Le Parquet national financier (PNF) a annoncé cet après-midi avoir ouvert une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics et abus de biens sociaux à la suite des révélations du Canard enchaîné sur des emplois potentiellement fictifs occupés par l'épouse de François Fillon.
"A la suite de la publication le 25 janvier 2017 d'un article du Canard enchaîné mettant en cause Madame Penelope Fillon, le Parquet national financier a en effet ouvert ce jour une enquête préliminaire des chefs de détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits", écrit le PNF dans un communiqué.
L'enquête "a été confiée à l'Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales (OCLCIFF)", ajoute-t-il.
I- Les faits
Selon le Canard enchaîné, Mme Pénélope Fillon a été rémunérée huit ans comme attachée parlementaire par son époux et son suppléant à l'Assemblée nationale (une rémunération de 500000 euros, semble-t-il), et, pendant 20 mois, par La Revue des deux mondes.
Dans son édition de mercredi, l'hebdomadaire satirique dit cependant n'avoir guère trouvé trace de ses activités.
L'Assemblée Nationale ne semble en effet pas avoir conservé un souvenir très précis de cette collaboratrice, pas plus que le directeur de la Revue des Deux Mondes, M. Michel Crépu, qui déclare n'avoir reçu que quelques notes de lecture d'ailleurs publiées.
II- Réactions
Ce matin, le candidat Les Républicains à l'élection présidentielle a justifié ces emplois devant les journalistes, se disant "scandalisé par le mépris et la misogynie" du Canard Enchaîné.
La justification n'a pas dû être convaincante pour que le Parquet national financier décide d'ouvrir une enquête préliminaire.
"Alors parce que c'est mon épouse, elle n'aurait pas le droit de travailler ?", a demandé M. Fillon.
La question n'est pas là, Cher Monsieur. Il n'est pas interdit de travailler. En revanche, il est interdit de recevoir une rémunération pour un travail fictif, a fortiori quand il s'agit de fonds publics. Cela s'appelle un détournement, ce que ne sauraient sérieusement ignorer M. et Mme Fillon qui sont tous les deux juristes.
"Imaginez un instant qu'un homme politique dise d'une femme, comme le fait cet article, qu'elle ne sait faire que des confitures, toutes les féministes hurleraient", a-t-il déclaré, ajoutant que "la séquence des boules puantes est ouvertes".
L'excuse est un peu courte.
III-Problème
Là encore le propos est hors sujet et il y a méprise, Cher Monsieur. La seule chose qui soit désormais ouverte à ce jour n'est qu'une simple enquête préliminaire, laquelle, n'en doutons pas, saura faire la lumière sur cette malencontrueuse affaire qui, pour l'heure, présente toutes les caractéristiques d'un emploi fictif.
Nul doute que la France toute entière, attentive, et à tout le moins votre électorat prêt à vous donner le Bon Dieu sans confession, se réjouiront du résultat d'une enquête que l'on espère sérieuse et qui saura, si tel est le cas, comme dans l'Odyssée, innocenter la malheureuse Pénélope de l'affreux soupçon qui pèse sur elle comme sur son mari.
IV-Enjeu
Dans le cas contraire, hélas ! il faudra songer à se retirer d'une course électorale qui ne saurait tolérer l'accès à la magistrature suprême d'un candidat impliqué dans une infraction financière qualifiée pour le moment de détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits.
A propos, devinez qui est l'auteur de ces phrases immortelles adressées voici quelques mois à un autre candidat par celui qui fut durant cinq ans sont Premier ministre ?
« Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen ? […] Il ne sert à rien de parler d’autorité quand on n’est pas soi-même irréprochable. […] Avoir une haute idée de la politique signifie que ceux qui briguent la confiance des Français doivent en être dignes. Ceux qui ne respectent pas les lois de la République ne devraient pas pouvoir se présenter devant les électeurs. »
C'est noté.
Source :
http://www.20minutes.fr/politique/1914327-20160828-fillon-sarkozy-imagine-general-gaulle-mis-examen