auteur d’une quarantaine d’ouvrages.

Ce petit livre expose et développe les raisons qu’on peut avoir de résister à un certain esprit du temps qui disperse et enferme les hommes, au sens de l’humanité, dans des catégories figées. Il est constitué d’articles divers parfois déjà publiés ailleurs. Il est du côté de la rationalité de l’universel, de ce qui constitue notre commune humanité. C’est ce choix qui fonde le mot « universalisme » : une aspiration, qui n’est pas (encore) une réalité, et qu’il faut conserver et développer. À cet universalisme, s’oppose le communautarisme qui met en priorité les groupes auxquels chacun appartient. L’universalisme ne peut céder devant l'argument des communautaristes selon lequel l’égalité n’est pas parfaitement réalisée.

Le mode de pensée des communautaristes est binaire : des dominants et des dominés, des bourreaux et des victimes.

Trois domaines de la vie sociétale sont affectés par ce retournement des valeurs : l’identité, la différence sexuelle, le peu de valeur de la parole de l’autre. Cela donne trois parties au livre. Ces retournements viennent des USA, ce qui est reprochable en soi, les USA ayant toujours fonctionné sur ces distinctions préalables à toutes autres considérations, et à la considération de l’unité de l’homme dans toutes ces « identités ». Quel que soit l’avis qu’on peut porter sur ce phénomène, sa dimension d’intrusion caractérisée est en soi un reproche qui pourrait suffire à l’invalider, à le rejeter. Mais ce n’est pas l’essentiel.

L’identitarisme découpe la société en communautés. L’appartenance à une identité collective n’est pas le fait d’une décision, ce qui la placerait dans l’ordre de la volonté, elle est donnée comme « un fait », une essence. Or, tout groupe, par construction, exclut ceux qui ne sont pas du groupe. L’appartenance en peut exister sans son contraire : la non-appartenance. C’est là que l’unité de l’universel se brise. L’appartenance comme son contraire peuvent être douces et tranquilles. Ce n’est guère le cas dans cette optique : les groupes communautaires entrent en concurrence forte les uns avec les autres. A été inventée ainsi l’intersectionnalité : « dès lors que les individus sont appréhendés comme appartenant à un collectif assigné, il faut trouver des solutions pour rendre compte de l’évidente pluralité des identités… créer une nouvelle identité » (p90)

Le néo-féminisme est un autre domaine du communautarisme. Du point de vue de l’universalisme, la différence sexuelle ne doit être mise en avant que lorsqu’elle joue un rôle dans ce que l’on a à dire, le reste du temps, l’humanité des femmes et des hommes ne nécessite pas de spécification et n’a pas à être mentionnée. L’écriture dite-inclusive ne cesse de vouloir rappeler l’existence des femmes et des hommes, ce que l’on sait bien. Il y a une double injonction (impossible) à, d’une part ne pas considérer les sexes (par souci d’égalité) et, d’autre part de les spécifier sans cesse dans la détermination dominant-dominé. Comme il va de même de la race, on trouve un « féminisme décolonial », les femmes noires subiraient plus de discrimination, selon leur appartenance à deux catégories victimisées. Le bourreau désigné identitairement est le « mâle blanc », convergence de toutes ces catégories de plaignants.

Car, dernier point, tout ce système se fait sur un mode accusatoire, ou l’élimination du discours de l’autre et même de sa personne est érigée en méthode et en idéal (cela s’appelle woke ou cancel culture). Des conférences sont interdites, des statues déboulonnées, des livres brûlés… dans une culture de la censure, où certains se sentent tellement assurés d’être du côté du bien qu’ils se sentent en droit de faire du mal aux autres, à leur parole, à leurs créations… Cette idéologie gagne l’université, les syndicats…

Le meilleur remède aux inégalités du monde est encore la considération de ce qui unifie les hommes, ce qui rassemble, ce qui les rend semblables les uns aux autres, dans un combat permanent pour réaliser l’égalité qui découle de cette unité humaine : chaque humain est membre de la collectivité nationale, ses appartenances à des « communautés » ne lui conférant aucun droit distinct de celui des autres, ne conférant aucune légitimité spéciales à ses opinions.


