Pourquoi l’effet Bradley ne jouera pas contre Obama
Pour les partisans de John McCain, l’effet raciste Bradley est une source d’espoir. Pour les démocrates de Barack Obama, ce sera surtout un moyen de mobiliser les troupes jusqu’au jour de l’élection. Et de gagner largement.
Alors que Barack Obama caracole en tête des sondages et que la campagne présidentielle du ticket McCain-Palin sombre dans le ridicule et la calomnie, un dernier élément - d’ordre psychologique - est régulièrement évoqué comme étant susceptible de stopper la marche triomphale du candidat noir vers la Maison-Blanche : le maintenant célèbre "effet Bradley".
UN EFFET "RACISTE"
Machines à voter truquées comme en l’an 2000 ? Electeurs décédés, mais revenants d’entre les morts pour soutenir un Jean Tibéry local ? Non, le Bradley effect, qui fait suer sondeurs et analystes politiques, a pour origine l’élection de 1982 au poste de gouverneur de Californie. A l’époque, un certain Tom Bradley, maire noir de Los Angeles et candidat du Parti démocrate, affrontait le républicain blanc George Deukmejian. Comme pour Obama, aujourd’hui les derniers sondages effectués avant l’élection plaçaient systématiquement Bradley en tête avec une avance confortable. Mais la pioche fut mauvaise puisqu’à la surprise générale c’est le candidat blanc qui l’emporta sur le fil.
En effet, au dernier moment, et dans le secret de l’isoloir, une partie des électeurs californiens rechigna à voter pour un homme noir et opta contre toute attente en faveur du candidat blanc. Pour le Boston Globe, l’effet Bradley "c’est avant tout un vieux réflexe raciste, une peur irraisonnée face à la perspective d’un homme noir au pouvoir". Triste présage s’il en est.
UN EFFET QUI FERAIT Pschittt ?
Alors quid de l’élection présidentielle de 2008 et du cas Obama ? Une des théories pour expliquer l’effet Bradley est que "certains électeurs donnent une réponse fausse lors des sondages, de peur qu’en déclarant leur réelle préférence, ils ne prêtent le flanc à la critique d’une motivation raciale de leur vote". Admettons car, si on ne peut nier l’importance du facteur racial dans la campagne en cours, force est de constater que l’Amérique de 1982, celle de Ronald Reagan, n’est plus celle 2008. Ni même celle de papa Bush qui officiait lors du médiatique matraquage de Rodney King en 1991. Entre-temps Colin Powell et Condoleezza Rice ont ouvert la voie de la Maison-Blanche... avec le président Palmer de la série 24 heures chrono qui a tant marqué l’inconscient collectif américain. Aujourd’hui les rassemblements immenses autour de Barack Obama dans des États aussi conservateurs que la Virginie et la Pennsylvanie laissent penser que les Etats-Unis ont réellement changé. Ou du moins qu’ils sont devenus aptes au changement. Change.
Pour les républicains et les partisans de John McCain, l’effet Bradley ressemble surtout à une bouée de sauvetage avant la raclée, une dernière lueur d’espoir néoconservatrice avant le grand tournant Obama. A contrario, du côté des stratèges démocrates, qui ne sont pas nés de la dernière pluie, le Bradley effect pourrait même être un moyen de tenir en haleine - et de mobiliser - les troupes jusqu’au jour de l’élection. Question d’enfoncer le clou. Allez, yes they can !
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