Pierre Juquin, futur candidat écologiste en 2022 ?
« Son visage rond, à 38 ans, évoque pour moi, comme pour d’autres, avec sa mèche bouclée sur le front, son nez court, presque retroussé, celui du Tintin d’Hergé. » (Michèle Cotta, 26 avril 1968).
Ce lundi 22 février 2021, l’ancien député communiste Pierre Juquin fête ses 91 ans. Connu comme parmi les jeunes dirigeants du PCF plein d’avenir de 1967 à 1985, il en fut exclu après avoir souhaité le rénover de l’intérieur et le grand public a pu le connaître à l’occasion de la campagne de l’élection présidentielle de 1988 à laquelle il s’est présenté.
À l’instar de Roland Leroy, Pierre Juquin était alors considéré l’un des intellos du parti communiste français. J’ai toujours été un opposant aux communistes, même si maintenant, je ne les considère plus très dangereux (d’autres forces politiques me paraissent beaucoup plus dangereuses maintenant), mais j’ai toujours eu un petit air de sympathie à l’égard de Pierre Juquin. Sa personnalité plutôt sympathique ? Son idéalisme fou qui voulait réformer le PCF de l’intérieur ? Quel doux rêveur ! Je ne sais pas pourquoi j’ai cette part de sympathie, je pense qu’il y a une prime de sympathie aux conquérants de l’inutile, aux combattants des causes virtuelles, aux anachronismes désuets.
Depuis 1991, Pierre Juquin est membre du parti écologiste, appelé désormais EELV (Europe Écologie Les Verts). Je trouve qu’il serait le candidat idéal à l’élection présidentielle de 2022 pour rassembler une gauche vaguement socialiste et vaguement écologiste. Après tout, l’âge n’est pas un problème tant qu’il y a toute la tête, et l’expérience d’une candidature n’est pas négligeable non plus : imagine-t-on Éric Piolle ? Olivier Faure ? Fabien Roussel ? Jean-Luc Mélenchon ? (ah flûte, si ce dernier).
Bon, boutade évidemment que cette idée saugrenue. Intello, ce fils de cheminot l’était nécessairement, Pierre Juquin, normalien (parmi ses camarades, l’historien Emmanuel Le Roy Ladurie) et agrégé d’allemand, professeur à Saint-Germain-en-Laye puis à Sceaux, avant de s’engager très sérieusement dans la vie politique à l’âge de 23 ans. Il a rencontré Georges Marchais dès 1959 et il est entré au comité central du PCF dès mai 1964 (comme suppléant). Il était chargé des relations avec les étudiants et justement, les étudiants communistes étaient en "fronde" contre la ligne du parti (Pierre Juquin, lui, défendait la ligne du parti, évidemment). Pierre Juquin a participé aussi au noyautage du SNES, l’un des grands syndicats d’enseignants, par le PCF.
En mars 1967, Pierre Juquin, qui n’avait alors que 36 ans, s’est fait élire député de l’Essonne, dans la circonscription de Dourdan-Brétigny-sur-Orge. Il l’est resté jusqu’en juin 1981, sauf entre juin 1968 et mars 1973 (battu par un candidat UDR), et il fut battu en juin 1981 par un candidat PS (le maire de Massy de l’époque).
Considéré comme la jeune garde de Waldeck Rochet (le successeur de Maurice Thorez et prédécesseur de Georges Marchais à la tête du PCF), Pierre Juquin a eu une action importante au début de la crise de mai 1968, en tant que responsable de l’enseignement au sein du PCF. En effet, voulant nouer des relations avec les étudiants "rebelles", il a voulu tenir une conférence le 26 avril 1968 à Nanterre. Il fut accueilli par Daniel Cohn-Bendit mais rapidement exfiltré par lui après la véhémence des étudiants qui considéraient le PCF comme un défenseur de l’ordre établi. Le Premier Ministre Georges Pompidou était assez satisfait de cette réaction, car cela rangeait les communistes dans les rangs du pouvoir contre les étudiants révoltés qui, d’ailleurs, eux-mêmes, ne savaient pas ce qu’ils voulaient sinon protester (un peu comme les gilets jaunes).
