Pourquoi les primaires pourraient être fatales au PS
Les primaires, futures armes de destruction massive du PS ?
Barack Obama, inconnu quelques mois avant le lancement de la campagne présidentielle américaine de 2008, s'est fait élire Président des Etats-Unis. On serait dès lors en droit de se demander si, dans le cadre des primaires socialistes, une nouvelle génération va prendre les rênes d'un parti qui en a bien besoin.
Las ! On retrouve toujours les mêmes têtes d'affiche : Martine Aubry, François Hollande ou encore Ségolène Royal. Quant à DSK, il était déjà ministre sous Jospin, il y a... 14 ans. Bref, une éternité.
Commencons par Ségolène Royal, présidente du Poitou Charentes. On se souvient tous de sa campagne présidentielle, lorsqu'elle félicitait la rapidité de la justice chinoise ou évoquait la bravitude, ce qui a sans doute beaucoup contribué à sa défaite face à Nicolas Sarkozy, qui apparaissait plus professionnel à l'époque aux yeux de l'opinion. Après son échec au Congrès de Reims, d'une courte tête et qui fit beaucoup jaser, elle a décidé de revenir dans le centre du jeu, dans le cadre de ces primaires. Nul doute qu'elle risque de vouloir se venger de la fausse victoire de la première secrétaire actuelle, Martine Aubry. On imagine sans peine la lutte fracticide qui va l'opposer à l'actuelle maire de Lille. Par ailleurs, quelles idées souhaite porter Ségolène Royal dans le cadre de la présidentielle ? Si celle-ci s'agite actuellement, on ne la voit malheureusement pas proposer un réel projet d'envergure, qui pourrait rassembler les français, en dehors de la récupération du drapeau et de la nation, en vue de réduire l'affluence du FN.
François Hollande est lui aussi candidat dans le cadre de ces primaires. L'ancien compagnon de Ségolène Royal, qui fut maire de Tulle, est devenu Président du Conseil Général de la Corrèze, l'ancienne terre d'élection de Jacques Chirac. Il sera d'ailleurs intéressant de voir qui les chiraquiens vont-ils adouber dans le cadre de la présidentielle si cela se termine en un duel François Hollande, qui plaît aux Chirac, et Nicolas Sarkozy. Reste que François Hollande a avant tout été Premier secrétaire du PS durant 11 ans. Si son parti a remporté des élections intermédiaires comme les régionales, il a échoué dans le cadre de l'élection majeure par deux fois ( en 2002 et en 2007 ) sans oublier le NON au traité constitutionnel européen, qui a profondément divisé la gauche. La question est de savoir si les socialistes désirent porter à la tête de leur parti un apparatchik qui leur a fait perdre la présidentielle. D'autant que François Hollande, malgré lui, n'a pas d'expérience ministérielle, ce qui peut le pénaliser aux yeux de nombreux français, notamment diplômés et âgés. Enfin, s'il a des convictions, et s'il se refuse à faire de l'antisarkozysme primaire ( ce qui le sert ) il risque de se piéger lui-même en souhaitant apparaître aux yeux des français comme un futur Président normal. Si à l'époque des Trentes Glorieuses, cela pouvait encore se concevoir, il semble que ce soit totalement inadapté aujourd'hui, avec les effets de la mondialisation, mais aussi et surtout une crise internationale qui est très loin d'être terminée. Elle recquiert sans doute une expertise, des décisions à prendre dans le domaine international, à l'occasion du G8, du G20. François Hollande serait-il l'homme de la situation ?
Martine Aubry, actuellement maire de Lille, liée au Pacte de Marrakech et actuellement première secrétaire du PS ne manifeste pas franchement l'envie farouche d'aller concourir dans le cadre des primaires et d'incarner son parti à l'occasion de la prochaine présidentielle. Elle semble plus occupée à la rénovation de son parti et aussi au consensus, en vue d'assurer le rassemblement de son camp. Or une présidentielle nécessite une envie de chaque instant, car la France ne se donne, au fond, qu'à celui ou celle qui le veut vraiment, capable de se battre pour obtenir la Présidence. Par ailleurs, elle risque d'être pénalisée par une image sectaire mais aussi un déficit d'image, n'apparaissant pas come sympathique aux yeux des français, sans même parler des 35 heures, plus particulièrement à l'hôpital, qui entraînèrent de graves défaillances même si certains évoquent un bilan contrasté.
Et les quadras, les quinquas ? Où sont-ils donc ? On pourrait penser qu'ils se regrouperaient tous derrière la candidature unique d'un des leurs, en vue de peser dans le cadre des primaires et pourquoi pas, de la présidentielle. On pense à Manuel Valls, Arnaud Montebourg entre autres. Malheureusement, ceux-ci paraissant marginalisés, et ne semblent pas pouvoir s'imposer réellement. Le risque est pourtant grand que cela se joue entre trois candidatures et que cela entraîne un sentiment de lassitude profond des français, qui sont nombreux à ne plus croire en leur classe politique.
Bref, alors que ces primaires devraient avoir pour objet de mettre en avant des idées neuves, des candidats neufs, elles risquent de déboucher sur des candidatures de confirmation, avec des idées recyclées pour l'occasion et qui n'auraient pas bougé depuis le gouvernement Jospin de 1997. C'est dire à quel point elles risquent aussi de renforcer les affrontements entre Royal, Aubry et Hollande et risquent de finir en un véritable jeu de massacre qui pourrait être fatal au PS, dans le cadre de la présidentielle, et du même coup assurer la réélection par défaut de notre actuel Président.
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