Parisot, blanche colombe ou ange noir du patronat ?
Fille de patron, petite-fille de patron, patronne elle-même et, depuis trois ans, patronne des patrons. Chez les Parisot, l’entrepreneuriat est héréditaire. Mais, pour ce petit bout de femme - 1,55 m -, réussir à se hisser à la tête du patronat français, en chipant, en 2005, la présidence du Medef à la puissante et très masculine UIMM, aura nécessité plus qu’un atavisme managérial. Fin stratège, elle réussira à écarter tous les autres candidats, par une méticuleuse campagne de terrain auprès des Medef territoriaux et un travail de lobbying acharné dans les salons parisiens. Trois ans plus tard, profitant du scandale de la caisse noire, elle achève Denis Gautier Sauvagnac, leader de l’UIMM, en direct sur TF1, donnant ainsi le coup de grâce à la suprématie de la métallurgie sur le patronat français.
Femme, mais aussi provinciale, issue du secteur des Services, Laurence Parisot est l’antithèse du classique dirigeant du Medef. Chevalier blanc pour les uns, calculatrice et opportuniste pour les autres, la patronne des patrons reste une énigme que la journaliste Fanny Guinochet a tenté de percer dans la première biographie qui lui est consacrée. Tour à tour libérale mais engagée dans la lutte pour l’égalité des sexes et l’intégration des minorités, à la fois pour la méthode participative, mais pratiquant un exercice très personnel du pouvoir, « Laurence Parisot n’est jamais à une contradiction près », relève l’auteur. Celle « qui travaille retranchée avec un petit commando au septième de la rue Bosquet », qui reçoit parfois les syndicats dans un appartement à l’adresse tenue secrète, est décrite comme cassante et autoritaire, préférant « exclure dès qu’elle se sent en danger ».
Passionnée de sport automobile, de kite-surf et de littérature, et toujours patronne de l’Ifop, elle est aussi une dirigeante iconoclaste. Organisatrice de conventions du Medef plutôt surprenantes, elle arborait à la dernière session « un tee-shirt interactif où parade un petit personnage en 3D, sorte de Pikachu rose qui, tel un coucou, parle avec elle ». Un exercice de ventriloque étonnant pour cette brillante communicante, qui ne laisse pas de surprendre, voire de déranger, nombre de patrons traditionnels. Une chose peut-être les rassure, son discours économique, d’un classicisme patronal confondant. Car, derrière l’image innocente de ces figurines d’adolescents, c’est un Pikachu ultra-libéral, parfois caricatural, qui anime celle qui se définit elle-même comme une « super Premier ministre ». Le prochain poste que l’auteur, Fanny Guinochet, lui prête l’intention de vouloir conquérir.
Luc Peillon
Laurence Parisot, une femme en guerre, de Fanny Guinochet, Editions l’Archipel, 260 pages, 17,95 euros.
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