Dans ses "Cahiers secrets", Michèle Cotta a noté le 26 avril 1968 : « Les communistes, comme les catholiques, ne supportent pas d’être exclus du milieu étudiant, où ils ont été les plus forts pendant des années. Depuis le début de l’année, le PC redoute les dérives gauchistes des jeunes. Aujourd’hui, Pierre Juquin a voulu se rendre sur le campus de Nanterre pour une réunion extraordinaire avec les animateurs du mouvement du 22-Mars, et notamment avec Daniel Cohn-Bendit, inconnu il y a quelques semaines à peine. Celui-ci veut bien d’une discussion, mais pas les groupes qui ont occupé la salle pour empêcher le débat. Debout, le micro à la main, Juquin est bientôt cerné par une meute qui menace de lui casser la figure. Il quitte l’amphi par la porte de derrière. (…) J’ai du mal à imaginer que des étudiants dits de gauche ou d’extrême gauche en soient parvenus à ce degré de violence vis-à-vis des communistes ! ».
Le Ministre de l’Éducation nationale de l’époque, Alain Peyrefitte, a donné une version légèrement différente de cette journée du 26 avril 1968 dans son monumental "C’était De Gaulle" : « Dans l’après-midi, à Nanterre, Cohn-Bendit empêche la tenue d’une conférence du député communiste Juquin, dans un amphithéâtre où 150 étudiants se sont réunis, mais où les communistes orthodoxes sont minoritaires. Cohn-Bendit a accueilli Juquin qui lui a serré la main : "Quel événement, un communiste qui serre la main d’un homme de gauche". Juquin a répondu : "Je ne serre pas la main d’un homme de gauche, mais d’un étudiant". Il n’a pas pu parler et a dû quitter les lieux, blanc de rage, en disant aux journalistes : "Je reviendrai, je vous l’assure". ».
Puis, Alain Peyrefitte a transcrit son dialogue téléphonique, quelques jours plus tard, le 1er mai 1968, avec Georges Pompidou qui lui a dit : « Ne reculez pas ! J’ai des informations très précises, vous voyez ce que je veux dire, sur l’attitude des communistes à leur égard. Ils ne pardonnent pas à Cohn-Bendit d’avoir empêché Juquin de parler et de l’avoir chassé de l’amphithéâtre de Nanterre (…). Les "enragés" ont commis là deux fautes majeures. Le PC est décidé à les matraquer. (…) Alors, c’est le moment d’être ferme. Quand les communistes sont avec nous, nous n’avons rien à craindre. ». Toutefois, on connaît la suite de l’histoire…
Bien plus tard, notamment dans une interview à "La Montagne" le 1er juin 2018, Pierre Juquin a regretté l’incompréhension qu’a eue le PCF sur le mouvement de mai 1968 : « Chaque matin, j’avais un entretien en tête-à-tête avec le secrétaire général du PCF, Waldeck Rochet. Nous ne parlions pas de Paris en premier mais du Printemps de Prague. Quelque chose bougeait. On se révoltait contre les caciques, les appareils, la domination… (…) En France, il y avait un certain bouillonnement depuis déjà deux ou trois ans, une grande lassitude de la politique gaulliste. (…) Nous ne pouvions plus nous contenter d’être l’opposition permanente. Il fallait ouvrir la voie pour avoir une action positive, y compris en entrant au gouvernement. (…) Trois semaines avant le début des événements, on avait eu une réunion avec Georges Séguy. On s’est dit qu’il se passait quelque chose et qu’il fallait qu’on y aille. Mais le mouvement était piloté par une série de petits groupes politiques qui nous étaient hostiles. Le PC était confondu avec le stalinisme par les étudiants. (…) Nous n’avons pas suffisamment senti ce qu’il y avait de porteur, de choses nouvelles dans ce mouvement. C’est un très grand ratage historique dans lequel les responsabilités sont partagées. On ne s’est pas compris, ni eux, ni nous. » (propos recueillis par Pauline Mareix).
Revenant sur la journée du 26 avril 1968 : « Daniel Cohn-Bendit était d’accord, il voulait ce débat. Il y avait deux tendances : ceux qui suivaient Cohn-Bendit et les maoïstes très violents et opposés au débat. On est tous les deux montés à la tribune, on s’est serré la main sous les hurlements des "mao". J’ai dû partir. Le lendemain, toute la presse en parlait. Georges Marchais est rentré dans une colère terrible : "Ils veulent nous chasser. Nous devons riposter", disait-il. ».