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6 réactions à cet article    


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 30 octobre 2021 17:54

    Tant d’idéalisme est consternant. On n’oblige pas un âne à boire s’il n’a pas soif. Dans une société d’Egos je ne vois pas comment les forcer à s’ouvrir aux autres. Et en plus quand une personne pavées de bonnes intention tente de s’ouvrir, aujourd’hui on s’adresse à des portes fermée : hérissons ou cactus. Ceal s’appelle : chat échaudé craint même l’eau froide. Les cactus : https://www.youtube.com/watch?v=E05SSymMvdY


    • Jonas Jonas 30 octobre 2021 18:26
      « L’universalisme ne peut céder devant l’argument des communautaristes selon lequel l’égalité n’est pas parfaitement réalisée. »

      L’égalité entre humains n’existent pas, puisque nous sommes tous différents sur Terre, ayant hérité d’une culture, chaque être humain développant ses propres talents en fonction de ses moyens, caractères et spécificités. L’universalisme qui prétend stupidement que « les hommes naissent libres et égaux en droits » n’a évidemment aucun fondement du point de vue humain.
      L’homme naît enraciné au sein d’une société, d’une terre, d’un peuple, de traditions, un héritage qu’il se doit de faire fructifier et partager. C’est sa communauté propre.
      « Cet homme de la terre et des cités, cet homme qui est l’homme depuis qu’il y a des peuples et des cités, c’est lui précisément que Nuremberg condamne et répudie. Car la loi nouvelle lui dit : »Tu seras citoyen du monde, tu vas être toi aussi empaqueté et déshydraté, tu n’écouteras plus le bruissement de tes arbres et la voix de tes cloches, mais tu apprendras à entendre la voix de la conscience universelle, secoue la terre de tes souliers, paysan, cette terre n’est plus rien, elle salit, elle embarasse, elle empêche de faire de jolis emballages. Les temps modernes sont venus. Écoute la voix des temps modernes.
      Le manoeuvre polonais qui change d’embauche douze fois par an est le même homme que toi. Le fripier juif qui vient d’arriver de Korotcha ou de Jitomir est le même homme que toi, ils ont les mêmes droits que toi sur ta terre et sur ta ville, respecte le nègre, Ô paysan. Ils ont les mêmes droits que toi et tu leur feras place à ta table, et ils entreront au conseil où ils t’apprendront ce que dit la conscience universelle que tu n’entends pas encore aussi bien qu’il faudrait. Et leurs fils seront des messieurs et ils seront établis juges sur tes fils, ils gouverneront ta ville et ils achèteront ton champ, car la conscience universelle leur donne expressément tous ces droits.
      Quant à toi, paysan, si tu fais des conciliabules avec tes camarades et si tu regrettes le temps où l’on ne voyait que des garçons du canton à la fête de la ville, sache que tu parles contre la conscience universelle et que la loi ne te protège pas contre cela."
      Maurice Bardèche - Nuremberg ou la Terre Promise (1948)

      L’universalisme et une gnose, le serpent de le géhenne prend le masque du Grand Architecte qui doit conduire l’ensemble de l’humanité à la perfection universelle commune, le nomade universel.

      Paradoxalement c’est au nom de l’universalisme (égalité des races, égalité des sexes, etc...) que sont nées toutes sorte d’idéologies destructrices des identités des peuples, allant jusqu’à endoctriner et lobotomiser la jeunesse française en faisant la promotion du wokisme américain : haine de la race blanche, promotion des minorités africaines, musulmanes et LGBT sur notre propre sol, au nom d’un soi-disant multiculturalisme universel.

      • ZenZoe ZenZoe 30 octobre 2021 21:07

        L’homme n’est pas universaliste, il est né tribal, c’est dans son ADN. Il ne s’épanouit que dans une communauté qui a sa propre façon d’envisager la place de l’homme dans l’univers et donc des modes de fonctionnement différents.

        Ce que nous appelons à tort communautarisme est en réalité le séparatisme, qui découle d’une volonté de s’approprier un territoire déjà occupé et d’en expulser ou soumettre les occupants.

        Et un sociologue oeuvrant au CNRS est un idéologue neo-colonialiste qui pense que les conceptions occidentales sont supérieures à toutes les autres et doivent s’appliquer sans nuances à toute la planète.


        • Fares egho Fares egho 30 octobre 2021 22:22

          Définir l’universalisme par son contraire, le communautarisme ne suffit pas à le connaître. il faut donner quelques exemples historique. est ce que l’état-nation est contradictoire avec l’universalisme ? ou l’union Européenne c’est un modèle de l’universalisme ? toutes ces questions sot très importantes pour sortir de l’abstraction. La dernière question, quelle la différence entre l’universalisme et l’universalité ? 

          Bien à vous. 


          • genrehumain 31 octobre 2021 09:32

            « Ne soyons plus anglais, français ou allemands.

            Soyons européens.

            Ne soyons plus des Européens, soyons des hommes.

            Soyons l’humanité.

            Il nous reste à abdiquer un dernier égoïsme : la patrie. »

            Victor Hugo


            • Orélien Péréol Orélien Péréol 11 novembre 2021 18:41

              J’avais écrit un article dont la mémoire m’est revenue : « Les races non ; la diversité, oui » Comment voir de la diversité s’il n’y a pas de races ?

              Les races, les différences existent à la plainte et à la fierté et n’existent pas dans les autres cas. L’universalité, on n’en parle même pas :

              https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/les-races-non-la-diversite-oui-216418

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