Au fil des années, Pierre Juquin est "monté" progressivement dans la direction du PCF, membre titulaire du comité central en janvier 1967, membre suppléant du bureau politique en mai 1979, puis membre titulaire en février 1982, aux côtés notamment de Maxime Gremetz, Guy Hermier, Philippe Herzog, Henri Krasucki, André Lajoinie, Paul Laurent, Francette Lazard, Gisèle Moreau, Gaston Plissonnier, Jean-Claude Gayssot, Louis Viannet, Claude Poperen, etc., à une période charnière où le PCF avait quatre ministres au sein du gouvernement (entre juin 1981 et juillet 1984).
Après l’échec de François Mitterrand à l’élection présidentielle de 1974, Pierre Juquin voulait rester ferme vis-à-vis du PS dans l’union de la gauche. Pour lui, sans un PCF fort, les socialistes se rapprocheraient immanquablement des centristes : « Le PS serait tenté d’aller de concession en concession vers le centre si le parti communiste n’était pas puissant. ».
Michèle Cotta a alors interrogé Pierre Juquin le 29 octobre 1974 sur ses relations avec les socialistes : « Il leur pose trois questions qui montrent à quel point il a choisi aujourd’hui de douter d’eux après avoir été pourtant favorable à la candidature unique de la gauche. ». Et d’évoquer la langue de bois de Pierre Juquin : « Du grand classique dans le registre de l’amalgame, auquel s’ajoute un gros soupçon de mauvaise foi et une forte dose de suspicion envers les socialistes bourgeois. (…) Pour la première fois, Juquin me cite des propos attribués à François Mitterrand au congrès de l’Internationale socialiste, à Vienne, il y a quelques mois. Il y aurait dit (c’est vrai, mais Juquin s’en tient au conditionnel) : le parti socialiste ramènera les communistes en France à 15%. ». Ce qui fut fait dès 1981.
Et Pierre Juquin a dit à Michèle Cotta ce jour-là : « Nous voulons l’union et nous y croyons vraiment, nous voulons aller au gouvernement avec la gauche. Pendant quarante ans, les gens ont dit : les communistes plumeront la volaille socialiste. Aujourd’hui, il ne faudrait pas que ce soit le contraire ! ».
Pendant le septennat de Valéry Giscard d’Estaing, le député Pierre Juquin fut de beaucoup de batailles parlementaires, en particulier, le 14 juin 1977, lorsque le Premier Ministre Raymond Barre a engagé la responsabilité de son gouvernement sur le projet de l’élection du Parlement Européen au suffrage universel direct. Les communistes se sont retrouvés aux côtés de certains gaullistes (dont Michel Debré) pour s’opposer à ce qu’ils considéraient comme une brèche au supranationalisme. Au début du débat, il y a eu une joute entre le Président de l’Assemblée Nationale Edgar Faure et Pierre Juquin qui soutenait que les parlementaires pouvaient amender un projet de ratification d’un traité international, afin de modifier l’accord européen proposé.
Entre 1981 et 1985, Pierre Juquin fut porte-parole et chargé de l’information et de l’audiovisuel au sein du PCF. Il a montré sa capacité à faire subir des pressions particulièrement insoutenables au sein des institutions de la République.
Dans ses "Cahiers", Michèle Cotta a donné deux exemples qui montrent le climat de l’époque. Présidente de Radio France nommée en 1981, Michèle Cotta a dû faire face aux pressions de Pierre Juquin qui voulait imposer sur France Inter le journaliste communiste François Helvaing. Elle a refusé en nommant un autre communiste, Michel Cardoze. Finalement, le 12 octobre 1981, Michèle Cotta a rencontré Pierre Juquin « pour enterrer la hache de guerre Cardoze ».
Un an plus tard, Michèle Cotta a dû quitter Radio France car elle a été nommée présidente de la Haute Autorité de l’audiovisuel. En principe, c’était cette nouvelle instance de régulation (ancêtre du CSA actuel) qui était chargée de nommer, en toute indépendance, les présidents des sociétés de l’audiovisuel public. La réalité était tout autre : elle était sans arrêt soumise à des pressions politiques du pouvoir.
Là encore, Michèle Cotta s’est retrouvée soumise aux pressions de Pierre Juquin qui voulait imposer les nouveaux présidents de Radio France et de TF1 le 16 septembre 1982 : « Le plus grave est (…) le conflit qui m’oppose d’emblée aux communistes. Pierre Juquin, toujours lui, exige la nomination de Michel Cardoze à Radio France, et du réalisateur communiste Mauric Failevic à la présidence de TF1. Au téléphone, il me menace de tous les maux : il parle de rompre la solidarité gouvernementale, quelques mois, naturellement, avant les municipales [en mars 1983], ou d’organiser un vrai désordre dans toutes les sociétés de l’audiovisuel. Pour un baptême du feu, c’est un baptême du feu ! Les propos de Juquin sont graves, d’abord parce qu’ils dépassent la seule Haute Autorité en mettant en cause la cohésion gouvernementale. Et puis, aussi et surtout, parce qu’ils semblent entendre que la Haute Autorité n’est que l’émanation du pouvoir socialiste dans l’audiovisuel au moment où elle est là justement pour prouver le contraire. ».
François Mitterrand pouvait alors soutenir à bon compte l’indépendance de l’instance : « Il ne me donne pas de consigne : moins d’un mois après sa création, la Haute Autorité fait la démonstration que la "rupture du cordon ombilical" entre l’État et l’audiovisuel est une bonne chose. Je sors du conflit avec Pierre Juquin en l’envoyant aux pelotes, ce que le gouvernement n’aurait pas pu faire. Et cela se termine en eau de boudin. ».
Dès le comité central du PCF du 27 juin 1984, Pierre Juquin a demandé la modernisation du parti communiste. Mais c’était à contre-emploi. Après le désastre électoral de la gauche aux élections européennes de juin 1984 et les manifestations monstres en faveur de l’enseignement libre et contre le projet Savary, le gouvernement de Pierre Mauroy, déstabilisé, allait bientôt démissionner. La question qui se posait chez les communistes, c’était plutôt : leur fallait-il reconduire une alliance socialo-communiste de plus en plus difficile à tenir au sein du gouvernement ? La réponse fut non lors la nomination de Laurent Fabius à Matignon quelques jours plus tard, l’occasion rêvée, le prétexte rêvé des communistes pour quitter le navire.
Pour Pierre Juquin, le 25e congrès du PCF qui s’est tenu à Saint-Ouen du 6 au 10 février 1985 a été sans doute aussi important que son échec aux élections législatives de juin 1981. Ce congrès fut une reprise en main des "orthodoxes" sous la conduite de Georges Marchais, qui a cherché à exclure tous ceux qui voulaient rénover ce parti vieillissant.
Pierre Juquin fut ainsi exclu du bureau politique en 1985, mais resta membre du comité central et a pu s’occuper du désarmement et de la paix dans le monde, une activité qui ne mettait pas beaucoup en danger la direction politique. Cependant, peu écouté au sein du PCF, Pierre Juquin s’est lancé dans une bataille perdue d’avance, celle de vouloir créer un nouveau parti de gauche entre le PS et le PCF, ce qui a abouti à son exclusion du PCF en octobre 1987 lorsqu’il a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle où il a reçu le soutien de la LCR (qui est devenue plus tard le NPA), le PSU et d’une minorité de SOS-Racisme.
Dans sa première intervention de campagne à la télévision, le 11 avril 1988, Pierre Juquin a proposé le droit de vote pour les immigrés (proposition stupide qui a amplifié le vote contestataire en faveur de Jean-Marie Le Pen), la mise à plat des questions de défense nationale et la remise en cause du pouvoir économique (ces deux dernières propositions brillaient par leur flou artistique), et il ajoutait, pour justifier de voter pour lui : « Plus j’aurai de voix au premier tour, plus nous serons forts à gauche afin de faire bouger toute la société française ! », ce qui relevait plutôt de la méthode Coué.
Le 24 avril 1988, Pierre Juquin a recueilli seulement 639 084 électeurs, soit 2,1%, sous l’étiquette de "communiste rénovateur", faisant concurrence au candidat officiel du PCF André Lajoinie (6,8%) et dépassant d’une trentaine de milliers de voix Arlette Laguiller (2,0%). Après son échec, il a continué à militer pour un mouvement communiste rénovateur et écologiste (il a contribué à la création d’un mouvement écologiste, autogestionnaire et socialiste, l’AREV, Alternative rouge et verte), avant de rejoindre Les Verts en 1991 qui se sont transformés en EELV en 2010. En 2006, il apporta cependant son soutien à la candidature de Laurent Fabius lors de la primaire socialiste, mais refusa de soutenir Ségolène Royal finalement choisie.
Pierre Juquin est-il resté un incorrigible utopiste ? Probablement si l’on en juge par ses propos tenus à Jérôme Pilleyre pour "La Montagne" le 1er novembre 2015 : « De fait, avant de s’effondrer sous le poids de ses erreurs, le communisme a sauvé… le capitalisme. (…) À preuve, depuis 1990, la mondialisation, en l’absence de contre-modèle social, tire tout le monde vers le bas ! (…) L’idéal communiste précède et excède le communisme historique. Je pense que la Russie soviétique a sombré parce qu’elle n’était ni assez ni vraiment communiste. Lénine ne pouvait pas ne pas prendre le pouvoir, mais c’était trop tôt. Et c’est à marche forcée que Staline a essayé de combler ce retard en dépit des vicissitudes du siècle. Et, cependant, l’URSS a résisté 70 ans quand, en 1871, la Commune de Paris a tenu 70 jours… ».
Et il a proposé : « Quatre parties, quatre "R" pour résister, c’est-à-dire empêcher que la roue de l’histoire tourne à rebours des conquêtes sociales ; réfléchir sur les causes des erreurs et des crimes du communisme historique ; reconstruire l’utopie ; rassembler, enfin, les expériences, les philosophies, les visions du monde, des marxistes aux croyants, chrétiens ou musulmans progressistes. ».
Commentaire personnel : cette idée que l’URSS n’était pas vraiment communiste est une tarte à la crème. Le fait est que dans tous les pays où des forces communistes ont voulu prendre le pouvoir et ont voulu appliquer le communisme, chaque fois, ce fut un désastre humain. Pourquoi ne pas simplement reconnaître que le communisme est un totalitarisme dépassé et qu’il faut désormais passer à autre chose ? C’était pourtant ce qu’a fait Pierre Juquin en rejoignant le mouvement écologiste il y a une trentaine d’années : « Seule l’écologie paraît porteuse d’avenir. Or celle-ci est objectivement anticapitaliste car elle remet en cause la propriété de l’homme sur la nature et pointe les limites des économies productivistes. ». Toujours cette vision du monde particulièrement anachronique à coup de productivisme, capitalisme, etc.
Un peu plus tard, Pierre Juquin a beaucoup travaillé sur un auteur (communiste) qui a contribué à son éveil intellectuel, le grand poète Louis Aragon, qu’il a bien connu (ils étaient amis depuis 1957). Le 29 novembre 2012 sur France Info, il expliquait : « Aragon a joué un rôle positif depuis mon adolescence. ». Dans une interview pour "Le Nouvel Obs", le 28 novembre 2012, Pierre Juquin a notamment évoqué Louis Aragon médecin militaire de la Première Guerre mondiale : « Il m’a dit : "La chose la plus horrible ? Tu es assis dans la tranchée, et les boyaux du type qui garde cette tranchée tombent dans ta gamelle". Il a tenu des cœurs dans ses mains de médecin. Il a montré un courage prodigieux qui lui a valu la croix de guerre. Il demande à aller en première ligne. Il court pour ramener des blessés dans les lignes. Il est à la fois le chevalier héroïque et le révolté. Car, ce qui l’horrifiait par-dessous tout, c’étaient les mensonges de la propagande. » (propos recueillis par Fabrice Pliskin).
Beaucoup travaillé au point de sortir une biographie remarquable ("Aragon, un destin français", éd. La Martinière, 2012) et de tenir plusieurs conférences, comme celle-ci, sur "Aragon dans la Résistance", le 13 juin 2018 à l’hôtel de ville de Paris.
La vieillesse utile, c’est comme cela qu’il conçoit sa retraite. Dans un article pour honorer un ami disparu, le 12 septembre 2017, Pierre Juquin a terminé ainsi : « Sa disparition a changé quelque chose dans ma vie. (…) Il faut encore se lever, boire et manger, lire et écrire, agir, parler. Travailler. Travailler surtout. Pour être un peu utile. » (sur le site louisaragon-elsatriolet.org).
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (20 février 2021)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Pierre Juquin.
Le congrès de Tours.
Trotski.
Le Pacte germano-soviétique.
Liliane Marchais.
Georges Marchais.
Fais les valises, on rentre à Paris !
Gaston Plissonnier.
Jean Ferrat.
Roland Leroy.
Georges Séguy.
Le communisme peut-il être démocratique ?
Karl Marx.
Claude Cabanes.
Michel Naudy.
Paul Vaillant-Couturier.
La Révolution russe de 1917.
Jacques Duclos.
Staline.
Front populaire.
Jean Jaurès.
Léon Blum.
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